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Au Nigeria, un trésor archéologique menacé Les monolithes d’Ikom, un « stonehenge africain »

À quelques heures de route au nord de Calabar (Sud), le Nigeria recèle un trésor archéologique avec les cercles de monolithes d’Ikom, peut-être vieux de 2 000 ans et que certains qualifient de « stonehenge africain ». Depuis quelques années seulement, en l’absence d’études scientifiques probantes, journaux et bloggeurs nigérians se passionnent pour ces monolithes en forme de phallus hauts de 1 à 1,80 m. Disposés en une trentaine de cercles dans et autour du village d’Alok, dans l’État de Cross River, au sud du Nigeria, ces monolithes ont été récemment ajoutés à la liste des sites jugés en danger par le Fonds mondial des monuments (WMF), et l’Uunesco étudie leur inscription au patrimoine mondial de l’humanité. Selon le WMF, ces monolithes en pierre volcanique gravée sont gravement menacés par l’érosion, l’humidité, les pluies tropicales, les fortes chaleurs, mais aussi les voleurs et les actes de vandalisme. Calabar a beau avoir érigé en 2006 des répliques géantes des monolithes pour décorer un rond-point, ces pierres mystérieuses ornées d’inscriptions non encore déchiffrées sont peu connues des habitants de la région. Aucun panneau ne les indique. « Demandez le chemin pour aller voir les grandes pierres grises, et tout ce que vous obtiendrez, c’est un regard hébété », témoigne un journaliste. Il faut tomber par hasard sur un cousin de Chief Sylvanus Ekoh Akong, le chef du village d’Alok, pour être guidé jusqu’aux monolithes. Bien en chair, Chief Sylvanus trottine de pierre en pierre et explique doctement la symbolique, selon lui, des formes géométriques : il mêle pouvoir, fertilité, féminité, guerre et paix. En revanche, le chef du village n’est pas fort sur la datation. Selon lui, des spécialistes ont estimé au carbone 14 l’âge des monolithes d’un village des alentours à environ 2 000 ans. Quelques instants plus tard, il cite une autre expertise similaire qui, cette fois, donne aux pierres, qui se trouvent à Alok même, l’âge respectable de 4 500 ans, ce qui en ferait des contemporaines des grandes pyramides égyptiennes. « Chief » finira par avancer dix minutes plus tard le chiffre de 450 000 ans ! Le WMF fait quant à lui remonter ces monolithes à 2 000 ans, mais là encore, le doute subsiste car le Fonds a peut-être repris un chiffre communiqué par les autorités nigérianes. Les sacrifices d’animaux y sont interdits, mais tous les 14 septembre, pour la fête des moissons, les pierres sont décorées et recouvertes de poudres en couleurs : blanc pour la paix, bleu pour la fertilité et rouge pour la bravoure. Curieusement, seuls les enfants prépubères et les femmes ménopausées sont autorisés à décorer les monolithes. « Les impurs n’oseraient pas s’en approcher. Si des voleurs en touchaient un, la pierre se fissurerait et ce serait un mauvais présage. Quant aux voleurs, soit ils deviennent aveugles, soit on les retrouve sans jambes », affirme mystérieusement Chief Sylvanus. Les monolithes ont bien suscité une certaine curiosité de chercheurs étrangers dans la seconde moitié du XXe siècle, mais ce n’est que récemment que les Nigérians eux-mêmes s’intéressent sérieusement à « leurs » monolithes. Dans un ouvrage à paraître prochainement, une conseillère culturelle de l’ex-président Olusegun Obasanjo, Catherine Acholonu-Olumba, avance la théorie que ces monolithes seraient les vestiges du biblique jardin d’Éden, et que donc Adam et Ève seraient... nigérians. Les autorités sont plus prudentes, notamment dans leur dossier de classement au patrimoine mondial transmis à l’Unesco : ces monolithes ont une « exceptionnelle valeur universelle » et « présentent une forme d’écriture, ainsi qu’un complexe système d’informations et de symboles codifiés ».
À quelques heures de route au nord de Calabar (Sud), le Nigeria recèle un trésor archéologique avec les cercles de monolithes d’Ikom, peut-être vieux de 2 000 ans et que certains qualifient de « stonehenge africain ».
Depuis quelques années seulement, en l’absence d’études scientifiques probantes, journaux et bloggeurs nigérians se passionnent pour ces monolithes en...