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Actualités - OPINION

Impression Privilèges

« Bonne année ! » Comme une maladie chronique, ce souhait désabusé nous prend à la gorge, à peine prononcé. Voilà des lunes qu’elle ne nous lâche pas, la désagréable impression d’échanger nos vœux pour rien. Les dernières années, sans compter les plus sombres, n’ont pas porté grand-chose de bon. Mais l’an neuf est notre anniversaire collectif. C’est la célébration universelle du sédiment de temps qui achève de nous recouvrir. Ce 31 janvier, une fois de plus, le même événement se répétera toutes les heures dans les divers fuseaux horaires du monde. Chez nous comme ailleurs, on s’embrassera pourtant à minuit. Minuit est relatif, comme les starters des épreuves de course. Il n’y a aucun privilège à prendre le départ au bloc le plus avancé. Le privilège est ailleurs. Riches ou pauvres, malades ou gaillards, jeunes ou vieux, seuls ou entourés, heureux, malheureux, la vie nous aura jugés bons pour le service. Avec le recul, quoi que l’on ait perdu, on a le sentiment d’avoir gagné quelque chose. Une prolongation de séjour sans raison apparente, un tour de manège supplémentaire, rien que pour les six milliards que nous sommes. Pourquoi nous ? La réponse est probablement dans la question. Parce que nous. Un jour de l’an dans l’intimité de cette vieille terre, en un moment précis du temps et de l’histoire, c’est l’humanité entière au garde à vous, prête à célébrer la vie telle qu’elle se présente, prête à donner le meilleur et le pire pour le temps qu’il lui est alloué. De réveillon en réveillon, notre espèce perdure. Les uns s’en vont, d’autres restent, d’autres encore prennent le relais. Nous aurons beau jeu d’interroger les chiffres et les astres. Que nous apportera 2008 ? « Nous pourrons toujours suggérer qu’en arabe, le 7 est un V en équilibre sur sa pointe, signe de précarité, qui s’inverse enfin pour tracer le 8 sous la forme d’un toit, d’une tente, d’un refuge bien campé sur ses deux pieds, ce qui présage d’une année rationnelle et sécurisante. Nous pourrons le lire, ce 8, dans l’écriture occidentale, comme une forme bouclée, sans issue, un peu entortillée mais calligraphiée d’un seul trait, parfaite à sa manière, de sorte que couchée, elle évoque l’infini. » Quel signe est-ce ? Mais tout simplement le signe de nos aspirations. La paix dont nous rêvons n’est que fille de l’équité dont nous possédons les instruments. Le bonheur auquel nous aspirons n’est que le résultat naturel de l’amour que nous pouvons donner. Il n’y a plus qu’à miser. Rien ne va plus. Bonne année ! Fifi ABOU DIB
« Bonne année ! » Comme une maladie chronique, ce souhait désabusé nous prend à la gorge, à peine prononcé. Voilà des lunes qu’elle ne nous lâche pas, la désagréable impression d’échanger nos vœux pour rien. Les dernières années, sans compter les plus sombres, n’ont pas porté grand-chose de bon. Mais l’an neuf est notre anniversaire collectif. C’est la...