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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL AL-BUSTAN - Conférence de Iégor Reznikoff à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) « Le pouvoir du son » de l’Antiquité à nos jours...

Au lendemain de sa performance de soliste en l’église Saint-Jean-Marc de Byblos et toujours dans le cadre du Festival al-Bustan, Iégor Reznikoff, grand spécialiste de l’art et de la musique antiques (matières qu’il enseigne à l’Université Paris X-Nanterre), a donné à l’amphithéâtre Aboukhater de la faculté des sciences humaines de l’USJ une conférence sur le thème de la puissance du son. «Musicien et musicologue, docteur ès sciences mathématiques, philosophe, titulaire de spécialisations diverses dans plus d’un domaine, il a donné ses premiers concerts dans le domaine du chant chrétien antique en 1975. Il est également l’auteur de travaux théoriques et historiques qui ont influencé l’évolution de la compréhension de l’interprétation du chant ancien. C’est à ce grand spécialiste de la résonance antique et médiévale ainsi que de la résonance dans les grottes ornées du paléolithique qu’on doit la notion de patrimoine architectural sonore », ainsi que l’a présenté, son hôte, le doyen Jarjoura Hardane, Iégor Reznikoff a démontré, s’il en faut, devant un public... tout ouie, ses talents d’orateur. C’est en effet avec une grande clarté qu’il a exposé les croyances anciennes sur le pouvoir surnaturel du son avant d’aborder la question de savoir si ces croyances peuvent êtres fondées aujourd’hui. L’âme est musicale « L’âme est musicale. C’est là une affirmation constante de l’école de l’Antiquité, a commencé par énoncer le conférencier. Les dernières paroles de Socrate concernent le rapport entre musique et philosophie. Et pour Platon, l’univers est fondé sur le son. L’âme (la conscience) est essentiellement structurée par le son. » Rappelant que « le son est considéré comme créateur dans beaucoup de traditions : de la genèse, fondée sur l’idée de la parole créatrice à l’Inde, où l’on retrouve cette même idée de la syllabe créatrice, le Om (Aoum) », Iégor Reznikoff a démontré, exemples à l’appui, l’universalité de la croyance ancienne dans la puissance du son. « Dans la tradition juive, comme dans beaucoup d’autres, on ne pouvait pas prononcer le nom – donc le son – de Dieu. Car si on le prononçait mal, on commettait un blasphème. Et, dans le cas contraire, Dieu pouvait répondre et apparaître dans toute sa puissance. Dans la tradition chamanique également, la puissance du son permettait d’atteindre l’âme des êtres et le chant apaisait et reharmonisait les âmes défuntes. Plus près de nous, poursuit le conférencier, l’aikidi (une forme d’art martial japonais) se base sur l’idée que chaque chose a sa propre vibration, son “vrai nom” ou encore son nom d’initiation, et qu’en arrivant à connaître le vrai nom des choses et des êtres, on peut les maîtriser. L’idée que tout est vibration, donc tout est son, rejoint ici l’affirmation pythagoricienne », soutient le conférencier, avant d’aborder le rapport du son au corps et celui du son à la conscience. L’affirmation antique selon laquelle la conscience profonde, c’est-à-dire l’âme, est surtout structurée par le son s’accorde avec ce que l’on sait aujourd’hui de la perception prénatale du fœtus, a indiqué Reznikoff. Des études ont démontré que le sens le plus riche et le plus développé aux premiers niveaux de conscience dans les premiers mois de l’existence (à l’intérieur du ventre de la mère) est celui de la perception du son. L’enfant perçoit les bruits de son propre corps (les battements de son cœur), ceux de sa mère (battements du cœur, gargouillis de la digestion, etc.) et surtout la voix de sa mère, dont il arrive même à ressentir les intonations de tristesse ou de joie. « La première sémantique est sonore », avance le conférencier, qui signale également que « pour l’enfant (pas encore né), il s’agit d’un rapport avec le monde invisible par le son ». La thérapie par le son C’est sur cette base de « la conscience sonore approfondie » que Iégor Reznikoff a abordé les fondements de la thérapie par le son, en particulier « le son de la voix ». Convaincu de la supériorité de la voix humaine sur la musicothérapie, le musicien-musicologue a donné des exemples de la « puissance du son, qui agit chaque fois que les niveaux de conscience sont altérés à la suite d’une maladie, d’un choc, d’un coma, de l’âge, ou même d’un handicap mental ». Par la puissance du son – « qui doit toutefois rester dans les harmonies douces pour toucher l’âme » –, on agit sur l’énergie intérieure à la manière d’une batterie que l’on rechargerait. Car si la perception du son est la première à se développer dans les premiers mois de l’existence, la conscience sonore est celle qui reste jusqu’à la fin. « Platon avait raison : l’âme est essentiellement sonore », a conclu le conférencier avant d’offrir – preuve à l’appui – à son auditoire une antienne (petit chant) tirée du Cantique des cantiques. Z. Z.
Au lendemain de sa performance de soliste en l’église Saint-Jean-Marc de Byblos et toujours dans le cadre du Festival al-Bustan, Iégor Reznikoff, grand spécialiste de l’art et de la musique antiques (matières qu’il enseigne à l’Université Paris X-Nanterre), a donné à l’amphithéâtre Aboukhater de la faculté des sciences humaines de l’USJ une conférence sur le...