Moscou met en garde contre « une crise incontrôlable » au Kosovo

Moscou a lancé hier un appel plus pressant que jamais à une poursuite des négociations sur le statut de la province du Kosovo, mettant en garde contre le risque d’une « crise incontrôlable ». Le règlement de la question de cette province du sud de la Serbie a atteint un « seuil critique », a déclaré hier le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. À deux jours d’une discussion prévue demain au Conseil de sécurité de l’ONU, Moscou, qui y dispose d’un droit de veto, a de nouveau appelé à une poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina. Les dirigeants européens ont décidé vendredi d’envoyer une mission de 1 800 policiers et juristes européens au Kosovo. Mais, divisés sur la question, ils se sont gardés de dire s’ils reconnaîtraient une déclaration unilatérale d’indépendance qu’ils jugent pourtant inéluctable début 2008. Moscou a jugé hier illégal ce projet en l’absence d’un accord du Conseil de sécurité se fondant sur la résolution 1244 du Conseil. Les Albanais du Kosovo, soutenus par de nombreux pays européens et par les États-Unis, ont annoncé leur intention de proclamer l’indépendance de la province. De son côté, la Serbie, soutenue par la Russie, juge inacceptable l’indépendance du Kosovo, placé sous administration de l’ONU depuis l’intervention militaire de l’OTAN en 1999 pour faire cesser la répression par les forces serbes du mouvement séparatiste de la majorité albanaise. Tout le monde s’attend à ce que Moscou bloque demain encore tout projet de résolution ouvrant la porte à l’indépendance. Les Européens espèrent néanmoins trouver un autre moyen de faire légitimer leur intervention par l’ONU, dans le cadre de la résolution 1244. C’est cette résolution qui a confié la gestion du Kosovo à l’ONU, retirant de facto à la Serbie sa tutelle après les exactions commises menées par les forces armées serbes contre la population majoritairement albanaise.