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CORRESPONDANCE - « Elizabeth : the Golden Age » Haute couture à la cour d’Angleterre

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI L’habit ne fait pas le moine, mais il fait actuellement la gloire d’une œuvre cinématographique dont on applaudit aujourd’hui une double vedette : Cate Blanchett et sa mirobolante garde-robe. La première incarne la Reine Vierge et la seconde magnifie l’opulence de son temps. Il s’agit du film Elizabeth : the Golden Age, qui est la suite de celui intitulé Elizabeth (1998), tous deux mis en scène par Shekhar Kapur. Ce deuxième volet débute en 1585, au moment où Elizabeth règne sur l’Angleterre depuis 27 ans. En principe, la souveraine devrait être âgée de 52 ans. Cate Blanchett, qui porte le film à bout de bras, lui donne d’emblée l’allure d’une femme beaucoup plus jeune. Et amoureuse. Le scénario, écrit par William Nicholson et Michael Hirst (ce dernier était aussi l’auteur du premier scénario), s’attarde principalement aux tourments intérieurs d’une femme qui, en raison des pouvoirs dont elle dispose, ne peut se laisser guider par ses sentiments. Or, toute reine puissante qu’elle soit, elle succombe au charme de Walter Raleigh, un navigateur qui revient tout juste du Nouveau Monde après avoir nommé là-bas un territoire «Virginie » en l’honneur de la souveraine. Cette fois, la production est encore plus flamboyante, surtout côté costumes signés Alexandra Byrne, qui avait été nominée pour les Oscars lors du premier Elizabeth. Elle explique qu’elle a suivi l’esprit du metteur en scène qui, dans cette fresque, avait l’immortalité en tête. Et on se souviendra pendant très longtemps de l’exceptionnelle performance de Cate Blanchett qui donne à son Elizabeth toute la fougue, l’impétuosité, la démesure que le personnage requiert. Performance qu’accentuent ses atours qui occupent, si l’on peut dire, le devant de la scène. À l’image de ses aspirations Dans ce contexte, elle apparaît, dès le début du film, habillée des formes et des couleurs de la grandeur et de la domination. Les taffetas pourpres, les damassés jaunes lumineux, les blancs nacrés, les coupes flatteuses, les collerettes taillées dans de l’organdi et de la dentelle, les perruques en cascades ou en boucles savantes seraient, en quelque sorte, la vitrine des aspirations de puissance et des désirs sous-jacents. Et quand la souveraine s’en va en guerre contre l’Armada, elle est éblouissante dans son armure dont le métal a pu être harmonisé avec son opulente cape blanche et or. C’est la haute couture à la cour d’Angleterre. Dans une interview, le metteur en scène dit qu’il croit en la fantaisie, de même qu’à l’inspiration mythique et iconique, surtout si elle porte des potentiels «cinématiques ». Ce qui a été le cas pour lui dans ce film. Sous sa direction, la reine Elizabeth I est passée de l’ingénue royale à la diva confrontant l’Armada et la reine Mary d’Écosse. Des palais à l’opération décapitation, en passant par une bataille navale et des escapades amoureuses, elle promène ses traînes, ses aigrettes, ses dentelles, ses bijoux et le cliquetis de son élégante armure dans un ravissement pour l’œil. Et l’histoire, dont on reproche à Shekhar Kapur de ne pas l’avoir traitée avec rigueur ? Il répond qu’il l’approche comme fruit du destin. En somme, selon le sociologue Gurvitch, pour qui, « la réalité historique n’est donc que la part prométhéenne de la réalité sociale ». Quant à la part de légende, « elle est là de toute façon, dit encore le metteur en scène, pourquoi ne pas l’utiliser ». Ce qu’il a notamment fait dans cette scène, dont il sait pertinemment qu’elle relève de la fantaisie : Sir Walter Raleigh se présentant à la reine en jetant sur son passage sa cape dans une flaque d’eau, et elle en tombe amoureuse.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

L’habit ne fait pas le moine, mais il fait actuellement la gloire d’une œuvre cinématographique dont on applaudit aujourd’hui une double vedette : Cate Blanchett et sa mirobolante garde-robe. La première incarne la Reine Vierge et la seconde magnifie l’opulence de son temps. Il s’agit du film Elizabeth : the Golden Age, qui est la suite de celui...