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Actualités

La revue illustrée « Réalités », succès oublié de l’après-guerre

La vie ingrate d’un médecin de campagne, la Chine de Mao, le Salon de l’automobile, etc., illustrés par les plus grands noms de la photographie, ont été parmi les centaines de sujets abordés pendant 30 ans dans la revue Réalités, succès oublié de l’après-guerre que rappelle une exposition. « Réalités, un mensuel illustré des Trente Glorieuses », présentée à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 30 mars, évoque l’histoire d’une revue novatrice qui a raconté, de 1946 à 1978, l’actualité à un rythme mensuel, en l’illustrant abondamment de photographies signées Boubat, Klein, Alvarez Bravo, Cartier-Bresson ou Doisneau. C’est une « revue qui n’a pas d’équivalent », indique à l’AFP la commissaire de l’exposition, Anne de Mondenard, historienne de la photographie. Ses dirigeants, inspirés par la revue américaine Fortune, « ont fait le pari d’être généraliste et de raconter le monde et la naissance de la société de consommation en envoyant partout des photographes, à un moment où personne ne voyageait », dit-elle. L’idée « était d’aller à la rencontre des gens », dit-elle, qu’ils soient mayas, vietnamiens pendant la guerre, touaregs, jeune fille de 16 ans, malade de l’alcool, paysan espagnol sous Franco ou poète comme Philippe Soupault en voyage. Considérée comme de droite, anticommuniste, la revue est luxueuse et achetée par la bourgeoisie cultivée. Elle se vendra à 160 000 exemplaires par mois pendant ses années fastes, les années 1950 et 1960, auxquelles se consacre l’exposition. Dès 1950, Réalités engage les photographes Jean-Philippe Charbonnier et Édouard Boubat qui signent pendant une vingtaine d’années des dizaines de reportages. En même temps, elle publie les grands noms, Léonard Freed pour les Noirs de New York, Erwin Blumenfeld ou Cecil Beaton pour leurs photos de mode, Robert Capa « en Russie soviétique ». C’est une revue « qui a choisi d’accorder une place importante à la photographie », dit la commissaire. Les photographies, en noir et blanc au début, uniquement en couleurs à la fin, sont publiées en pleine page, sur deux pages et, quasiment dès les premiers numéros, font toutes les couvertures. Les plumes qui accompagnent les photographies peuvent être tenues par Jean Malaurie ou Claude Levi-Strauss, des journalistes du Monde ou une équipe de journalistes maison qui peuvent décrire ce qu’ils voient à la première personne. Pour la plus connue d’entre elles, Danielle Hunebelle, « Réalités est passé à la trappe et a pourtant été unique en son genre, un des grands phénomènes de presse de l’après-guerre ». La revue, dirigée par Didier Rémon et Humbert Frèrejean, a eu pour rédacteur en chef Alfred Max, ancien de Havas et conseillé par Pierre Lazareff. Elle périclite dans les années 70, tuée par la télévision, avant de s’éteindre en 1978. Le fonds photographique de Top-Réalités, son agence photo, a été racheté par Rapho. (www.mep-fr.org. Catalogue, 160 pages, Actes Sud, 29 euros). Fabienne FAUR (AFP)
La vie ingrate d’un médecin de campagne, la Chine de Mao, le Salon de l’automobile, etc., illustrés par les plus grands noms de la photographie, ont été parmi les centaines de sujets abordés pendant 30 ans dans la revue Réalités, succès oublié de l’après-guerre que rappelle une exposition.
« Réalités, un mensuel illustré des Trente Glorieuses », présentée à la...