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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement L’antique Sidon polluée par une montagne de déchets

On l’appelle « la montagne de Saïda », mais elle n’a rien de champêtre, au contraire. Il s’agit d’un vaste dépotoir à ciel ouvert qui se jette dans la Méditerranée et pollue cette ville historique du sud du Liban, sans solution en vue dans un pays en crise, lit-on dans un reportage de Rana Moussaoui pour l’AFP. Cette décharge se trouve seulement à quelques mètres des sites touristiques de l’antique Sidon, tels que le château de la Mer, vestige des croisades, le vieux souk ou le temple phénicien d’Echmoun. La « montagne d’immondices », vieille d’une trentaine d’années, a grossi à vue d’œil au fil des ans et atteint aujourd’hui la hauteur d’un immeuble de quatre étages et un volume d’environ 600 000 mètres cubes. « C’est révoltant. Comment peut-on enlaidir son propre pays ainsi ? » s’insurge Mahmoud, un restaurateur. Il y a quelques jours, à la suite des vents violents qui ont balayé le Liban et d’un séisme de 5 degrés sur l’échelle de Richter, environ 150 tonnes de déchets se sont déversées dans la mer. « Des tonnes de détritus jonchent les récifs coralliens, faisant fuir les poissons et les tortues de mer que l’on retrouve parfois mortes asphyxiées par des sacs en plastique », déplore Mohammad Sariji, écologiste et président du syndicat des plongeurs professionnels au Liban. « Dans un rayon de 500 mètres, toute la faune maritime a péri en raison des substances toxiques qui se dégagent des ordures », assure pour sa part le président de la municipalité de Saïda, Abdel Rahmane el-Bizri. Pour cette ville de 250 000 habitants, dont le nom provient du mot « pêche » et qui fait vivre 400 familles de pêcheurs, c’est une catastrophe. « On ne pêche plus que des sacs d’ordure », se lamente Dib Kaïn, président du syndicat des pêcheurs de Saïda. « Lorsqu’un sac coince l’hélice d’une barque ou se prend dans un filet, c’est pour nous une catastrophe qui s’ajoute à celle du prix du mazout », déplore-t-il. De plus, la décharge ne contient pas que des déchets domestiques, mais aussi des produits chimiques et industriels, ainsi que des cadavres d’animaux qui dégagent du gaz méthane – un des principaux gaz à effet de serre – à l’origine d’odeurs nauséabondes. « Des maladies comme l’asthme, les inflammations pulmonaires et les troubles nerveux sont parmi les conséquences des relents de la décharge », relève Wehbé Choueib, directeur de l’Hôpital du Sud. À qui la faute ? M. Bizri, qui se réclame de l’opposition, affirme avoir proposé plusieurs solutions « toutes refusées par le gouvernement ». « Nous comptions transporter les déchets de la “montagne” dans une carrière désaffectée située dans un village tout proche, où nous aurions pu procéder à un tri pour éliminer les déchets toxiques et recycler ce qui peut être recyclé », explique M. Bizri. Le prince al-Walid ben Talal, à travers sa fondation, avait fait don de cinq millions de dollars pour ce projet. Mais le village concerné (où se trouve la carrière) s’en est offusqué. « Le ministère de l’Environnement n’a pas donné son accord, car le pouvoir ne veut pas que nous apportions la solution, cela ne l’arrange pas », affirme M. Bizri. Le ministère a déclaré à l’AFP « ne pas être concerné » par cette affaire qui relève, selon lui, de la municipalité. Selon M. Sariji, « aucun village n’acceptera d’accueillir ces déchets qui restent toxiques ». Cet écologiste propose de transformer le dépotoir en jardin public, après que les déchets traités eurent été enfouis. Mais ce projet, admet-il, a peu de chances de voir le jour dans un pays déchiré par une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile. Erratum Une coquille s’est glissée dans notre article intitulé « Arcenciel traite dorénavant les déchets dangereux de 40 % des hôpitaux du Liban », paru dans l’édition du mardi 26 février. Le prix du traitement des déchets hospitaliers infectieux est en effet de 0,55 dollar le kilo, et non pas la tonne, comme indiqué par erreur.= À Saïda, formation de volontaires pour l’intervention en cas de catastrophes naturelles La municipalité de Saïda organise une série de sessions de formation, théoriques et pratiques, sur l’intervention en cas d’urgence, notamment en cas de tremblements de terre ou de sévères tempêtes, comme ceux que le Liban a connus cette année. Ces sessions de formation ciblent des volontaires de différentes associations civiles, institutions pédagogiques, clubs sociaux ou sportifs, scouts… Les volontaires qui ont répondu présents étaient nombreux. Les sessions de formation ont porté sur un nombre de sujets relatifs à la prévention des dangers des séismes et autres catastrophes naturelles. Une série de formations sur le terrain seront organisées bientôt, à l’instar de simulations d’évacuations d’habitants, et de l’exercice au repérage et à la préparation de grands espaces où la population pourrait se réfugier en cas de violentes secousses telluriques.
On l’appelle « la montagne de Saïda », mais elle n’a rien de champêtre, au contraire. Il s’agit d’un vaste dépotoir à ciel ouvert qui se jette dans la Méditerranée et pollue cette ville historique du sud du Liban, sans solution en vue dans un pays en crise, lit-on dans un reportage de Rana Moussaoui pour l’AFP.
Cette décharge se trouve seulement à quelques mètres...