Au théâtre al-Madina et au centre Estral Religion, politique et vidéos

L’identité et la (re)construction d’une nation sont deux thèmes-clés dans l’œuvre du Palestinien Khalil Rabah. Cet architecte et artiste conceptuel donne à voir une installation vidéo intitulée TVZero123, à voir jusqu’au dimanche 25 octobre au théâtre al-Madina, de 14h00 à 20h00 (les week-ends de 12h00 à 20h00). S’inspirant de la téléréalité, Rabah a monté un reportage télévision, présenté soi-disant en direct, sur des villageois impliqués dans la rénovation de bâtiments historiques en Cisjordanie. Le spectateur bluffé apprend ainsi que Riwaq, association à but non lucratif se consacrant depuis 2001 à la protection du patrimoine culturel, architectonique et naturel de la Palestine, a financé et supervisé la restauration d’une trentaine de bâtiments historiques dans le cadre d’un programme intitulé « Création d’emplois à travers la restauration », qui a généré du travail et des revenus dans des zones rurales sinistrées économiquement. Les bâtiments restaurés doivent ainsi préserver l’héritage et la spécificité du paysage architectural et rural palestinien. TVZero 123 diffuse donc des témoignages sur le vif de villageois travaillant sur deux chantiers de rénovation. Ce reportage plus vrai que nature sera présenté également à Amman, au Caire, à Alexandrie, à Bruxelles et à Berlin. Rabah dissèque ainsi le travail des institutions nationales palestiniennes (fictionnelles), affiliées à un État seulement acceptable aux yeux du monde en théorie, jamais dans la réalité. Un manège symbolique L’Égyptien Waël Shawky possède, lui, trois préoccupations : le déplacement, le nomadisme et la confrontation des cultures. Après l’Académie des beaux-arts à Alexandrie, il a fait des études poussées à l’Université de Pennsylvanie. Le vidéaste trentenaire présente à Beyrouth une œuvre intitulée Park el-Aqsa. Une installation filmique animée, que l’on peut voir jusqu’au 25 novembre, de 14h00 à 20h00 et de 12h00 à 20h00, en week-end. Cela tourne autour du Dôme du Rocher, le symbole du site d’el-Aqsa à Jérusalem. « Tourne » est bien le mot, puisque cette mosquée hautement symbolique est présentée sous la forme d’un manège. Une représentation pour le moins audacieuse qui vise, il est évident, à susciter une réflexion autour de ce site qui est sujet à tant de disputes politiques et religieuses. « Cette installation est essentiellement orientée vers l’idée du divertissement contrôlé que l’expérience de monter dans un manège, ainsi que celle de son spectacle rendent disponible, indique le texte explicatif. Le manège, traditionnellement situé au cœur de la foire, tourne à une vitesse qui génère une impression de légèreté et de liberté. Pourtant, la machine est manipulée par un opérateur selon un programme précis et strictement contrôlé… » M.G.H.