Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Bill, le retour Émilie SUEUR

Visiblement, Bill Clinton a une faiblesse pour les campagnes présidentielles. Dès qu’une course à la Maison-Blanche s’engage, l’ancien président ne peut résister à l’envie de s’y mêler. En juin 2004, alors que le sénateur démocrate John Kerry tente d’acquérir une visibilité médiatique face à son concurrent républicain, George W. Bush, les journaux ne parlent que de Bill Clinton, président à la retraite depuis 2001. Motif : la publication de ses Mémoires, événement tant politique qu’éditorial, l’ouvrage étant le plus cher de l’histoire mondiale de l’édition. Pour coucher sa vie sur le papier, l’ancien président a en effet décroché une avance de 10 millions de dollars. Résultat, John Kerry doit attendre que la « bulle Clinton » se dégonfle pour revenir sur le devant de la scène. Cette année, c’est aux côtés de son épouse, Hillary, que Bill participe à la campagne. Participation d’une telle intensité que le principal concurrent de Hillary à l’investiture démocrate, Barack Obama, s’est exclamé lors d’un âpre débat en Caroline du Sud : « Je ne saurais dire parfois contre qui je me présente. » De fait, Barack Obama est confronté à une concurrente bicéphale. Avec Bill dans le rôle du « méchant ». Dans le désordre, l’ancien président a attaqué Obama sur sa position par rapport à la guerre en Irak – à laquelle le sénateur de l’Illinois s’était opposé tout en soutenant son financement –, l’a accusé de fraude électorale ou encore d’être un admirateur de Ronald Reagan. Par ailleurs, quand Hillary prépare le terrain en Californie, dans le New Jersey ou encore à New York pour le Super Tuesday du 5 février (date à laquelle une vingtaine de primaires auront lieu), monsieur occupe le terrain en Caroline du Sud où se déroulent des primaires. Les Cinton sont partout. En face, Barack Obama, seul, s’essouffle. Enfin, Hillary, qui attaque régulièrement Obama sur son manque d’expérience, assure afficher, pour sa part, 35 années d’expérience au compteur. Ce qui signifie qu’elle inclut dans son CV ses années en tant que « femme du » gouverneur d’Arkansas (1979-1981;1983-1992) et « First Lady » (1993-2001). À noter que même avec ces ajouts, il est difficile de comprendre comment la candidate démocrate, sénatrice de New York depuis 2001, parvient à un total de 35 années. En 1992, en campagne présidentielle, Bill Clinton avait déclaré qu’avec lui, c’est « deux pour le prix d’un », en référence à sa femme. Seize ans plus tard, la promesse tient toujours. Cette stratégie portera-t-elle ses fruits ? Si Barack Obama tente de prendre le couple à son propre jeu en demandant aux électeurs s’ils veulent « vraiment un retour de la présidence Clinton », le fait est que dans les États-clés du Super Tuesday, Hillary est en tête des sondages. Toutefois, au sein même du Parti démocrate, des voix s’élèvent qui mettent en garde contre les répercussions à plus long terme, notamment après l’investiture démocrate, de la stratégie agressive de Bill Clinton. La semaine dernière, l’ancien chef de la majorité démocrate au Sénat, Tom Daschle, dénonçait publiquement une tactique qui risque de « détruire le parti ». « Au bout du compte, ça nous divise », déclarait-il. En cas d’investiture d’Obama, les républicains ne manqueront en outre pas d’utiliser les accusations portées par Bill Clinton contre le sénateur d’Illinois, notamment sur le dossier-clé de la guerre en Irak. Cette stratégie risque également de jeter Hillary dans l’ombre de son mari. Un point relevé la semaine dernière dans Newsweek par Greg Craig, organisateur de la défense de Bill Clinton dans le cadre de l’affaire Lewinsky. « Si l’équipe de campagne de Hillary n’est pas capable de contrôler Bill, on peut douter que la Maison-Blanche de Hillary y parvienne », soulignait M. Craig qui, aujourd’hui, soutient Barack Obama.
Visiblement, Bill Clinton a une faiblesse pour les campagnes présidentielles. Dès qu’une course à la Maison-Blanche s’engage, l’ancien président ne peut résister à l’envie de s’y mêler. En juin 2004, alors que le sénateur démocrate John Kerry tente d’acquérir une visibilité médiatique face à son concurrent républicain, George W. Bush, les journaux ne parlent que de Bill...