Le président palestinien refuse de se laisser entraîner dans un débat sur « le caractère juif » de l’État hébreu Abbas appelle à « faire chuter » le Hamas et à une « paix réelle » avec Israël

Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé hier son peuple à « faire chuter » le mouvement islamiste Hamas et à une « paix réelle » avec Israël, à l’approche de la réunion internationale sur le conflit prévue aux États-Unis. Par ailleurs, M. Abbas a refusé de se laisser entraîner dans un débat sur « le caractère juif » d’Israël. «Nous devons faire chuter cette clique qui a pris le contrôle de la bande de Gaza par la force des armes et qui exploite les souffrances et les tragédies de notre peuple », a déclaré Mahmoud Abbas en se référant à la prise du pouvoir du Hamas par la force en juin dans la bande de Gaza. S’exprimant à Ramallah en Cisjordanie dans un discours télévisé à l’occasion du 19e anniversaire de la proclamation symbolique de l’État palestinien, il a dénoncé la répression violente par le Hamas, qui a coûté la vie à huit Palestiniens, des manifestants ayant participé lundi dernier à Gaza à un rassemblement à la mémoire du défunt leader Yasser Arafat. « Il s’agit d’actes criminels commis par les gangs hors la loi du Hamas à Gaza, où ils ont ouvert le feu de sang-froid sur les foules qui ont participé à la commémoration du troisième anniversaire du martyre de Yasser Arafat », le chef historique des Palestiniens, a dit M. Abbas. Dans un communiqué publié à Gaza, le Hamas a dénoncé les propos de M. Abbas, se défendant de se livrer « à des actes criminels » ou « d’exploiter les souffrances des Palestiniens ». « Le Hamas est un pilier du peuple palestinien et non pas une clique qu’on peut faire chuter », a ajouté le mouvement. Haniyeh propose un dialogue sans conditions Néanmoins, le Premier ministre palestinien limogé Ismaïl Haniyeh a promis hier, dans un discours retransmis par la télévision du Hamas, de libérer des membres du Fateh arrêtés à Gaza lundi dernier. « J’ai ordonné de libérer toutes les personnes arrêtées s’il n’y a pas de preuves retenues contre elles pour atteinte à la sécurité », a déclaré M. Haniyeh. Il a également appelé à « un dialogue sans conditions » avec le Fateh et proposé qu’un comité ad hoc soit chargé d’instaurer ce dialogue d’abord à Gaza, puis en Cisjordanie. Le président de l’Autorité palestinienne a par ailleurs lancé dans son discours un appel à la paix aux Israéliens. « Je voudrais m’adresser au peuple et au gouvernement israéliens pour leur dire que nous sommes déterminés à parvenir à une paix réelle, dans l’intérêt de nos générations futures », a-t-il dit. « L’occupation n’apporte la sécurité à personne. La paix et des relations de bon voisinage basées sur l’égalité et le respect sont la recette pour mettre fin à des décennies de guerres, de souffrances et d’effusion de sang », a ajouté le président palestinien. Le président palestinien a, par ailleurs, refusé de se laisser entraîner dans un débat sur « le caractère juif » d’Israël, dont la reconnaissance par les Palestiniens a été exigée par le Premier ministre israélien Ehud Olmert. « La Palestine historique sera partagée entre deux États, Israël et la Palestine. On ne discute pas du caractère (religieux) de l’un ou de l’autre. C’est ce que nous avons à dire », a déclaré M. Abbas en réponse à une question lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre à Ramallah avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Enfin, sur le terrain, deux activistes palestiniens ont été tués et trois autres blessés hier dans un raid israélien dans le nord de la bande de Gaza. Le raid, à Beit Hanoun, a visé un groupe d’activistes des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, issues du mouvement Fateh du président Mahmoud Abbas, ont affirmé les témoins.