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Reportage Un révolutionnaire assagi qui a pris ses quartiers à Paris

En visite à Paris, le colonel Kadhafi reste fidèle à sa légende : sa tente bédouine a été plantée au cœur de la capitale et une poignée « d’amazones » en treillis escortent le révolutionnaire, assagi mais dont tout le monde guette néanmoins un coup d’éclat. Face au palais présidentiel de l’Élysée, un imposant drapeau vert de la Jamahiriya libyenne claque dans le vent froid au-dessus de l’entrée de l’Hôtel Marigny. C’est dans cette résidence officielle de la République que le « guide » a pris ses quartiers pour cinq jours d’une visite provoquant une tempête de protestations dont il n’a cure. La France a rendu, hier, au leader libyen les honneurs dus à tout chef d’État étranger à l’Assemblée nationale, pour un dirigeant longtemps placé au ban des nations en raison de son soutien au terrorisme et pour qui les élections ne sont qu’une « mascarade ». Même décorum, la veille, à l’Élysée où il était arrivé dans une longue limousine blanche. Peut-être a-t-il songé à ce mois de novembre 1973, quand il avait été reçu par le président Georges Pompidou. Le jeune révolutionnaire de 31 ans, fringant dans un simple pull roulé noir, avait alors fait sensation. Trente-quatre ans après, la silhouette s’est empâtée, les gestes sont plus lents, le visage impassible. Le rituel du poing levé pour saluer l’assistance demeure, mais il est un peu mécanique. Entre deux visites protocolaires, Mouammar Kadhafi, vêtu d’une « abaya » (toge) ocre et coiffé d’un « kebbous » (toque) noir ou d’un simple costume sombre, reçoit dans la tente plantée dans le jardin de l’Hôtel Marigny. « Il n’y dort pas, mais s’y entretient avec ses invités en signe de fidélité à ses origines bédouines », explique un membre de sa délégation. Il en a plusieurs, d’environ 200 m2 chacune, décorées de motifs libyens et de tapis, et transporte une d’elles à chacun de ses déplacements. Des danseuses bédouines ont été conviées lundi par celui qui a la réputation d’aimer la fête, écrit des nouvelles et compose des poèmes aux accents nationalistes ou d’amour. La légende veut qu’il se nourrisse frugalement : lait de chamelle et dattes. Lors du dîner officiel lundi à l’Élysée, ont été servis un couscous aux légumes, son plat préféré, avec de l’agneau, et un gâteau au chocolat. Rues bloquées, tireurs d’élite sur les toits, un exceptionnel dispositif de sécurité a été déployé pour accueillir son imposante délégation qui nécessite un cortège d’une centaine de voitures. Kadhafi ne fait confiance qu’à sa garde rapprochée pour veiller sur lui et à sa poignée « d’amazones », des étudiantes ou femmes officiers de l’Académie militaire de Tripoli qui le suivent partout. Les références à l’Afrique sont partout. Une carte du continent orne la veste du leader libyen à la hauteur du cœur. La délégation est arrivée à bord de trois avions de ligne de la compagnie Ifriqiyah (l’Africaine), à l’empennage frappé de trois chiffres : 9 9 99, date de la création de l’Union africaine (UA), à l’initiative du « guide ». Obsession de la sécurité, volonté de surprendre, le programme de Mouammar Kadhafi reste entouré de mystère. Ira-t-il visiter le château de Versailles? Participera-t-il à une partie de chasse, et si oui, où et quand? La rumeur circule aussi que Kadhafi voudrait se rendre au mémorial de Colombey-Les-Deux-Églises (est de la France) pour un hommage au Français qu’il dit le plus admirer : le général de Gaulle. Amer OUALI (AFP)
En visite à Paris, le colonel Kadhafi reste fidèle à sa légende : sa tente bédouine a été plantée au cœur de la capitale et une poignée « d’amazones » en treillis escortent le révolutionnaire, assagi mais dont tout le monde guette néanmoins un coup d’éclat.
Face au palais présidentiel de l’Élysée, un imposant drapeau vert de la Jamahiriya libyenne claque dans le vent...