Des techniques de plus en plus pointues et « esthétiques » L’orthodontie, pour retrouver son beau sourire Rubrique réalisée par Nada Merhi

Chevauchements de dents, malposition des mâchoires, protrusions dentaires (dents poussées vers l’avant)… Source de fierté et de séduction, nos dents peuvent également être une importante source d’embarras chez les adultes et les petits à la fois, qui ont honte de sourire. Sur le plan médical, elles peuvent, en plus du problème esthétique, être à l’origine d’une mauvaise mastication, d’une mauvaise hygiène buccale… De nos jours, l’orthodontie est en mesure de résoudre ces problèmes. Il s’agit d’une branche de la médecine dentaire qui vise à corriger et à prévenir les anomalies de la position des dents. En quoi consiste cette spécialisation ? Quelles sont les avancées notées dans ce domaine ? Le point avec le Dr Bernard Tyan, orthodontiste. L’orthodontie n’est pas une nouvelle spécialisation, « mais il est actuellement possible d’atteindre plus rapidement le but souhaité, grâce aux nouveaux matériaux et techniques mis à notre disposition ». Chez l’enfant, les techniques visant à corriger les dents n’ont pas beaucoup évolué, les grandes avancées sont principalement notées dans les méthodes utilisées chez l’adulte, puisqu’on est parvenu « à trouver des solutions plus esthétiques ». La technique conventionnelle consistait à poser sur les dents des brochettes métalliques reliées entre elles par un arc d’interconnexion. « Cette technique, qui n’est pas nouvelle, a connu une grande évolution, souligne Bernard Tyan. À l’époque, on mettait une bague entière autour de chaque dent, ce qui se traduisait par un sourire tout noir. La technique s’est développée au fil des ans et la bague a été remplacée par de petites baguettes qu’on pose sur les dents. L’avantage de cette méthode demeure dans la durée du traitement relativement inférieure à d’autres techniques, d’où son utilisation fréquente, notamment chez les enfants. » Chez l’adulte, cette technique conventionnelle, peu esthétique, a cédé la place à plusieurs alternatives, plus discrètes. « La technique la plus populaire et la plus efficace consiste à placer des brochettes en céramique dont la couleur est très proche de celle des dents, note Bernard Tyan. Les axes d’interconnexion sont en métal recouvert ou peint d’un produit qui le rend très clair et proche aussi de la couleur de la dent. » L’appareil devient ainsi presque invisible. L’orthodontie linguale, qui a fait son apparition il y a plus de deux décennies, est une technique aussi efficace qu’esthétique. Son seul inconvénient, c’est qu’elle est douloureuse et fastidieuse. Elle consiste en fait à placer les brochettes sur la face interne des dents, du côté de la langue et du palais, ce qui pose un problème de phonation, sans oublier que la langue se blesse rapidement au cours des mouvements. Par ailleurs, elle nécessite, dans certains cas, une plus longue durée de traitement pour aboutir au résultat souhaité. La technique des gouttières invisibles demeure la plus en vogue. Apparue au début du millénaire, « elle est parfaitement esthétique et peu encombrante ». Elle consiste à envoyer des empreintes du patient au laboratoire qui fournit une série de gouttières définissant la position finale des dents. « On change les gouttières toutes les deux semaines, remarque Bernard Tyan. Selon les cas, on aboutit, au bout de 6 à 24 mois de traitement, à la position idéale recherchée et qui est définie par la dernière gouttière. Le recours à cette technique demeure toutefois limité. Celle-ci n’est en fait efficace que pour les cas simples, les petits chevauchements à titre d’exemple. Pour des cas plus complexes, le résultat n’est pas toujours satisfaisant, d’où la nécessité de recourir à la méthode traditionnelle. » De 7 à 77 ans Selon le cas qui se présente, il faut compter en moyenne un à deux ans pour un traitement orthodontique. « Il est rare qu’un cas dure plus longtemps, observe Bernard Tyan, et cela est généralement dû à un manque de motivation de la part du patient. Certains cas simples peuvent être corrigés en quelques mois. Mais c’est une minorité. » Il n’y a pas d’âge pour se faire corriger les dents. « L’orthodontie peut être appliquée chez les 7 à 77 ans, à condition d’avoir un parodonte sain, insiste Bernard Tyan. Mais plus l’intervention se fait tôt, mieux c’est. Si, à titre d’exemple, l’orthodontiste se trouve devant une personne adulte face à un problème orthodontique d’origine squelettique, il doit souvent avoir recours à la chirurgie pour corriger cette malposition des dents. Chez l’enfant, par contre, on peut contrôler la croissance des dents soit en la stimulant, soit en la freinant, selon le cas. Ce qui permet d’éviter autant que possible la chirurgie pour corriger un problème squelettique. » Chez la majorité des patients, la malposition des dents résulte d’un facteur héréditaire et génétique. Dans ces cas, le seul moyen de prévention demeure le dépistage précoce. Les anomalies dentaires peuvent de même résulter d’un traumatisme : une dent qui se déplace suite à un choc, des mauvaises habitudes, comme la succion du pouce, ou encore des troubles fonctionnels, tels que la déglutition infantile. « Si on entraîne tôt l’enfant à ne plus sucer son pouce, le problème se corrige de lui-même sans aucun traitement orthodontique, remarque Bernard Tyan. Dans le cas de la déglutition infantile, l’enfant pousse la langue vers la dent alors que, normalement, il devrait la pousser vers le palais. Dans ces cas également, une intervention précoce est conseillée. » Le meilleur moyen pour prévenir les anomalies des dents demeure, selon Bernard Tyan, le fait « d’intégrer l’orthodontie dans les examens médicaux scolaires ». « La carie qui a été une maladie dévastatrice pendant de longues années a été contrôlée grâce aux campagnes de prévention et à l’éducation à l’hygiène, observe-t-il. La carie peut être contrôlée grâce aux habitudes acquises. Mais les problèmes orthodontiques nécessitent un dépistage pour que le spécialiste médical intervienne le plus tôt possible. »