Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN L’Amar Quartette, ou l’harmonie entre mélancolie et joie de vivre…

Sur une scène nue, quatre musiciens vêtus de noir. Ces hommes en noir, pour reprendre le titre du film de Barry Sonnenfeld (Men in Black), sont Igor Keller et Igor Karsko, aux commandes de l’archet des violons, Hannes Bartschi à la viole et Peter Somodari au violoncelle. Ils forment le Quartette Amar arrivé en droite ligne de Zurich pour une musique libre où les quatuors, pour tous les mordus des cordes pincées, ont le vent en poupe… Pour les festivaliers du Bustan, pour tous ceux qui en pincent pour les cordes à archet, l’ensemble a concocté un programme quelque peu concis mais original, avec la belle révélation d’un compositeur suisse. Au menu donc, des pages du divin Mozart, une virée du côté de Daniel Schnyder pour une écriture vive et moderne tout en empruntant une bonne part aux prosodies classiques et les élans passionnels romantiques de la musique de chambre de Robert Schumann. Ouverture avec le Quartette pour cordes K 157 aux trois mouvements, dans le style de l’inspiration italienne de l’époque, faisant alterner en toute subtilité un brin de tristesse (avec un andante très expressif aux confins du dramatique) et l’exubérance et la spontanéité du compositeur de La flûte enchantée avec un presto d’une charmante volubilité où les cordes des violons ont de délicieux et d’espiègles débordements… Suit le vibrant opus Les grandes places de Daniel Schnyder (éminent trompettiste qui a remporté en 1999 le prix de l’International Trompet Guild’s Composition) où les barrières des frontières sont habilement démantelées par (et pour) une musique habitée de magnifiques images diversement colorées et lumineuse. Avec de splendides variations de mélodies, de rythmes et de timbre jouant en toute dextérité, presque virtuosité sans en approcher le fond démonstratif, d’une foisonnante richesse sonore qui s’arrête aux portes de plus d’un folklore slave ou parfois même tzigane… Après l’entracte, avec le Quatuor pour cordes op 41 n°3, longue et grave narration tout en tonalités romantiques, place aux trémolos du cœur pour un Robert Schumann dédiant son inspiration à sa muse de femme, Clara… Quatre mouvements aux facettes changeantes mais habilement imbriquées, faisant miroiter tous les troubles et les délices d’un bonheur toujours fragile et fuyant comme le mercure… D’un andante au souffle calme et paisible au final tout en émotions et panache avec rythmes alertes et vifs, en passant par l’agitation fébrile et enfiévrée d’un (justement) Assai agitato aux dernières mesures assénées en couplets fermement déterminées, les cordes avaient, même dans leur retenue, de fougueux et brillants déchaînements passionnels… Pour conclure, après le tonnerre d’applaudissements d’un public relativement peu nombreux mais absolument charmé et conquis par une prestation sans faille, les artistes offrent un « encore » aux sonorités joyeusement métissées… Clin d’œil à la Renaissance du cantor avec une Petite fugue revisitée par Holm Binkholts (encore un compositeur suisse qui jongle avec l’esprit des partitions) où les rythmes jazzy et modernes pétillent comme du champagne sur une mélodie tout en tendres contrepoints… Sur cette musique vitaminée, euphorisante et tout en teintes fabuleusement claires et vives, les cordes pincées se sont tues avec la révérence et le sourire de quatre musiciens, au faîte de leur art et très inspirés ce soir-là… Edgar DAVIDIAN
Sur une scène nue, quatre musiciens vêtus de noir. Ces hommes en noir, pour reprendre le titre du film de Barry Sonnenfeld (Men in Black), sont Igor Keller et Igor Karsko, aux commandes de l’archet des violons, Hannes Bartschi à la viole et Peter Somodari au violoncelle. Ils forment le Quartette Amar arrivé en droite ligne de Zurich pour une musique libre où les quatuors, pour...