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COULISSES D’UNE ŒUVRE - L’opéra « Eugène Onéguine » de Tchaïkovski Musique et vie réelle

D’une sensibilité extrême et atteint de névrose, Piotr Ilitch Tchaïkovski a une existence douloureuse, parfois insupportable. Cela ne l’empêche pas mais alimente au contraire ses expériences qu’il transformera en belles mélodies romantiques. L’opéra « Eugène Onéguine », qu’il compose en 1876, est la preuve vivante de l’interaction qui existait entre son vécu et sa musique. Pour ce garçon né dans l’Oural, d’un père ingénieur des mines et d’une mère d’ascendance française, le don musical commençait à pointer dès son enfance. C’est à l’âge de quatre ans, accompagné de sa sœur cadette Sacha, qu’il compose une chanson à sa maman. Cette dernière, emportée prématurément par une épidémie de choléra, va laisser le jeune garçon inconsolable. Ayant commencé des études de droit (parce que sa mère l’avait souhaité), il prenait parallèlement des cours de chant et de piano. Mais c’est en 1860 qu’il abandonne définitivement sa carrière de juriste pour se consacrer entièrement à la musique. Critiquée par ses anciens professeurs Anton Rubinstein et Nicolas Zaremba, sa première symphonie, inspirée de sa première aventure galante, s’est achevée alors par un échec. Échec également pour la première du Lac des cygnes en 1877. Qui l’aurait cru ? En effet, l’orchestre du théâtre de Moscou étant une simple formation d’accompagnement et de musique de danse, les musiciens avaient protesté alors contre le niveau élevé de l’œuvre et le public avait dédaigné le style brillant du compositeur. Ce public ne devinerait pas que ce ballet allait devenir un des plus grands classiques de tous les temps. Une lettre fatale En 1876, Tchaïkovski commençait une correspondance épistolaire avec Madame von Meck (devenue sa mécène). Cette relation platonique lui convenait, étant compatible avec son homosexualité enfin révélée. À cette époque même, le compositeur était occupé à l’écriture de deux opéras, dont celui notamment d’Eugène Onéguine. C’est alors qu’intervient sa liaison assez étrange avec une certaine Antonina Ivanovna Milioukova. Une relation qui allait déterminer le cours de sa vie. Cette élève du Conservatoire de Moscou lui envoie des lettres enflammées, en se disant entièrement subjuguée par la musique de l’artiste. Elle ajoute dans sa correspondance des menaces de suicide si le musicien refuse de la voir. Tchaïkovski, imprégné alors de la tragédie de l’héroïne du roman de Pouchkine, Tatiana, dont Eugène Onéguine repousse avec brutalité ses témoignages d’amour, et troublé par la coïncidence de la situation avec le destin, accepte de rencontrer Antonina. Ému par la jeune fille, il lui demande sa main. La musique avait donc établi un pont avec la vie réelle, imposant à son tour ses choix et dictant cette fois-ci les décisions à prendre. Le mariage a été célébré en 1877, mais il s’est avéré être très vite une réelle catastrophe. La seule présence de l’épouse provoquait chez le compositeur une telle terreur qu’il fuyait le domicile conjugal. Il a fallu l’intervention de ses amis ainsi que celle de Madame von Meck pour décider la belle à rompre cette union. Laquelle avait déjà accompli des dégâts sur le plan physique et mental de Tchaïkovski. Eugène Onéguine avait été le choix fatal du compositeur russe... Colette KHALAF
D’une sensibilité extrême et atteint de névrose, Piotr Ilitch Tchaïkovski a une existence douloureuse, parfois insupportable. Cela ne l’empêche pas mais alimente au contraire ses expériences qu’il transformera en belles mélodies romantiques. L’opéra « Eugène Onéguine », qu’il compose en 1876, est la preuve vivante de l’interaction qui existait entre son vécu et...