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Actualités - CHRONOLOGIE

Un millier de Marocains ont manifesté hier devant le poste frontalier Bab Sebta près de Ceuta ; Mohammad VI rappelle son ambassadeur en Espagne pour consultation Visite controversée du roi Juan Carlos à Ceuta

Le roi d’Espagne Juan Carlos a entamé hier une visite controversée de deux jours dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla (nord du Maroc), la première depuis son accession au trône, suscitant la vive réprobation du Maroc qui revendique ces territoires. Le Maroc avait par avance qualifié de « regrettable » la visite du roi d’Espagne Juan Carlos, premier accroc sérieux dans les relations Rabat/Madrid, depuis leur notable réchauffement après l’arrivée au pouvoir en 2004 du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero en Espagne. Le roi du Maroc, Mohammad VI, avait rappelé, vendredi, son ambassadeur en Espagne pour consultations. « L’Espagne doit comprendre que le temps du colonialisme est révolu, et irrévocablement », a réagi avec force en début de soirée le Premier ministre marocain Abbas el-Fassi, lors d’une session parlementaire à Rabat. « Ceuta et Melilla font partie intégrante du territoire national et leur récupération se fera par des négociations directes, comme ce fut le cas pour Tarfaya, Sidi Ifni et pour le Sahara marocain », a-t-il lancé. Le Premier ministre marocain, chef du parti nationaliste Istiqlal, a estimé que la visite de Juan Carlos, triomphalement accueilli à Ceuta, était « de nature à influer sur les relations entre les deux pays et sur la sécurité et la stabilité dans la région méditerranéenne ». Se gardant d’évoquer publiquement cette polémique, le roi d’Espagne avait expliqué en fin de matinée être venu honorer un engagement à Ceuta, où des dizaines de milliers d’habitants l’ont accueilli aux cris de « Viva España ! » « Ceuta est espagnole ! » « Je ne voulais pas laisser plus de temps sans venir à Ceuta pour vous témoigner toute notre affection et notre soutien, comme je l’ai fait dans tant d’autres villes et lieux d’Espagne », avait-il déclaré lors d’un discours devant l’assemblée municipale de cette ville autonome. À leur arrivée, saluée par 21 coups de canon et des cloches des églises, le monarque et son épouse Sofia avaient pris un bain de foule. L’assistance était essentiellement composée d’Espagnols de confession catholique, qui représentent un peu plus de la moitié des 75 000 habitants de ce port de 18,5 km2 revendiqué par le Maroc depuis son indépendance en 1956. Les écoles et administrations publiques ont été fermées exceptionnellement. La frontière avec le Maroc est restée ouverte. Mais l’accès à Ceuta était limité aux Marocains dotés d’un permis de travail dans l’enclave. Parallèlement, un millier de Marocains ont manifesté hier devant le poste frontalier Bab Sebta près de Ceuta, dénonçant « l’occupation » des deux enclaves par l’Espagne, à l’appel d’une ONG pour la libération de Ceuta et de Melilla. De leur côté, à Rabat, onze députés et sénateurs marocains affiliés à différents partis ont remis hier à l’ambassadeur espagnol à Rabat une lettre de protestation. Latifa Bennani Smires, chef du groupe parlementaire de l’Istiqlal (nationaliste), a indiqué que ces parlementaires étaient « venus exprimer leur rejet total de la visite de Juan Carlos à des terres marocaines ». Pour sa part, à Paris, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Pascale Andréani, a appelé l’Espagne et le Maroc, « deux États souverains amis de la France », à « poursuivre leur dialogue » sur Ceuta et Melilla. L’Espagne exerce sa souveraineté sur Ceuta depuis 1580 et sur Melilla depuis 1496, conçues à l’origine comme des postes avancés après la « reconquête » de l’Andalousie par les rois catholiques contre la présence arabe. Juan Carlos a quitté Ceuta en début d’après-midi pour aller passer la nuit à Malaga, avant de se rendre, aujourd’hui, à Melilla.
Le roi d’Espagne Juan Carlos a entamé hier une visite controversée de deux jours dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla (nord du Maroc), la première depuis son accession au trône, suscitant la vive réprobation du Maroc qui revendique ces territoires.
Le Maroc avait par avance qualifié de « regrettable » la visite du roi d’Espagne Juan Carlos, premier accroc sérieux...