Rencontres entre jeunes artistes libanais et experts étrangers à Beyrouth Start, un programme du British Council pour initier à l’art les enfants les moins nantis

Le British Council a organisé un séminaire destiné aux artistes afin de les encourager à aider, par l’art, les enfants les moins nantis. Le projet, intitulé Start, a pour but d’aider les jeunes victimes de la misère pour qu’ils s’épanouissent à travers l’art. La première étape du programme a eu lieu entre le Musée national et Zicco’s House. La deuxième étape est prévue pour le début du mois de décembre. Deux artistes étrangers sont venus spécialement à Beyrouth pour former, durant trois jours, ceux qui seront en contact durant les six ou douze mois à venir avec les enfants défavorisés. Le projet Start a été mis en place grâce au concours de la fondation al-Madad, la Foire artistique du Golfe et l’École de dessin du prince (mise en place par le prince de Galles) à Londres. Le programme met l’accent sur le fait que chaque enfant a le droit de s’exprimer et d’être écouté. La fondation al-Madad est une ONG qui existe dans tout le Moyen-Orient et qui s’occupe des enfants défavorisés. Grâce à la Foire artistique du Golfe, des fonds sont rassemblés à travers la vente aux enchères de diverses œuvres d’art. C’est ainsi que le programme Start est financé. Sonia Brewin, qui est peintre et qui est venue au Liban pour rencontrer les artistes, a indiqué à L’Orient-Le Jour que le projet Start a été mis en place en mars dernier. Il fallait donc venir en aide aux enfants dans divers pays du monde arabe, selon leurs besoins. Alors que Sonia était à Dubaï en mars, elle rencontre l’artiste libanais Nadim Karam, qui lui parle de la situation de l’art au Liban. Trois semaines plus tard, elle se rend à Beyrouth où elle rencontre des responsables du British Council et des artistes du pays. Concernant le séminaire de trois jours, elle indique qu’il permet aux artistes de se rencontrer et de partager leurs expériences et leur savoir-faire. Certains d’entre eux ont déjà travaillé avec des enfants. Oliver Sumner a travaillé durant quinze ans avec les enfants en Grande-Bretagne, notamment dans une galerie d’art. Il était responsable de l’accueil des enfants et des programmes qui leur sont destinés afin de les familiariser avec l’art. C’est Sumner qui a mis en place la méthodologie du programme Start. Son rôle est d’aider les jeunes artistes à travailler avec les enfants, de leur baliser le chemin. Oliver, qui a passé une semaine au Liban, s’est dit très enthousiaste au sujet de Start et a été agréablement surpris par les jeunes artistes dont certains travaillent déjà avec des enfants. Dans ce cadre, Oliver met l’accent sur la Charte des Nations unies et sur le droit des enfants à l’éducation, leur droit à s’exprimer, à être pris au sérieux. Concernant le projet Start, il indique que « la relation de l’enfant avec l’artiste est différente de celle qu’il entretient avec son professeur ou ses parents ». « C’est aussi très important pour un enfant de voir que son travail artistique est pris au sérieux et qu’il est valorisé. Cela lui permet d’avoir confiance en lui-même », indique Oliver. Faire la différence Pour sa part, Rana Moughabghab, responsable presse du British Council, met l’accent sur l’échange d’informations et du savoir-faire entre les jeunes artistes, les artistes libanais qui ont suivi le séminaire, notamment Nadim Karam, Mohammad Hafida et Nada Sehnaoui, et les experts anglais présents durant trois jours. Elle indique aussi que « certains jeunes artistes qui ont pris part au stage de formation ont déjà travaillé avec des enfants », notant que « le travail effectué est volontaire ». « Dans tous les projets que nous entreprenons, dit-elle, le British Council met l’accent sur les liens tissés entre personnes de divers bords, soulignant l’importance de la mise en place de réseaux entre des gens qui peuvent s’entraider. » Le groupe qui a effectué le stage du British Council était constitué d’une quinzaine d’artistes, de photographes, de réalisateurs, de graphic designers, d’auteurs de livres pour enfants ainsi que d’un marionnettiste. Dina Debbas est photographe. Elle a participé au stage de formation du British Council parce que « ce genre de stage est important, quand on est artiste, qu’on veut travailler avec les enfants et qu’on n’a pas une base d’éducateur. C’est toujours intéressant de rencontrer d’autres personnes dans le domaine », dit-elle. Rania Lteif Jalkh est cinéaste. Elle est impliquée dans la société civile à travers l’association Stop Child Soldiers. Elle indique qu’elle aimerait « travailler avec tous ceux dont les droits sont bafoués » soulignant que « la formation Start l’aide à s’orienter vers une chose qu’elle aime faire ». Elle rêve d’ouvrir une maison d’accueil pour les enfants de la rue. Dalia Khamissy est photographe. Elle raconte qu’à travers plusieurs reportages qu’elle a effectués, elle a été confrontée à des situations de postconflit. Elle croit dur comme fer que de petites actions accumulées peuvent changer la société et avoir des répercussions sur nombre de personnes dit-elle, expliquant ainsi la raison pour laquelle elle aimerait travailler avec les enfants les moins nantis. Dalia Mrad est graphic designer. Elle estime qu’en travaillant avec les enfants les moins nantis, en donnant véritablement de soi, elle peut faire la différence. La prochaine activité est prévue pour le 8 décembre prochain. Vingt enfants seront regroupés. Chaque samedi, durant une heure et demie, ils seront initiés à l’art. Ces enfants viendront des camps palestiniens, d’écoles gouvernementales et de centres relevant d’ONG. Le premier jour, les enfants découvriront le Musée national. En mars prochain, des activités seront prévues pour les enfants de Nahr el-Bared et de Tripoli. Patricia KHODER