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Dix Premières dames, ou l’histoire d’un siècle en Russie

Un mari comme instrument au service de la révolution ou une histoire d’amour sur fond de perestroïka : la Russie du XXe siècle revit à travers ses dix Premières dames dans une exposition inédite au Musée d’histoire contemporaine à Moscou. Les chaussures qu’elles portaient, la manière dont elles posaient pour les photographes aux côtés de leur mari, des objets personnels en disent long sur l’époque et les mœurs, mais avant tout sur la personnalité de ces « First ladies » russes traditionnellement effacées, à quelques exceptions près, derrière leurs puissants époux. « Nous présentons pour la première fois des documents sur dix femmes, si différentes l’une de l’autre », a souligné Tamara Choumnaïa, directrice du musée, en inaugurant cette exposition qui durera jusqu’au 10 mars. Robe et parapluie en dentelle de l’impératrice Alexandre Fedorovna, tantôt hautaine, tantôt décontractée sur les photos, qui sera fusillée avec sa famille par les bolcheviks en 1918. Un portefeuille où Nadejda Kroupskaïa gardait des lettres de Lénine, une table de nuit sobre de leur appartement, ses chaussures basses et ses habits marron et noir austères. Une lettre que Staline avait écrite en 1930 à sa deuxième femme, Nadejda Allilouïeva, qui s’est suicidée en 1932. « Une telle exposition aurait été inimaginable avant : chez les tsars, c’était une affaire de famille, chez les bolcheviks, les affaires du cœur ne se discutaient pas », note l’écrivain Larissa Vassilieva, auteur du livre Les épouses du Kremlin. Nina Khrouchtchev, simple et rondelette, avec un sourire charmant, reflète un petit air frais qui souffle sur le Kremlin, un « dégel » après le stalinisme. Dans sa collection privée, parfum, album d’impressionnistes ou un portrait d’elle par le peintre Charles Nitsch, offerts lors de voyages officiels en France. Accueillis par les Kennedy, Nina et Nikita Khrouchtchev ont l’air de parents campagnards venus rendre visite à leurs enfants qui ont réussi, dans les séquences vidéo disponibles. « Elle a joué avec brio le rôle qui lui était assigné par le Parti communiste : afficher l’image d’une famille hautement morale, d’une “ cellule de la société ” (slogan soviétique), avec une touche d’humanisme », estime Ksenia Khrouchtchev, leur arrière-petite-fille. Viktoria Brejnev, tailleur bordeaux, jabot blanc, glaïeuls à la main, a l’air figé aux côtés de son mari arborant ses multiples décorations sur un tableau dans le plus pur style du réalisme socialiste. Jamais souriante et visiblement mal à l’aise lors de réceptions mondaines. « Elle savait comment faire des gâteaux et des confitures. La période de la stagnation avait besoin d’une telle First lady », commente Larissa Vassilieva. L’étoile incontestable de l’exposition est Raïssa Gorbatchev, l’unique Première dame de l’histoire de la Russie qui accompagnait partout son mari et brillait par son éducation et son élégance. Ses manières qui ont séduit l’Occident n’étaient pas du tout appréciées de ses compatriotes. Ces derniers ont toutefois cédé à un moment de compassion en 1999 quand elle succomba à un cancer. « Kroupskaïa aimait la révolution et Lénine était pour elle un instrument (pour y parvenir). Raïssa aimait Gorbatchev et cette histoire se développait sur fond de perestroïka », a résumé Larissa Vassilieva. Naïna Eltsine et Lioudmila Poutine, qui ont choisi la discrétion dans leur rôle de Première dame, apparaissent quant à elles sous un jour touchant sur les photos, aux côtés d’enfants orphelins et de leur mari. Olga NEDBAEVA (AFP)
Un mari comme instrument au service de la révolution ou une histoire d’amour sur fond de perestroïka : la Russie du XXe siècle revit à travers ses dix Premières dames dans une exposition inédite au Musée d’histoire contemporaine à Moscou.
Les chaussures qu’elles portaient, la manière dont elles posaient pour les photographes aux côtés de leur mari, des objets personnels en...