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Actualités - CHRONOLOGIE

SPECTACLE - « Les cavaliers de la lune » de Caracalla au Casino du Liban Féerie de couleurs pour une fantaisie orientale…

Commandité par la Fondation du Qatar et donné en grande pompe en première mondiale à Doha en mars dernier pour l’inauguration d’une faculté de génie, le spectacle Les cavaliers de la lune de Caracalla reprend vie au théâtre du Casino du Liban à Maameltein. Première séance placée sous les auspices de la culture avec l’association Iqraa qui a applaudi à cette fantaisie orientale toute en couleurs et mouvements, rappelant vaguement un synopsis verdien remanié dont le « happy ending » en fait une « extravangaza » magnifiant la civilisation, les traditions et le patrimoine arabes. Sur une belle musique signée Mohammad Reza Aligholi, aux frémissements envoûtants et aux rythmes étourdissants, une trentaine de danseurs et de danseuses, revêtus de costumes échappés à un somptueux livre d’images, campent avec panache les deux clans de deux tribus bédouines ennemies que l’amour finit par réunir. Simple synopsis que le verbe plat et aux clichés nombreux de Talal Haïdar ne sauve guère d’une lamentable confusion où dialogues, psychologie et situations des personnages laissent à désirer… Mis à part ce « libretto tarabiscoté », demeure une brillante partition faisant évoluer les protagonistes au milieu de sonorités qui éveillent, en toute force et sensualité, toutes les ardeurs et l’énergie des sables du désert. Une partition qui dépasse souvent les danseurs tant leurs pirouettes restent souvent loin du rythme endiablé qui fend l’air… Du nouveau dans l’air Usant avec subtilité d’un écran géant tapissant le fond de la scène, les remuants « actants » de cette histoire déploient un bouquet de chansons invoquant les troubles de l’amour et la contemplation de la nature, ainsi que des tableaux dansants où pulsions guerrières et respect des traditions ancestrales composent un vibrant hymne à « la terre des palmiers »… Spectacle ondoyant mais à la gestuelle souvent répétitive, dominé par une débauche d’étoffes précieuses et d’ornementations vestimentaires. Un prestigieux dé d’or à accorder à Abdel-Halim Caracalla qui s’avère être un éminent « designer » pour ces fastueuses draperies adroitement agencées, jusqu’à l’absolu enchantement visuel. Dans un décor carton-pâte aux multiples changements, représentant châteaux à l’architecture arabe et dunes du désert sur fond de nuit étoilée projetés sur grand écran, la danse et la chanson ont bon vent entre villes blanches et voilier quittant le large… Pour donner chair et voix à cette histoire entre secrets de la nuit, trahison et fidélité, des acteurs connus du grand public, mais aux prestations aseptisées et distantes : Hoda Haddad, Élie Choueiri, Joseph Azar et Simon Obeid. À retenir toutefois certains tableaux (jamais de pas de deux) où le groupe des femmes avance en diagonale et en pas de cygne comme un banc de « pharaonnes » aimantées. Ou encore, toujours les femmes, emmitouflées de foulards noirs avec glands dorés, en chœur agile sous des voiles bleues scintillantes. Quant aux hommes, bondissants guerriers aux hanches « plus fines que des bagues » et aux épaules provocantes, entre lances acérées et sabres brillants, leur pavane masculine a quand même des limites bien étroites. Il est évident qu’on n’a pas lésiné sur les moyens de cette grandiose fresque sonore et dansante, cependant jamais effleurée par l’émotion. Les images, d’une grande richesse visuelle, se télescopent et se succèdent en toute opulence et célérité. Festif et chatoyant tableau final dans la pure tradition « caracallienne » avec Omar, éternel jeune homme dont la « dabké » et la « masbaha » rouge font toujours chavirer le public… Message d’espoir et corde patriotique au goût du jour avec ce drapeau libanais se mariant aux bigarrures des costumes bédouins… Il est certain que la vision du spectacle de Caracalla est en mutation, car il y a ici un ton, une couleur, une liberté, une combinaison, une atmosphère, certes pas encore clairement articulés mais inédits. Par-delà quête et expérimentation, pour le créateur des Tentes noires et du Songe d’une nuit d’été, avec la relève d’Yvan et d’Élissar Caracalla, il y a sans nul doute du nouveau dans l’air. C’est une gestation dont on attend la suite et le mûrissement. Avec Les cavaliers de la lune, la chrysalide s’apprête à prendre l’envol de son cocon… Edgar DAVIDIAN
Commandité par la Fondation du Qatar et donné en grande pompe en première mondiale à Doha en mars dernier pour l’inauguration d’une faculté de génie, le spectacle Les cavaliers de la lune de Caracalla reprend vie au théâtre du Casino du Liban à Maameltein. Première séance placée sous les auspices de la culture avec l’association Iqraa qui a applaudi à cette...