Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Pétrole La cible des 100 dollars a servi d’aimant au marché, en sera-t-elle le plafond ?

La cible magique des 100 dollars a accéléré la hausse des prix du pétrole en jouant comme un aimant auprès des spéculateurs. Si les prix pouvaient baisser une fois ce cap franchi, des menaces sérieuses sur la production pourrait tout autant continuer à les faire grimper. Pendant des années, le baril à 100 dollars était brandi comme une menace, un fantasme irréalisable. « Goldman Sachs, la première banque à avoir sérieusement prédit dès le printemps 1995 un baril à 100 dollars, s’était à l’époque attiré de virulentes critiques », se souvient ainsi un acteur du marché, qui a souhaité garder l’anonymat. «Le chiffre de 100 dollars a participé à la hausse, comme le montrent les 45 000 contrats d’options à 100 dollars déposés pour le mois de décembre », explique Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Cela signifie que de nombreux investisseurs, pariant que les prix monteraient jusqu’à 100 dollars, ont acheté un droit d’achat à ce prix. « Les prix très élevés sont très liés à la tendance haussière du marché, et au fait que les opérateurs ont voulu tester des limites et voir si l’on pouvait aller jusqu’à 100 dollars », confirme Leo Drollas, économiste du cabinet Centre for Global Energy Studies (CGES). Ce seuil fatidique ayant été franchi, les prix devraient dorénavant baisser. « Beaucoup de spéculateurs pourraient prendre leurs bénéfices et commencer à vendre, les 100 dollars étant un niveau psychologique important », ont ainsi déclaré les analystes de la maison de courtage Sucden. « Il est peu probable que les prix restent à 100 dollars, même le prix de 90 dollars est beaucoup trop élevé », renchérit Leo Drollas. « On pourrait retomber à 70 dollars, ce qui reste un prix élevé », précise Olivier Jakob. Le seuil de 100 dollars pourrait jouer non seulement comme une limite technique sur le marché, mais également comme un frein à la demande pétrolière. « Arrivera un moment où les gens ne seront pas disposés à payer plus qu’un certain montant pour un baril de pétrole », affirme ainsi Leo Drollas. « La demande est déjà en baisse dans les pays de l’OCDE, et elle continue à augmenter dans les pays émergents uniquement parce que ces pays subventionnent les prix des carburants », ajoute-t-il. Si une baisse des prix se profile, un effondrement paraît en revanche peu plausible : la spéculation a sans doute accéléré l’escalade, mais les facteurs de fond ayant poussé les cours restent intacts : l’offre progresse moins vite que la demande pétrolière, tirée par la consommation des nouveaux géants indiens et chinois, les raffineries, en mal d’investissement, peinent à suivre la cadence et les réserves pétrolières se concentrent dans les régions du monde où les risques géopolitiques se trouvent être les plus élevés. Pour toutes ces raisons, « le seuil de 100 dollars pourrait tout aussi bien n’être qu’une marche menant vers de nouvelles hausses de prix », ont ainsi suggéré les analystes de Sucden. Guerre et paix Par ailleurs, a rappelé Olivier Jakob, les menaces géopolitiques qui pèsent sur l’offre pétrolière ne sont pour l’instant que latentes. Si elles débouchaient sur un conflit ouvert, les prix pourraient grimper bien au-delà. « En cas de conflit ouvert avec l’Iran, 100 dollars ne sera plus du tout un plafond, on pourrait aller plutôt vers les 150 dollars », a ainsi prévenu l’analyste. L’invasion américaine en Irak avait allumé l’étincelle sur les marchés de l’or noir et s’est traduite par de nombreuses attaques contre des installations pétrolières. Aujourd’hui, l’éventualité d’une incursion turque pour lutter contre le PKK dans le nord de l’Irak, région pétrolière, met de l’huile sur le feu. Les tensions politiques dans d’autres pays producteurs importants ont également contribué à la nervosité du marché de l’or noir : grève qui a paralysé le secteur pétrolier du Venezuela entre 2002 et 2003, attaques récurrentes contre les infrastructures du secteur et enlèvements de travailleurs étrangers au Nigeria.
La cible magique des 100 dollars a accéléré la hausse des prix du pétrole en jouant comme un aimant auprès des spéculateurs. Si les prix pouvaient baisser une fois ce cap franchi, des menaces sérieuses sur la production pourrait tout autant continuer à les faire grimper. Pendant des années, le baril à 100 dollars était brandi comme une menace, un fantasme irréalisable. «...