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Actualités - OPINION

Nous avons besoin de grands hommes Serge ZARKA

Aux général, cheikh, docteur, sayyed, bey et autres dirigeants… Il est clair maintenant que vous n’arrivez plus à vous entendre. Vous ne vous écoutez même plus, vous n’entendez que les insultes du camp adverse et vous ne manquez pas d’y répondre. Des invectives à longueur de journée, du Liban ou de l’étranger, et sur toutes les ondes audiovisuelles. Vous vous en remettez aux émissaires français, arabes ou autres, pour communiquer. Essayez donc les émissaires « made in Lebanon », il y en a tellement, qui sont à égale partie des deux camps. Ils sont sûrement plus disponibles et beaucoup plus patients. Ils ont à cœur, plus que n’importe quel étranger, le souci de parvenir à une entente pour préserver leur propre pays et résoudre cette crise. Cela aura aussi pour effet bénéfique de raccourcir les délais entre les rounds de négociations. M. Moussa, M. Kouchner et autres seront ravis de pouvoir passer un peu plus de temps avec leurs familles. Il existe une grande majorité de Libanais du « centre » qui ne comprennent pas pourquoi nous allons inexorablement vers une guerre civile que tout un peuple refuse, et qui aimeraient vous rappeler les points communs de vos discours respectifs : Vous prônez tous un Liban libre, souverain et unifié. Vous refusez tous les ingérences étrangères. Vous soutenez un Liban multiculturel. Vous aspirez à un Liban qui prône la tolérance. Vous avez confiance en notre armée et en les FSI. Vous croyez en nos institutions étatiques. Vous appelez ensemble à des relations normales avec la Syrie. Vous excluez une implantation des Palestiniens. Vous exigez qu’Israël nous rende nos prisonniers et cesse de violer notre souveraineté. Vous approuvez le droit de résistance jusqu’à la libération du dernier mètre carré de notre pays. Vous condamnez tous les attentats. Vous réclamez une amélioration du niveau de vie des Libanais. Et il y en a encore bien une centaine ! Si vous avez autant de points en commun, pourquoi ne pas bâtir sur ces acquis ? Aucun Américain, Syrien, Français, Iranien, Saoudien, Égyptien ou autre n’aime le Liban plus que les Libanais ! Nous sommes les maîtres absolus du négoce et devons apprendre de nouveau à négocier, entre nous. Il est vrai qu’il faut s’attendre à d’âpres disputes, où il faudra de la patience, de la tolérance et une ouverture d’esprit. Mais il est tout simplement inconcevable d’envisager un échec des discussions, même si l’on doit débattre des mois durant. Bannissons des discussions la situation en Palestine, en Irak, en Syrie, en Afghanistan, en Iran ou partout ailleurs dans le monde, et concentrons-nous sur NOS problèmes. Nous n’avons pas le choix car nous sommes obligés de nous entendre. Il n’y a qu’un seul Liban et il nous appartient tous. Aucun Libanais ne veut revivre l’expérience de la guerre civile où, je vous rappelle, personne n’est sorti gagnant. Rappelez-vous du Liban d’avant 1975, puis pensez aux dizaines de milliers de morts, à l’exode de centaines de milliers de vos compatriotes, à la destruction de notre pays, aux années perdues. Pensez à vos enfants et petits-enfants qui ne doivent pas vivre ce que nous avons vécu. Pensez enfin aux victimes innocentes de ce dimanche 27 janvier. Les images des anciennes lignes de démarcation ont réveillé de vieux démons et de douloureux souvenirs. Personne ne conteste le droit de manifester, si c’est bien la raison des émeutes, mais ailleurs qu’à Chiyah, Galerie Semaan, Aïn el-Remmaneh, ou autres endroits tristement célèbres ! Il y a bien 10 452 kilomètres carrés pour exprimer sa colère puisqu’on a tous les mêmes problèmes… d’électricité. Fallait-il choisir l’église Mar Mikhaël pour brûler des pneus ? Est-ce un message ou un mauvais présage ? De grâce, éloignez-vous de cette ligne de la honte ! Certains n’attendent que l’occasion de rallumer une mèche le long de cette cicatrice qui coupait Beyrouth en deux. Dimanche, l’alarme finale a été sonnée et la catastrophe évitée de justesse, mais des braises couvent sous les cendres. Les pyromanes sont toujours à l’affût et à force de jouer avec le feu, ils finiront par brûler tout un pays. Il ne faut plus qu’un simple coup de vent pour rallumer l’incendie et il ne faudrait pas toujours compter sur la chance providentielle pour éviter le désastre. N’oublions surtout pas que personne ne sera épargné. Nous sommes à un croisement de l’histoire du Liban. En des moments pareils, nous avons besoin de grands hommes. En avons-nous ? Serge ZARKA Export Manager Article paru le vendredi 01 février 2008
Aux général, cheikh, docteur, sayyed, bey et autres dirigeants… Il est clair maintenant que vous n’arrivez plus à vous entendre. Vous ne vous écoutez même plus, vous n’entendez que les insultes du camp adverse et vous ne manquez pas d’y répondre. Des invectives à longueur de journée, du Liban ou de l’étranger, et sur toutes les ondes audiovisuelles. Vous vous en...