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Environnement Le Niger, sanctuaire des dernières girafes d’Afrique de l’Ouest

Elles étirent leur long cou pour attraper du bout de leur épaisse langue de minuscules feuilles d’acacia aux épines redoutables, sous l’œil d’un girafon. Les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest ont trouvé un sanctuaire au Niger, à une heure de route de Niamey. Depuis l’interdiction de la chasse il y a une dizaine d’années, ces girafes ont trouvé un havre de paix dans cette brousse faite d’arbustes et de sols caillouteux. Elles y jouissent de l’indulgence des paysans... même lorsqu’elles améliorent leur ordinaire avec les récoltes de céréales. « Ce sont les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest qui se sont réfugiées ici après avoir fui les braconniers et les prédateurs », affirme à l’AFP Omar Issaka, de l’Association pour la sauvegarde des girafes au Niger (ASGN), basée à Niamey. En 1996, seulement cinquante girafes étaient dénombrées, contre environ 170 aujourd’hui, selon un récent recensement de l’ASGN financé par la Fondation Albert de Monaco. Cette renaissance redonne le sourire aux défenseurs de la faune qui croyaient l’espèce définitivement condamnée à terme. En 2006, une étude a prouvé que ces troupeaux sont également les derniers représentants vivants de l’espèce de la girafe peralta qui a disparu du reste de la planète. « Si nous perdons celles-là, cela signifie la disparition effective de l’espèce peralta », avertit Jean Patrick Suraud, le coordinateur scientifique de l’ASGN. « Nous ne tuons plus les girafes, nous veillons sur elles comme sur nos enfants », assure Amadou Yacouba, le chef du village de Kannaré, au cœur de la zone à girafes. Et comme elles n’ont plus peur de l’homme, les girafes s’aventurent très près des cases des paysans. « Elles passent sous nos yeux pour traverser la cour de l’école telles des top-models », s’amuse un enseignant. Ces « top-models » à la démarche lente et dégingandée sont devenues tellement importantes que depuis quelques années, guides et scientifiques baptisent les bébés girafes. Avec un peu de chance et de patience, les touristes qui sont de plus en plus nombreux peuvent ainsi faire la connaissance en pleine brousse de « Patricia » ou « Siddo ». En 2003, les paysans avaient été jusqu’à « porter le deuil » de deux girafons offerts par le président nigérien à un homologue africain et qui avaient péri au cours du voyage. Mais la cohabitation avec les girafes n’est pas toujours facile. « Des fois, les paysans se mettent en colère lorsque les girafes mangent les récoltes de haricots », raconte Kimba Idé, une guide touristique. « Pour calmer les esprits, on leur explique que les hippopotames sont protégés et pourtant ils sont plus dangereux et causent plus de dégâts », témoigne Ousmane Zodi, un autre agent de l’ASGN. Pour inciter les populations à protéger davantage ces girafes, l’ASGN, soutenu par des partenaires, dont le zoo de Doué-la-Fontaine (France), finance des projets communautaires. Plusieurs villages ont ainsi bénéficié de forages d’eau potable, de banques céréalières, de moulins à grains, de semences et d’engrais. Les femmes reçoivent, quant à elles, des prêts sans intérêt pour monter de petits commerces. Mais malgré cette résurrection des girafes de Kouré, d’autres dangers les guette : la déforestation qui détruit leur habitat et les accidents de la route qui ont déjà coûté la vie à quelques-unes.
Elles étirent leur long cou pour attraper du bout de leur épaisse langue de minuscules feuilles d’acacia aux épines redoutables, sous l’œil d’un girafon. Les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest ont trouvé un sanctuaire au Niger, à une heure de route de Niamey.
Depuis l’interdiction de la chasse il y a une dizaine d’années, ces girafes ont trouvé un havre de...