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Actualités - CHRONOLOGIE

législatives - Zapatero va devoir nouer des alliances pour gouverner, mais conserve une ample marge de manœuvre Les socialistes espagnols au pouvoir pour quatre nouvelles années Barcelone, de notre correspondante Carine Mansour

Lendemain de fête chez les socialistes d’Espagne, qui ont remporté haut la main les législatives de dimanche. Jusque tard hier soir, la rue Ferraz de Madrid, où se trouve le siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), était baignée d’une marée rouge et blanc. « Président, président ! » et « Zapatero, tu n’es pas seul ! » scandaient, en liesse, les sympathisants du chef du gouvernement José Luís Rodriguez Zapatero. Les premiers décomptes réalisés durant la journée de dimanche octroyaient une victoire nette, à la majorité absolue, du PSOE sur le PP (Parti populaire, droite), de Mariano Rajoy. Mais au fur et à mesure que le temps s’écoulait, l’écart se rétrécissait entre socialistes et conservateurs. En début de soirée, hier, les socialistes se sont rendu compte qu’ils n’atteindraient pas la majorité absolue (50+1), majorité qui leur aurait permis de gouverner seuls. Le parti de Zapatero a en effet gagné 169 sièges sur 350 (cinq de plus qu’en 2004), sept de moins que ce qu’il lui fallait (176). Le PSOE n’est pas parvenu à creuser l’écart avec son principal adversaire, le Parti populaire, dont le groupe parlementaire s’accroît également de cinq députés pour atteindre 153 au total. Parmi les anecdotes véhiculées hier matin, celle des habitudes de l’électorat espagnol : les socialistes, matinaux, ont afflué tôt aux urnes ; les conservateurs, eux, s’y sont rendus après la messe, à midi, et les alternatifs, pour leur part, y sont allés à toute vitesse, à la dernière minute, demandant presque aux bureaux de les attendre… N’empêche, les Espagnols étaient au rendez-vous de ces élections qui se sont distinguées par un fort taux de participation (75,35 %), quasi équivalent à celui de 2004 (75,66 %). D’autre part, le scrutin de dimanche a consacré le bipartisme. En effet, les deux partis majoritaires, PSOE et PP, font office de bulldozer : ensemble, ils ont récolté 322 sièges sur 350. C’est la première fois dans l’histoire de l’Espagne démocratique qu’une telle configuration se dessine de manière aussi tranchée. Ils sont suivis loin après par Convergence et union, parti nationaliste catalan (centre-droite), qui remporte 11 sièges. Les alliés les plus stables des socialistes pendant la dernière législature, les écolo-communistes d’Izquierda Unida et les nationalistes catalans de gauche d’ERC ont été laminés, passant pour les premiers de cinq à deux sièges et pour les seconds de huit à trois députés. Plusieurs médias estiment que ce recul ne devrait pas être interprété comme une perte de popularité, mais signifie que l’électorat a choisi de voter utile pour contrer l’avancée du Parti populaire, dont le chef, Mariano Rajoy, s’était distingué par un discours xénophobe et catastrophiste. Ainsi, les socialistes ne l’auraient pas remporté grâce à leur propre mérite, un peu comme lors de la victoire de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle française de 2002. Quoi qu’il en soit, José Luís Rodriguez Zapatero est sorti grand vainqueur de ces élections. Même si son parti n’a pas remporté 176 sièges, une multitude de configurations se dessinant devant lui pour combler les sept voix manquantes lui donnent une entière liberté de mouvement. Une première hypothèse est Convergence et union, dont le résultat lui permet de devenir une « force politique centrale » en Espagne, selon son leader Josep Antoni Duran i Lleida. Peu avant le scrutin, la coalition s’était déclarée disposée à une alliance avec le vainqueur du 9 mars. Mais son chef de file avait posé comme condition « l’application intégrale du statut catalan », adopté en 2006, mais dont la mise en œuvre est source de tensions avec le pouvoir central. Or, outre le prix élevé pour Zapatero d’une telle collaboration, le chef du gouvernement mettrait en péril son partenariat avec le Parti socialiste Catalan (PSC), principal adversaire de CiU. Par ailleurs, le chef du gouvernement sait à quel point le soutien de la Catalogne et du Pays basque a été décisif dans la victoire socialiste. Seconde hypothèse, Zapatero pourrait courtiser tel ou tel parti, dans la perspective de passer des accords ponctuels avec eux selon les projets soumis au vote. Ce qui ne devrait pas poser problème vu l’« habileté » du leader socialiste.
Lendemain de fête chez les socialistes d’Espagne, qui ont remporté haut la main les législatives de dimanche. Jusque tard hier soir, la rue Ferraz de Madrid, où se trouve le siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), était baignée d’une marée rouge et blanc. « Président, président ! » et « Zapatero, tu n’es pas seul ! » scandaient, en liesse, les sympathisants du...