Bang, bang ! LES SORTIES DE LA SEMAINE

3:10 to Yuma, de James Mangold Avec Russell Crowe, Christian Bale et Peter Fonda. Ceci est un western. Et un bon western. Un dangereux criminel et braqueur de trains est capturé dans une petite ville de l’Ouest américain. Pour l’escorter à la prison de Yuma, il faudra prendre le train de 3h10. Mais les recrues, pour accompagner le hors-la-loi, ne sont pas nombreux car ils savent qu’en chemin son gang, formé de malfrats sans foi ni loi, sera là pour le sauver. Un éleveur de bétail, revenu de la guerre de Sécession, en manque d’argent, se porte volontaire pour cette balade périlleuse. Cinquante ans après le 3 :10 to Yuma de Delmer Daves, James Mangold, qui a obtenu un vif succès avec son biopic Walk the Line, revient à la charge et offre à voir un très beau western tout en respectant le genre, tant dans l’interprétation que dans l’action et l’espace temps. Certes, tous les trois ans, une tentative est faite pour ressusciter ce qui fut la norme incontournable des films des années 50, mais très peu ont réussi à redonner la crédibilité nécessaire. Mis à part The Unforgiven, de Clint Eastwood, et Young Guns, qui semblait plus un pique-nique amusant, la remise sur pied ne s’est pas exactement faite. Un certain Brokeback Mountain a même achevé de donner le coup fatal au western d’antan. Dans ce film, le spectateur a affaire à une interprétation musclée et virile, mais non boursouflée de la part d’un Gladiator, Russell Crowe, et d’un Batman, Christian Bale. D’excellentes prestations, sans oublier Henry Fonda et Ben Foster qui sont tous deux de très bons seconds rôles. Chevauchées, tirs au colt simples et sans effets spéciaux, ainsi que des bagarres et des vrais coups de poing. James Mangold n’a rien laissé au passage. Pour lui, pas d’effet Matrix ni d’explosions énormes, mais des anciennes diligences, des feux de bois dans la forêt, des pendulettes attachées au ceinturon et des regards qui en disent long. Autant de clins d’œil au passé étayés par une musique spéciale au genre. Son western n’est pas un remake et certainement pas une parodie. C’est un film qui traite d’un sujet déjà réalisé avec une adaptation moderne et nostalgique. Un bon film. GRAND CINÉMA ABC, CINÉMACITY, ESPACE, EMPIRE DUNES/GALAXY Mighty Heart, de Michael Winterbottom Avec Angelina Jolie, Dan Futterman et Archie Panjabi. Il fallait un sacré courage pour s’attaquer à un sujet aussi casse-gueule que celui-là. Et certainement une caméra qui pèche parfois par l’excès de modestie, car elle travaille dans le cru, le réel. Pas de fioritures pour Winterbottom, une priorité à l’improvisation (le réalisateur considérant le script comme une simple base de travail) et tournage caméra à l’épaule, ce qui la rend souvent tremblotante dans ce quatrième docu-fiction qui questionne le monde géopolitique actuel à partir d’événements réels. Mais reprenons depuis le début. On est en 2002. L’Afghanistan, la montée d’al-Qaëda, deux journalistes dans la tourmente. Daniel Pearl (reporter du Wall Street depuis 1990) et sa femme Marianne sont sur place. Tous deux captent des images et réalisent des entrevues avec des activistes dangereux. Quant à Daniel, il enquête sur Richard Reid, l’homme qui avait tenté de faire exploser le vol 63 de l’American Airlines. Le dernier jour, alors qu’ils sont encore au Pakistan attendant leur retour au pays, Daniel est enlevé. Marianne est alors enceinte. Winterbottom, qui connaît Marianne, acceptera quelques années plus tard d’adapter le livre écrit par elle. Le choix se porte sur Angelina Jolie pour interpréter la veuve du journaliste et le film est produit par Monsieur Pitt, mari de la jolie. Celle-ci pourtant a su oublier sa belle plastique pour travailler dans la pudeur. Elle parvient à créer autour d’elle ce climat d’angoisse et de fébrilité qui a suivi l’annonce de la disparition de Daniel. Un film sans pathos ni larmoiements, qui a réussi le pari à rester fidèle à l’histoire et à la douleur vécue. Un véritable tour de funambulisme. GRAND CINÉMA ABC, CINÉMACITY, EMPIRE DUNES/GALAXY, FREEWAY, KASLIK