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Actualités - CHRONOLOGIE

Concert - Bel canto à l’Assembly Hall (AUB) Intermittences du cœur à l’italienne…

Les mélomanes libanais mordus de bel canto ont eu un moment de grâce en cette période de turbulences politiques. Vocalises, roucoulades, trilles, vibratos et voix envoûtantes pour oublier le chaos environnant… Nombreux sont ceux qui ont répondu présents à l’appel des duos d’amour, amples et chatoyants échos lyriques des sentiments éternels, proposés par l’ambassade d’Italie à l’Assembly Hall (AUB) qui affichait presque salle comble. Parlez-nous d’amour et pas de politique est bien la réponse claire du public en cette saison où la nouba, les embouteillages et la fièvre des fêtes battent leur plein… Un programme raffiné et éclectique, composé d’arias où les intermittences du cœur, sauf un extrait du Faust de Gounod, étaient parfaitement italiennes. Ravissante et suave langue de l’amour universellement perceptible et qu’on écoute ici par le truchement de l’art lyrique du pays de Dante avec des partitions de Verdi, Mascagni et Puccini. Enfer ou paradis, l’amour a de ces miroitements insaisissables. Les voix humaines lui prêtent ici des espaces encore plus magiques et plus insoupçonnables… Sous les feux de la rampe, pour ces vibrants et éloquents fragments du discours amoureux, la soprano Ombretta Macchi et le ténor Domenico Menini, tous les deux accompagnés au clavier par Eddi de Nadai. Ouverture avec la joyeuse mélodie Libiam ne lieti calici tirée de La Traviata de Guiseppe Verdi. Passion, trahison, souffrance, mort, romantisme et froufrous des robes satinées dans des salles lambrissées, c’est toute l’atmosphère vénéneuse de la vie d’une femme déchue qui s’envole en volutes sonores tendres, vives ou larmoyantes dans ces pages d’une indestructible jeunesse. Des airs d’une étonnante fluidité et d’une souveraine beauté, qui ramènent toujours l’auditeur, séduit et enchanté, au cœur des relations amoureuses… Imbroglio jamais résolu pour ces « sottises faites à deux », comme disait Bonaparte, grand stratège en la matière… Mystères et métamorphoses de l’amour que la musique de Verdi sublime admirablement et que deux interprètes inspirés ramènent avec talent en pleine lumière… Les adieux, sur le mode et le tempo romantiques, sont toujours déchirants. Le Faust de Gounod, tout en confirmant la règle de ces « mystères que nul n’élude », en est une illustration plus touchante que convaincante... Diction française impeccable et articulation claire pour les deux chanteurs qui font d’émouvants adieux. Des adieux sur fond de sombres idées noires et de ludiques effeuillages d’une marguerite pour percer le secret des sentiments. À la tombée de la nuit, se mêle la vie à la mort comme ces voix qui, pour mieux s’évanouir, s’unissent telle une flamme ardente. Plus sinueux et empreint d’une certaine piété doublée d’une certaine coquetterie féminine est ce passage, invoquant Mario, de La Tosca de Giacomo Puccini. À la fois grave et enjoué est ce duo, où le peintre et sa dulcinée font un délicieux marivaudage par le biais d’un duo à la virtuosité vocale tout en teintes feutrées, avec juste ce qu’il faut d’éclat pour retrouver le surprenant génie du maître de Turandot. Suit ce duo au goût de cerises de L’ami Fritz de Pietro Mascagni, tiré du roman d’Erckmann-Chatrian. Un des airs les plus connus de cet opéra aux paysages champêtres avec des personnages échappés au monde rural alsacien… Joli et charmant mélange, où le bucolique se love dans les interstices des tendresses d’un cœur brusquement en émoi… Pour conclure, encore un extrait de Puccini, mais cette fois tiré de La Bohème. Vie d’artistes pour cette divine mélodie qu’est cette frémissante déclaration d’amour intitulée « O suave fanciulla » et dont les dernières mesures meurent tendrement en coulisses… Applaudissements à tout rompre d’un public charmé, même si la prestation des chanteurs était inégale et a souffert de certains moments de fléchissement, notamment pour l’accompagnement au clavier chez Verdi. Gerbe de fleurs pour la cantatrice, révérence des interprètes, mais pas de bis. Malgré le brouhaha d’une salle qui se vide bruyamment, tous ces serments, ces murmures et ces cris d’amours, admirables chants d’une humanité toujours saisie par l’amour, résonnent encore sous le chapiteau boisé… Edgar DAVIDIAN
Les mélomanes libanais mordus de bel canto ont eu un moment de grâce en cette période de turbulences politiques. Vocalises, roucoulades, trilles, vibratos et voix envoûtantes pour oublier le chaos environnant… Nombreux sont ceux qui ont répondu présents à l’appel des duos d’amour, amples et chatoyants échos lyriques des sentiments éternels, proposés par l’ambassade...