Le souverain wahhabite accueilli au 10, Downing Street Le Proche-Orient et le terrorisme au menu des discussions entre le roi Abdallah et Brown

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a rencontré hier le Premier ministre britannique Gordon Brown, pour un entretien centré sur la situation au Proche-Orient et la lutte contre le terrorisme, après avoir accusé la Grande-Bretagne de négligence dans ce domaine. Pour la deuxième journée de sa visite d’État, la première d’un monarque saoudien depuis vingt ans au Royaume-Uni, le roi Abdallah a été accueilli d’une poignée de main par M. Brown sur le pas de porte du 10, Downing Street, en début d’après-midi. Avant la rencontre, plusieurs voix s’étaient élevées appelant M. Brown à dénoncer les violations des droits de l’homme dans le royaume wahhabite. Mais celui-ci reste un allié stratégique de la Grande-Bretagne au Proche-Orient et l’un des principaux clients de son industrie militaire. Reçu en grande pompe la veille par la reine Élisabeth II, avec un banquet auquel avaient été conviés 170 invités au palais de Buckingham, le roi Abdallah devait également s’entretenir mercredi avec le prince Charles, héritier de la Couronne britannique, puis avec David Cameron, le chef de file de l’opposition conservatrice. Les échanges avec M. Brown devaient porter sur le processus de paix au Proche-Orient, l’Irak, le Liban et l’Iran, selon des sources officielles. Une porte-parole de Downing Street a indiqué que M. Brown « évoquerait les questions qui lui semblent appropriées ». « Notre relation avec l’Arabie saoudite est par bien des aspects l’une des plus importantes que nous ayons avec un quelconque État. Certainement, au Moyen-Orient, elle est centrale pour nous », a souligné un haut responsable du Foreign Office. Au menu des discussions devait aussi figurer la coopération antiterroriste. Lors d’une interview lundi à la BBC, le souverain avait fait des déclarations fracassantes, reprochant à de nombreux pays, dont la Grande-Bretagne, de ne pas prendre « ce problème assez au sérieux ». Il avait accusé Londres d’avoir ignoré des « informations » saoudiennes qui auraient permis d’éviter, selon lui, les attentats qui avaient fait 56 morts à Londres, dont les quatre kamikazes, le 7 juillet 2005. Des responsables saoudiens avaient déjà par le passé lancé de telles affirmations. Mais une enquête d’une commission parlementaire avait assuré que Londres n’avait reçu « aucun renseignement spécifique ». En soirée, le roi a pris part à un dîner avec le maire de Londres, Ken Livingstone. Le roi Abdallah doit quitter Londres aujourd’hui pour l’Italie, avant l’Allemagne puis la Turquie. Par ailleurs, le service de presse du Saint-Siège a indiqué hier que le roi Abdallah sera reçu le 6 novembre au Vatican par le pape Benoît XVI. Ce sera la première visite d’un souverain saoudien au Vatican.