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Actualités - CHRONOLOGIE

MEETING POINTS 5 - Danse contemporaine au théâtre al-Madina Géométrie dans l’espace avec Anne Teresa de Keersmaeker

Contre toute attente, il y avait foule au Masrah al-Madina pour un spectacle de danse ! Danse contemporaine de surcroît. Triomphe de la culture sur la politique pour une jeunesse branchée, avant-gardiste, débordante de vie et qui tourne le dos au ballet inutile des politiciens…Lui préférant de toute évidence, dans une salle pleine à craquer et religieusement à l’écoute de la pulsation des corps, les pirouettes, les petits pas, les gestes brusques et les spirales d’Anne Teresa de Keersmaeker qui reprend Fase. Fase, un spectacle qui a de la poigne sans pour autant parler de sentiment, créé avec succès il y a déjà plus de vingt-cinq ans par la célèbre chorégraphe belge flamande. Spectacle certes tonique et plein d’énergie, mais accusant quand même quelques rides et absence de vie, car depuis, la danse moderne contemporaine a jeté plus d’un embranchement, secoué plus d’un corset académique, jouit d’un surcroît de liberté, tenté et réussi avec bonheur plus d’une explosion… Sur une scène nue, sculptant l’espace et les silhouettes, avec écran géant projetant les ombres, en duos et solo, Anne Teresa de Keersmaeker entreprend la narration de Fase, tout en angles et cercles mécanisés et réglés avec la précision d’un métronome, d’une horlogerie sans faille, en quatre séquences d’une rigueur implacable. Socquettes blanches, baskets, robes sages, cheveux tirés, les deux danseuses (De Keersmaeker et Tale Dolven), à l’allure de fillettes entre cerceaux et comptines, ont quelque chose d’un balancier immuablement réglé… C’est ainsi que s’ouvre la « phase piano ». Courbes, spirales, diagonales, figures géométriques, cycles répétitifs et minimalistes épousent une musique obsessionnelle sur une rythmique mélodique effrénée telle une fugue de Bach sans issue… Une musique signée Steve Reich, qui va d’une « phase piano » à celle d’« une phase violon », tout en changeant le répertoire de la danse qui devient mouvement giratoire non sans rappeler vaguement parfois l’extase des derviches tourneurs… Sur une phrase toute simple, « Come out to show them », scandée interminablement comme un chaotique leitmotiv, les deux danseuses restent assises sur deux tabourets sous deux lampes suspendues. Mouvements du buste et des bras pour cette « bravoure » gestuelle, faussement immobile, d’une hallucinante minutie… Pour terminer, un « clapping music » qui ponctue flexion des genoux, pointes sur les espadrilles-chaussons et déplacement, insensiblement, d’un bout à l’autre de la scène… Entre figures géométriques, exercices variés, énergie soutenue du corps, extrême précision et rigueur des mouvements, Anne Teresa de Keersmaeker, qui ne s’embarrasse pas des états d’âme du spectateur (ennui, lassitude ou agacement), offre le brio robotisé d’un monde plus proche d’une certaine mécanique bien rodée et huilée que de la grâce éthérée des adeptes des tutus et des chaussons. Un moment insolite et certainement inédit que donne à voir de Keersmaeker, ancienne élève de Mudra, l’école de Maurice Béjart à Bruxelles, sur une scène beyrouthine. La danse, impérieusement à l’écoute de la musique, se déploie ici en austères cycles répétitifs et minimalistes comme les impeccables et impassibles rouages d’une machine sans âme. Dans cette gestuelle maîtrisée, tout cela est certainement d’une précision insoutenable, mais aussi d’une insoutenable absence d’expression et de vie. Edgar DAVIDIAN
Contre toute attente, il y avait foule au Masrah al-Madina pour un spectacle de danse ! Danse contemporaine de surcroît. Triomphe de la culture sur la politique pour une jeunesse branchée, avant-gardiste, débordante de vie et qui tourne le dos au ballet inutile des politiciens…Lui préférant de toute évidence, dans une salle pleine à craquer et religieusement à l’écoute de...