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Actualités - CHRONOLOGIE

« Là où il y a des épis de blé et des fleurs, il y a des Libanais », déclare l’ambassadeur du Mexique au Liban  Cérémonies simultanées à Beyrouth et Veracruz en hommage aux émigrés

C’est une émouvante cérémonie qui s’est tenue samedi matin à 11 heures devant la statue de l’Émigré, avenue Charles Hélou, organisée à l’initiative de l’ambassadeur du Mexique au Liban, Jorge Alvarez Fuentes. La cérémonie, qui a rassemblé un nombre de Mexicains aux racines libanaises, avait pour but de rendre hommage à ces hommes et femmes qui avaient pris la mer pour se faire une vie sous d’autres cieux en Amérique latine, au Mexique exactement. Au même moment, sur un autre continent, dans la ville portuaire de Veracruz, où le premier émigré libanais était arrivé au XIXe siècle, la diaspora du pays du Cèdre organisait simultanément une même cérémonie ; elle inaugurait un monument dédié au premier émigré venu du Liban. Dans chaque ville mexicaine, il existe un monument dédié à l’émigré libanais, a indiqué à L’Orient-Le Jour M. Alvarez Fuentes, soulignant qu’à Veracruz, non seulement une statue allait être inaugurée, mais aussi un grand parc pour rendre hommage aux premiers Libanais arrivés dans ce port mexicain. Prenant la parole devant une petite foule aux origines libano-mexicaines, et venue notamment de Zahlé, de Jezzine, de Beit Mallat et de Beyrouth, l’ambassadeur du Mexique a indiqué que cette journée restera dans la mémoire de la communauté libanaise du Veracruz qui célèbre, par l’inauguration d’une statue, l’extraordinaire aventure des Libanais qui ont quitté, il y a longtemps, leur pays pour échapper à des conditions de vie difficiles. « Cette statue est une marque de la générosité libanaise. Le Mexique sait reconnaître ce que le Liban lui a donné. Là où il y a des épis de blé, des maisons, des fleurs, sous la pluie et sous le soleil, il y a des Libanais », a dit M. Alvarez Fuentes, qui a appelé au développement de la coopération entre le Liban et le Mexique. « Aujourd’hui, a-t-il conclu, c’est l’occasion pour se souvenir d’une histoire formidable. » Au cours de la cérémonie, les drapeaux libanais et mexicain ont été hissés devant la statue de l’Émigré, et les deux hymnes nationaux ont été entonnés, notamment par des Libanais nés au Mexique. Parmi eux, figure Sarah Hobeika Martinez de Boulos venue à la cérémonie avec sa fille, Rita. Sarah, qui fait partie des émigrés de la troisième génération, indique que son ancêtre, Emilio Chaya Hobeika, avait quitté le Liban à la fin du XIXe siècle. « La branche libanaise de ma famille compte actuellement plus de 400 personnes au Mexique», indique-t-elle. Elle regarde la statue et souligne : « Vous savez, si ce premier émigré n’était pas parti au Mexique, mes grands-parents ne se seraient jamais rencontrés. » Beyrouth-Cherbourg- Veracruz Sous le ciel triste et gris, les participants ont admiré cette statue de l’Émigré, don du club libanais de Mexico City à la municipalité de Beyrouth. Roger Abed est le consul du Mexique au Liban. Le fils de Pépé Abed parle de ses aïeux qui avaient quitté le Liban en 1890. « Ils prenaient le bateau de Beyrouth jusqu’à Cherbourg. Le voyage en mer de Cherbourg à Veracruz leur prenait un mois et demi. Ils arrivaient à destination et ne connaissaient pas la langue», souligne-t-il, notant que la famille Abed compte plus 200 personnes au Mexique. Notre confrère éditorialiste à L’Orient-Le Jour, Issa Goraieb, indique, pour sa part, que son père était adolescent quand il avait attendu le bateau qui devait l’amener du port de Beyrouth jusqu’au Mexique. D’ailleurs, c’est dans ce pays que lui-même est né de mère mexicaine. La famille est rentrée au Liban quand Issa Goraieb avait quatre ans. L’éditorialiste de L’Orient-Le Jour, qui parle espagnol et qui a également la citoyenneté mexicaine, s’est rendu à plusieurs reprises au Mexique, où il retrouve ses cousins germains et d’autres membres de la souche mexicaine de la famille. Ziad Hayeck, secrétaire général du Conseil de la privatisation, a habité durant quelques années le Mexique. Il indique : « C’est le seul pays qui a accueilli ma famille durant la guerre. » Actuellement, Hayeck œuvre pour le développement de la coopération entre le Liban et le Mexique. Monica Najem est blonde aux yeux verts. Elle parle difficilement l’arabe, s’exprime en anglais. Monica est née au Mexique d’une mère originaire de Beit Mallat et d’un père originaire de Kartaba. Le couple avait quitté le Liban durant les années soixante. « Je suis rentrée au Liban il y a presque quatre ans. Mon père venait de mourir et je devais m’occuper de certaines affaires concernant l’héritage. Je suis retournée plus tard au Mexique, mais je ne pouvais plus y vivre. Je suis donc revenue au Liban », raconte-t-elle. « Mon père, Farid Najem, s’occupait beaucoup des clubs libanais au Mexique. C’était un Libanais typique. Si je suis rentrée au pays, c’est à cause de lui… Il disait que la lune était plus grande au Liban. Qu’est-ce qu’il avait raison ! Ici, tout est plus grand : les fruits, la lune et les hommes », conclut-elle. Les émigrés de Beit Mallat À la fin de la cérémonie, les Libano-Mexicains se sont rassemblés autour de la statue pour une photo souvenir. Il y avait notamment parmi eux Nabil Harfleur, le président de l’Association d’amitié libano-mexicaine, George Hayeck, et le président du conseil municipal de Beit Mallat, Charles Chahine. Beit Mallat est situé dans le Akkar. Plus de 15 000 personnes originaires du village vivent au Mexique. D’ailleurs, une localité y a été baptisée Beit Mallat dans ce pays d’Amérique latine. Un certain nombre d’émigrés libanais de Beit Mallat rentrent au pays pour l’été. Ils restent au Liban jusqu’au début du mois de septembre afin de célébrer la fête de Mar Semaan, patron du village. D’ailleurs, dans le Beit Mallat mexicain, une église dédiée à Mar Semaan a été édifiée depuis longtemps. En 1850, Tanios Bechaalani avait attendu non loin de la statue de l’Émigré pour prendre un bateau du port de Beyrouth. Deux mois plus tard, il était le premier Libanais à arriver au Mexique. Comme des milliers d’émigrés, Tanios Bechaalani n’est probablement plus jamais revenu à son pays natal. Il ne connaissait pas l’espagnol, il s’était adapté à une nouvelle vie, sans jamais oublier celle qu’il avait vécue au Liban. Pour supporter son exil et se donner courage, il se disait probablement, comme d’autres émigrés, que dans son pays, la lune est plus grande, le ciel plus proche et les couleurs plus éclatantes, et qu’il finira par y retourner. Samedi à Beyrouth, ce sont un peu les descendants de Tanios Bechaalani qui ont chanté l’hymne national du Mexique, certes, et celui du Liban. Patricia KHODER
C’est une émouvante cérémonie qui s’est tenue samedi matin à 11 heures devant la statue de l’Émigré, avenue Charles Hélou, organisée à l’initiative de l’ambassadeur du Mexique au Liban, Jorge Alvarez Fuentes. La cérémonie, qui a rassemblé un nombre de Mexicains aux racines libanaises, avait pour but de rendre hommage à ces hommes et femmes qui avaient pris la mer pour se...