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Retour en force des lampes à pétrole, réchauds à gaz et autres thermos Pénurie d’électricité : les Tadjiks apprennent à survivre dans les ténèbres

Lampes à pétrole, réchauds à gaz et thermos retrouvent leur popularité au Tadjikistan, pays pauvre d’Asie centrale frappé par une pénurie d’électricité. Suite au manque d’eau en 2007, les centrales hydroélectriques de cette ex-République soviétique, très montagneuse, ne peuvent tourner à plein régime, ce qui a conduit à des restrictions dans l’approvisionnement en énergie. Dans les villages, où vivent les deux tiers de la population du pays qui compte sept millions d’habitants, il n’y a de l’électricité que quatre heures par jour – deux heures le matin et deux heures le soir. Certains quartiers des environs de la capitale, Douchanbe, restent privés d’électricité durant la nuit. « Je n’ai que quelques heures pour préparer le repas pour une grande famille, repasser le pantalon pour mon mari et veiller à ce que mes enfants réussissent à faire leurs devoirs. C’est insupportable », dit Khokima Amirova, 43 ans, qui habite dans la région reculée de Racht, dans l’est du Tadjikistan. « Parfois, on n’a pas d’électricité pendant des jours entiers... On utilise des poêles pour se chauffer et on fait provision de bougies et d’allumettes », raconte Nazar Radjabov, de la région de Roudaki, dans les environs de Douchanbe. Face aux capacités limitées des centrales hydroélectriques, le président tadjik Emomali Rakhmon a tiré la sonnette d’alarme dès le début de l’automne et ordonné que des points de vente de bois et de charbon soient ouverts dans plusieurs marchés à travers le pays. Les restrictions d’électricité seront en vigueur jusqu’en avril 2008, quand le réservoir de la plus grande centrale hydroélectrique tadjike Nourek sera de nouveau rempli d’eau. En attendant ce moment béni, les habitants de Douchanbe préparent le repas ensemble, dans une grande casserole, sur des feux de bois dressés dans la cour de leurs immeubles, et les journaux publient des articles sur l’art de survivre dans les « ténèbres ». « Les lampes de poche et les bougies vous aideront la nuit, les thermos conserveront votre thé chaud, les minigénérateurs vous ravitailleront en électricité », peut-on lire dans un journal de la capitale. Le Tadjikistan souffre de facto chaque année d’une pénurie d’électricité en période automnale et hivernale. Selon l’économiste tadjik Firouz Saïdov, l’achèvement de la construction d’une centrale hydroélectrique plus puissante, Rogoun, commencée avant la chute de l’URSS, « permettrait non seulement de résoudre ce problème, mais aussi de vendre de l’énergie électrique à l’Afghanistan et au Pakistan ». « Le gouvernement du pays est actuellement à la recherche d’investisseurs », dit-il. Le géant russe de l’aluminium Rusal devait investir près d’un milliard de dollars dans la construction de la centrale. Mais le Tadjikistan a annulé l’accord avec cette compagnie en juin 2007, l’accusant de ne pas tenir ses promesses d’investissements. Selon le Comité de la statistique tadjik, le taux de natalité dans le pays (près de 200 000 bébés) augmente chaque année. Certains Tadjiks y voient un rapport avec la pénurie chronique d’électricité. « Nous plaisantons aussi en disant que l’hiver, c’est le temps pour augmenter la reproduction », dit un responsable haut placé du ministère tadjik de la Santé, Chamssiddine Kourbanov. « Mais ces deux phénomènes ne sont pas liés », assure-t-il.
Lampes à pétrole, réchauds à gaz et thermos retrouvent leur popularité au Tadjikistan, pays pauvre d’Asie centrale frappé par une pénurie d’électricité.
Suite au manque d’eau en 2007, les centrales hydroélectriques de cette ex-République soviétique, très montagneuse, ne peuvent tourner à plein régime, ce qui a conduit à des restrictions dans l’approvisionnement...