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ENVIRONNEMENT - Plus de 400 espèces connues en migration vers l’Afrique Le ciel de Haute-Galilée embouteillé, un demi-milliard d’oiseaux fuient l’hiver

Le ciel rougeoyant de Haute-Galilée s’assombrit. Un demi-milliard d’oiseaux fuyant l’hiver européen font ces jours-ci escale par vagues dans le nord d’Israël, transformant ce site protégé en plus grand carrefour de migration vers l’Afrique. Les ornithologues israéliens sont à l’affût pour ne pas manquer ce moment rare : la traversée de cette région verdoyante par plus de 400 espèces connues qui se reposent quelques jours, voire quelques semaines avant de prendre leurs quartiers d’hiver en Afrique. Le spectacle est féerique. Des milliers de grues cendrées se hissent en tournoyant, portées par les colonnes d’air chaud du haut desquelles elles se laissent planer. Telles des escadrilles surentraînées, elles adoptent une formation en flèche jusqu’aux prochains ascenseurs thermiques qui jalonnent le couloir de la faille syro-africaine, plein sud. Mais le spectacle qui a pour théâtre cette vallée de quelque 6 000 hectares à la jonction des frontières d’Israël, du Liban et de la Syrie, n’a pas toujours fait le bonheur de tous. « La féerie de ces majestueux vols d’oiseaux déboulant sur la vallée a d’abord été vécue comme un cauchemar par les agriculteurs de la région », explique Koubi Samrano, directeur d’un parc d’observation dans le secteur, Agmon Hahoula. Ce site unique en son genre s’étend sur 600 hectares, avec un plan d’eau de 110 hectares. Il est imbriqué au milieu des exploitations agricoles de la vallée. « Au début, c’était chacun pour soi. Les agriculteurs s’évertuaient à chasser grues et pélicans de leurs terres sur celles du voisin pour ne pas être pillés. Excédés, ils avaient même fait appel à un chasseur du coin connu pour son bon coup de fusil. Mais le chasseur s’est épris de ces grands oiseaux », raconte Koubi Samrano. Après des années de pillage, l’idée de s’unir pour les nourrir, à un endroit fixe, et limiter la casse a surgi. Depuis, constate le directeur du parc, « hommes et oiseaux coexistent dans ce coin de paradis ». Les 250 000 visiteurs du parc à l’époque des migrations sont mis à contribution à raison d’un shekel (0,25 dollar) par entrée. Il faut en effet mettre le couvert pour trente mille grues cendrées et autant de pélicans a raison de six tonnes de maïs par jour, pour les premières, et dix tonnes de poissons par semaine pour les seconds. Les cormorans qui dorment dans le parc préfèrent quant à eux se nourrir dans le lac de Tibériade voisin. Pour préserver les plants d’arachide à l’époque des semailles, les grues sont nourries dès décembre. Jusque-là, elles se contentent de « nettoyer les champs » après la récolte. Des équipes de rabatteurs, voitures équipées de sirènes, sont chargées de les chasser d’un champ à l’autre à cet effet. Des centaines de milans, oiseaux de proie amateurs des rongeurs qui dévastent les champs, achèvent cette « opération de nettoyage ». Les grues cendrées sont l’attraction du parc. Il en existe dans le monde une quinzaine d’espèces dont onze sont menacées d’extinction. Leur sanctuaire est né d’une catastrophe écologique rattrapée à temps. Le site où le parc a été aménagé était jusqu’au début du XXe siècle une zone marécageuse paludéenne, où les eaux de trois rivières s’unissaient pour former le Jourdain. Deux ans après la création de l’État d’Israël, en 1948, une politique d’assèchement de ces marais avaient été lancée pour les remplacer par des terres arables. Mais elle devait s’avérer catastrophique pour l’écosystème de la région. La tourbe mise à nu a la propriété de se désagréger notamment en nitrates et azote qui, emportés par le Jourdain, ont pollué le lac de Tibériade, principal réservoir d’eau douce du pays. Au début des années 90, des travaux ont été entrepris pour creuser des canaux et humidifier à nouveau la tourbe. Depuis, le plan d’eau d’un million de mètres cubes du parc est devenu l’escale obligée des oiseaux migrateurs.
Le ciel rougeoyant de Haute-Galilée s’assombrit. Un demi-milliard d’oiseaux fuyant l’hiver européen font ces jours-ci escale par vagues dans le nord d’Israël, transformant ce site protégé en plus grand carrefour de migration vers l’Afrique.
Les ornithologues israéliens sont à l’affût pour ne pas manquer ce moment rare : la traversée de cette région verdoyante par plus de...