MUSIQUE - Signature des albums de Munma et Joanna Andraos ce soir, de 18h00 à 20h00, à la CD-Thèque Dans l’impalpable du son

Après la double signature de leur récent album ce soir à 18h00 à la CD-Thèque d’Achrafieh, devenue le point de rencontre des jeunes de la scène musicale alternative, Jawad Nawfal et Joanna Andraos seront en concert le jeudi 13 décembre à 21h00 au Basement. « Black Tuesday » et « Khimaïra » sont la preuve de l’émergence d’une nouvelle plate-forme « electronicae », une recherche acoustique et une exploration de la genèse du son. Dans cette double approche de la musique, politisée et à intrusions orientales pour Jawad Nawfal et sous influence classique pour Andraos, l’univers électronique se libère, s’affranchit pour retrouver une identité propre. S’il s’agit du premier album pour Joanna Andraos, artiste pluridisciplinaire qui s’amuse à mélanger l’art de la photo à celui de la scène et de la musique, il en est autrement pour Jawad Nawfal qui, après des études de « music design », s’est lancé dans cette entreprise sonore en explorant en studio les horizons nouveaux de la musique. En effet, après son premier album, le jeune artiste, issu du monde du cinéma, présente le second volume d’une trilogie. « Faisant référence au mardi noir de la rixe des étudiants de l’Université arabe, cet album est dans la traînée du précédent, inspiré des trente-trois jours de la guerre ». Après avoir travaillé dans plusieurs formations et créé son propre laboratoire de mixage de sons et de « multimédia », Jawad Nawfal collabore avec Caroline Tabet et Joanna Andraos, les deux fondatrices d’Engram, sur des projets ponctuels. Une collaboration qui va se traduire par des arrangements qu’il introduit sur l’album d’Andraos et des photos prises par Tabet qu’il reprend sur la pochette de Munma. Des univers entremêlés Réalisée à la manière d’un documentaire, l’œuvre illustre en musique des images des événements, mais surtout les émotions de l’artiste. Captant des instants à la radio, des sons réels, des bruits quotidiens mêlés de chuintements, de grincements ou encore de répercussions alanguies, Nawfal reproduit des atmosphères. « En réaction à la musique dansable, notre travail, introspectif, n’a pas de formule à vendre ni des textes d’amour à proposer. Il part d’une approche émotive », dit-il. « Impalpable, comme l’effleurement des états d’âme », ajoute Andraos, qui avoue que son album retrace deux années de travail où son expérience classique s’est nourrie, avec l’aide de Nawfal, de cette influence électronique. « L’initiation au logiciel a contribué à l’évasion de ma musique de son cadre classique. » Ces compositions aux teintes sombres ou lumineuses, qui ont au préalable fait l’objet de présélections de la part de Ziad Nawfal, frère de l’artiste et producteur, explosent comme les émotions contenues des artistes illustrant l’intrusion de mondes différents. Black Tuesday et Khimaïra reproduisent un univers d’images et de sons, imbriqués l’un dans l’autre, puisant ses racines dans le monde réel des sentiments pour les transcender dans celui, plus irréel, des ombres et de la transparence. Colette KHALAF