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Actualités - REPORTAGE

Un colloque organisé par l’Institut européen en sciences des religions Quel avenir pour les chrétiens d’Orient ?

Paris, de Carole H. DAGHER « Les chrétiens d’Orient sont l’angle mort de notre vision du monde : ils sont trop chrétiens pour les altermondialistes et trop orientaux pour les occidentalistes. C’est cette gêne, ce silence que je voulais contribuer à briser. » C’est par ces mots que le philosophe et essayiste Régis Debray a expliqué l’organisation, par l’Institut européen en sciences des religions dont il est le président d’honneur, d’un colloque international ayant pour thème : « Quel avenir pour les chrétiens d’Orient ? » Les conférences, qui se sont tenues les 16 et 17 novembre au siège de l’Alliance française et de l’Institut du monde arabe, à Paris, sous le parrainage du ministère des Affaires étrangères et européennes, ont regroupé des chercheurs et des universitaires français (Régis Debray, Henri Laurens, Bernard Heyberger, Jean-François Colosimo, Géraldine Chatelard), deux ambassadeurs de France (Alain Dejammet et Pierre Morel) et des représentants des Églises orientales ainsi que des personnalités reconnues appartenant aux communautés chrétiennes du Proche-Orient, notamment le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, le père Émile Shufani, curé de Nazareth, Mgr Georges Khodr, métropolite grec-orthodoxe du Mont-Liban, Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque melkite d’Alep, Mgr Youhanna Golta, évêque et ancien professeur à l’Université du Caire, Mgr Jean Sleiman, archevêque de Bagdad pour les latins, le père Paolo dall’Oglio, restaurateur du monastère Mar Moussa en Syrie, le père Samir Khalil Samir, de l’Université Saint-Joseph, Beyrouth, et le professeur Joseph Maïla, ancien recteur de l’Institut catholique de Paris. Si les interventions des universitaires français et des présidents de séances étaient remarquables d’érudition (celles d’Henri Laurens et de Bernard Heyberger notamment, le premier développant un historique de la situation des chrétiens en Orient et le thème du pacte de protection des premiers temps de l’islam, le second relevant « le malheur arabe » tel que développé par l’écrivain assassiné Samir Kassir et « l’angoisse eschatologique » des chrétiens d’Orient), les interventions des représentants des Églises orientales ne l’étaient pas moins, renforcées par ce « plus » qui fait la différence : l’expérience de vie et la force du témoignage. Un témoignage d’autant plus capital que, malgré l’érosion alarmante de leur nombre et leur marginalisation accélérée dans leurs sociétés d’origine, les chrétiens d’Orient demeurent la conscience toujours vivante d’un monde arabe en proie à une véritable crise de civilisation. Chant du cygne ou engagement irréductible des chrétiens d’Orient pour un développement politique et économique de la région basé d’abord sur le respect de la personne humaine ? En faisant le (sombre) diagnostic de leur situation dans leurs pays respectifs, ils rendent, encore une fois, un singulier service de réflexion à cet Orient à la renaissance duquel ils ont contribué dès la fin du XIXe siècle et qui n’en finit pas de laisser se désagréger le tissu résiduel de sa diversité culturelle et religieuse, dans des bains de sang ou des étaux physiques et mentaux implacables. Et c’est à l’heure de son crépuscule que l’Europe s’intéresse soudain à cette « minorité porteuse de tolérance, de laïcité, de citoyenneté, à l’avant-garde de la question de la coexistence des minorités qui va devenir un enjeu civil capital du XXIe siècle », pour reprendre les termes de Régis Debray. « On ne peut donc laisser disparaître sans bruit les chrétiens d’Orient », décrète-t-il. Mais comment leur venir en aide ? Si l’intervention occidentale les compromet aux yeux de leur environnement, naturellement enclin à les considérer avec suspicion, l’indifférence équivaut à les abandonner à leur sort. Aussi, « pour aider les chrétiens d’Orient, il faut d’abord les entendre, et entendre ce qui fait qu’on ne les entend pas – à commencer par le soupçon d’antisémitisme pesant sur eux ». « Les chrétiens d’Orient peuvent être antisionistes, mais on ne peut en faire des antisémites », ajoute Debray, pour qui leur survie est un « enjeu de civilisation ». C’est d’ailleurs sous ce titre que le colloque devait s’ouvrir par une allocution tonique du ministre Bernard Kouchner, profondément marquée par sa médiation au Liban liée au dossier de la présidentielle. Relevant combien les minorités chrétiennes sont « victimes de l’ostracisme qui frappe les minorités en général » et subissent « une ségrégation de sélection », il devait souligner l’impact dévastateur de la guerre d’Irak sur les chrétiens de ce pays. Ainsi, les chaldéens sont-ils passés de 1,1 million à 400 000. « En France, on n’a accueilli que 7 000 réfugiés », précise-t-il. Dénonçant « le sort de citoyens de seconde zone qui leur est réservé dans des régions dont ils sont les premiers habitants », il estime qu’avec le départ des chrétiens, « c’est tout le Moyen-Orient qui perd sa substance », car « les chrétiens sont une composante intégrale de la culture arabo-musulmane ». « Le monde arabo-musulman renierait ses traditions les plus intimes, son histoire la plus glorieuse, en refusant la fréquentation familière avec la vie chrétienne, en reniant une coexistence qui lui a servi de témoignage prophétique, de miroir. On peut en dire autant des juifs », a-t-il souligné. Rappelant la responsabilité de l’Occident, Kouchner devait affirmer qu’après avoir compromis les chrétiens d’Orient, l’Europe ne s’est pas comportée comme elle le devait et s’en est désintéressée, les livrant à leur sort, comme les Assyriens en Irak par exemple. Ce thème de l’ambivalence de la situation des chrétiens d’Orient sera récurrent dans nombre d’interventions. Joseph Maïla parlera de la « familiarité étrange » du chrétien d’Orient par rapport à l’islam et à l’Occident. Arabes mais pas musulmans, chrétiens mais pas occidentaux, ils dérangent, bousculent les repères mentaux et culturels des uns et des autres. Leur présence est un déni au schéma simpliste de l’Orient musulman vs l’Occident chrétien. Instrumentalisés par l’Europe au XIXe s. et au début du XXe, puis délaissés après l’indépendance des États de la région, accusés de collusion avec les puissances européennes ou américaine dans leurs pays d’origine, persécutés ou marginalisés, ils sont aujourd’hui la mauvaise conscience de l’Occident et le baromètre révélateur de l’état de santé du monde arabe. L’islamisme, substitut à l’arabité La notion même d’arabité semble menacée, dans un contexte marqué par la poussée de l’islamisme. Cette arabité à laquelle les chrétiens d’Orient ont largement contribué dès la fin de l’Empire ottoman était un élément fédérateur. Maintenant que l’élément fédérateur n’est plus culturel mais religieux (l’islam), les chrétiens ne sont plus perçus comme étant de la famille, tandis que les Turcs et les Iraniens retrouvent une place. Ce basculement s’est fait au moment de l’arrivée de Khomeyni en Iran et de la défaite de l’arabisme politique. Comme l’a résumé Kouchner, « chaque fois que l’ethnie l’a emporté, les chrétiens d’Orient ont trouvé toute leur place. Dans l’empire arabe des Omeyyades comme au temps du nationalisme arabe contemporain, un pont transcommunautaire a uni les Arabes chrétiens à leurs frères musulmans. En revanche, chaque fois que la religion a prévalu sur l’ethnie, comme sous les Ottomans, les Arabes chrétiens ont vécu des temps difficiles. C’est le cas aujourd’hui avec la montée de l’islamisme. » Ce thème de l’islam, substitut à l’arabité, devait être longuement développé par Mgr Khodr. Les témoignages des intervenants, sous le thème suffisamment éloquent de « la condition minoritaire en terres d’islam » ainsi qu’en Israël et Palestine, devaient donner lieu à un constat terrible d’inexorable étiolement des chrétiens d’Orient, « trop faibles pour compter dans le jeu des nations » (i.e. Mgr Michel Sabbah). Un étiolement accéléré depuis le début du XXe siècle par les massacres des Arméniens et l’éradication du christianisme en Anatolie, précipité par l’échec du nationalisme arabe et la montée de l’islamisme depuis la révolution iranienne (1979) et intensifié par la deuxième guerre d’Irak et l’invasion du pays par les forces américaines au lendemain des attentats du 11-Septembre. La situation en Irak À cet égard, l’un des témoignages les plus poignants du colloque fut celui de Mgr Jean Sleiman. Devant un auditoire en haleine, il devait brosser l’historique agité des rapports islamo-chrétiens et kurdo-chrétiens en Irak, sous la monarchie puis sous les généraux qui ont institué la République en 1957, en montrant comment les glissements du pouvoir central, d’un panarabisme (davantage politique que culturel) vers un islamisme de plus en plus marqué, ont fait de la coexistence « une plaie béante », selon l’expression de Mgr Sleiman. Sans oublier l’importance du tribalisme dans la société irakienne, qui ne laisse pas de place à la personne. L’entrée des troupes américaines en Irak a précipité la situation dramatique des chrétiens. La charia a été votée dans un référendum et incorporée à la Constitution. « À Bassora, il n’y a plus d’évêque, et des 10 000 familles chrétiennes, il ne reste plus que 500 ». À Mossoul, « les chrétiens doivent choisir le retour au statut de dhimmi, le départ sans rien emporter ou la mort ». Au lendemain des propos du pape sur l’islam à Ratisbonne, « l’amitié entre chrétiens et musulmans est devenue soupçon, pour ne pas dire inimitié ». Le fondamentalisme gagne chaque jour du terrain, les femmes se voilent, les hommes laissent pousser leur barbe et cela devient une culture, une mentalité. Trouvant les mots justes pour dire que « le fondamentalisme abolit l’altérité, ne supporte pas la différence et rend le passage à l’acte plus facile, c’est-à-dire l’élimination des autres », Mgr Sleiman a estimé que « l’Irak a été injustement traité par l’histoire et n’a pas eu le temps de se regarder, de méditer. Depuis sa formation, ceux qui l’ont gouverné ont recouru à la violence pour établir l’ordre, et la modernité fut technologique, elle ne s’étendit pas à la personne et aux relations humaines. » Alors, quelles perspectives pour l’Irak ? « Sans coexistence, l’Irak n’existera pas, répond l’évêque de Bagdad. Or la proposition du Sénat américain, visant à diviser l’Irak en trois, est une catastrophe. » Et de conclure que « l’Europe est le continent le plus menacé par un Proche-Orient en feu. » Une théologie de l’engagement Une situation dramatique en Irak, délicate en Égypte et jalonnée de tensions entre les communautés copte et musulmane, où ne subsistent plus que trois représentants coptes au Parlement, une présence en Palestine qui se rétrécit comme peau de chagrin (50 000 chrétiens dans les territoires occupés, 120 000 en Israël et 200 000 en Jordanie, selon Mgr Sabbah), au risque de devenir « un Disneyland spirituel », pour reprendre l’expression terrible de Régis Debray, une situation de quasi-disparition en Turquie (plus que 2 000 Grecs à Istanbul où, souligne Jean-François Colosimo de l’Institut Saint-Serge à Paris, « le caractère œcuménique du patriarcat de Constantinople/Istanbul est nié par la loi turque »), une situation qui oscille entre stabilité et précarité en Syrie, une présence en Jordanie marquée par une volonté de dynamisme et de gestion du pluralisme, tel est le bilan du présent des Chrétiens d’Orient, tel qu’il ressort de ce colloque. Ce sont là les ingrédients d’un destin de déclin, émaillé cependant d’expériences lumineuses et de gestes prophétiques, comme ceux initiés par le prêtre et éducateur de Nazareth, Émile Shufani, prix Unesco 2003 pour l’éducation de la paix, visant à rassembler juifs et Arabes au sein de groupes de dialogue et de pèlerinages conjoints, ou des tentatives osées d’œcuménisme, comme celle du père Paolo dall’ Oglio, qui a fait du monastère Mar Moussa, en Syrie, un lieu de retraite spirituelle pour chrétiens et musulmans. Il reste que, pour Mgr Michel Sabbah, le véritable combat des chrétiens d’Orient est celui qu’ils doivent mener en commun avec leurs concitoyens dans leurs pays d’origine, pour la liberté, la justice sociale, les droits de l’homme. Le patriarche latin de Jérusalem insiste sur le fait que « la cause majeure de l’émigration n’est pas le musulman, mais l’instabilité politique découlant du conflit israélo-palestinien ». Quant au problème de l’extrémisme, « il est un danger pour les chrétiens et les musulmans à la fois, et tous les deux doivent y faire face ». Pour le désamorcer, il faut éradiquer les sources de pauvreté et d’exclusion dont il se nourrit, rendre leur liberté aux peuples qui se sentent brimés par une forme de colonisation mondiale, qui exploite leurs ressources naturelles. « Faire la guerre en Irak et en Afghanistan n’est pas le moyen le plus efficace de lutter contre l’extrémisme, souligne-t-il. Pas plus que de prétendre imposer la démocratie en Orient par la force. » Quant à ses ouailles tentées par l’émigration, il dit : « On n’est pas chrétiens pour soi, on l’est dans et pour sa société. Si vous voulez assurer votre avenir, vous chrétiens, il faut mourir avec ceux qui meurent et vivre avec ceux qui vivent. Cela peut entraîner un martyre au quotidien, à travers les difficultés de la vie de tous les jours qu’impose l’occupation israélienne, voire même un martyre de la vie ou de la liberté (prisons). » « Ceux qui partent affaiblissent ceux qui restent », ajoute-t-il. Mgr Sabbah prône, en somme, une véritable théologie de l’engagement. Ce qui ne l’empêche pas de rendre la communauté internationale responsable de la survie des chrétiens d’Orient et d’inviter le CEMO (Conseil des Églises du Moyen-Orient) à développer une vision chrétienne commune de l’avenir. Le cas du Liban Le Liban était d’emblée très présent dans cette réflexion sur le devenir des chrétiens d’Orient, la situation des chrétiens du Liban étant emblématique de la situation générale, comme devait le souligner le professeur Joseph Maïla. L’enjeu de l’élection présidentielle au Liban était placé d’entrée de jeu, par Bernard Kouchner, dans la perspective du rôle des chrétiens d’Orient. Tout en faisant un bref exposé de la Constitution de Taëf, il devait répéter combien « tout cela est compliqué ». « Les 21, 22 et 23 novembre, les groupes de la majorité et l’opposition devront élire un président maronite, a-t-il expliqué. Mais, curieusement, en même temps, on reproche aux sunnites et aux chiites de vouloir choisir d’avance le candidat des maronites. Tout cela est tellement compliqué. Certains républicains plus authentiques protestent, ils suivent la Constitution et reprochent aux communautés musulmanes d’avoir à se prononcer sur le candidat chrétien. Que devrait-on faire ? Ce n’est pas à moi de le dire, mais il faudrait dire que cela ne va pas. Il ne faut pas que la communautarisation ou l’excès de regroupements religieux guide les institutions. Un homme, une voix et un vote. On ne réserve plus les places de l’un ou de l’autre. Que se passerait-il dans cette hypothèse ? Je crains que ce ne soit, non pas la disparition mais un nouveau coup porté aux chrétiens, car ils n’auront pas confiance, hélas, et ils poursuivront leur exil. » Omettant à dessein la responsabilité de la Syrie dans l’équation présidentielle (« il y a encore une chance de solution, il ne s’agit pas de la torpiller », devait-il expliquer en privé), il a insisté sur le facteur de la confiance qui n’existe plus entre les différentes composantes et sur l’absence d’unité dans le camp chrétien. Dans l’optique d’un rôle significatif des chrétiens, l’enjeu libanais a été mis en exergue par Joseph Maïla. L’ancien recteur de l’Institut catholique a développé les deux faces d’ombre et de lumière qui sont celles du présent, plaçant la crise du christianisme oriental dans une perspective sociologique (émigration, situation culturelle dans certaines régions, situation économique, et ce qu’il a qualifié de « guerre des modernisations »). Les chrétiens du Liban présentent aujourd’hui trois caractéristiques : 1) ils ont perdu une spécificité qui les distinguait des autres, leur statut de majorité sur le plan démographique. Ceci devrait entraîner une refonte de stratégie en tant que minorité ; 2) ils gardent une spécificité qui est le communautarisme institutionnel, consistant à répartir le pouvoir au prorata du nombre des communautés ; 3) ils ont rejoint leurs coreligionnaires du monde arabe dans la peur de l’avenir, l’inquiétude quant à la perte de leur influence et de leur poids décisionnel. Et pourtant, face à la stratégie de l’effacement des coptes en Égypte, ou à celle du dépassement qui fut celle des chrétiens fondateurs du Baas, au profit de l’arabisme, les maronites ont choisi la stratégie de l’engagement, celle d’être des acteurs à part entière de la vie de l’État en Orient. Si donc, les chrétiens du Liban, maronites en tête, rejoignent leurs coreligionnaires dans l’incertitude quant à l’avenir, ils ont à leur actif pourtant l’invention d’une patrie pour les chrétiens, mais avec les musulmans. Donc, une patrie des communautés et non une patrie communautaire. Ils sont les seuls à avoir instauré une République avec une Constitution (1926). Cette patrie libanaise des chrétiens et des musulmans est donc une patrie avec des garanties constitutionnelles (président maronite, Premier ministre sunnite, président du Parlement chiite). Bref, un système « consociatif » où la démographie n’est pas le critère de base et où la règle « un homme, une voix ne joue pas, une règle qui, appliquée en Orient, fait qu’après avoir voté, on ne voit plus l’homme mais uniquement le nombre des voix qui ont voté. » « Cette idée inouïe que le Liban est d’Orient et d’Occident, que c’est une patrie culturelle, avec liberté de presse, ouverture sur le dialogue islamo-chrétien, autant de principes portés par la Nahda, ce pari-là est-il tenable », s’interroge Joseph Maïla ? La démographie a certes changé, mais « dans un système consociatif, on ne compte pas » ; l’environnement a changé, un environnement où l’Occident jouait un plus grand rôle, ce qui n’est plus le cas depuis les années 70 ; les passions identitaires se sont exacerbées et les chrétiens d’Orient souffrent d’une image occidentalisée aux yeux de leur environnement. Enfin et surtout, la guerre civile est toujours dans les têtes, constate Maïla, qui reprend le mot de Marx : « Le poids des morts pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. » Le bilan est donc lourd, et « les chrétiens du Liban ont échoué politiquement, mais ils ont réussi culturellement », ajoute Maïla, soucieux d’éclaircir le tableau final. « Ils ont fondé une démocratie. Une démocratie qui mériterait peut-être une politique européenne de protection des minorités ? Un peu comme le pacte de stabilité dans les Balkans, lance Maïla, comme on lance une bouteille à la mer. » Entre-temps, l’émigration est-elle le lot des chrétiens du Liban, à la suite de leurs coreligionnaires du monde arabe ? Si le Liban est un pays où les émigrés chrétiens sont plus nombreux que les résidents, l’échange qui en découle peut être bénéfique, car « ce pays plein de ressources ressemble au monde qui vient. »
Paris, de Carole H. DAGHER


« Les chrétiens d’Orient sont l’angle mort de notre vision du monde : ils sont trop chrétiens pour les altermondialistes et trop orientaux pour les occidentalistes. C’est cette gêne, ce silence que je voulais contribuer à briser. »
C’est par ces mots que le philosophe et essayiste Régis Debray a expliqué l’organisation, par l’Institut...