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Les propriétaires autorisés à tirer à vue dans de nombreux États Aux États-Unis, les temps sont de plus en plus durs pour les cambrioleurs

Il fut un temps où les cambrioleurs américains touchés par les pièges installés par leurs victimes pouvaient porter plainte. Aujourd’hui, un nombre croissant d’États autorisent au contraire les propriétaires à tirer à vue. La semaine dernière, John Woodson, 46 ans, s’est aventuré de nuit dans le garage de Dennis Baker, un espace ouvert sur la rue près de Dallas (Texas, Sud). Les images d’une caméra de surveillance montrent le cambrioleur les mains dans les poches, plus curieux que menaçant. Dans la pénombre, M. Baker a tiré. « Il fallait seulement que je me protège », a-t-il expliqué à une télévision locale, alors que M. Woodson n’a même pas essayé de pénétrer dans la maison où il dormait, attenante au garage. Son histoire a fait le tour du pays parce qu’il avait été réveillé par son perroquet, qui avait salué l’intrus d’un « bonjour » inattendu. La mort de M. Woodson, en revanche, a semblé presque anecdotique. Quelques jours plus tôt, un dimanche en plein jour, un autre propriétaire de Dallas avait tué un cambrioleur, son deuxième en trois semaines... Des enquêtes sont en cours, mais des poursuites sont peu probables. Le Texas vient en effet d’adopter une loi stipulant qu’une personne qui pénètre par effraction dans un domicile ou une voiture est automatiquement considérée comme voulant blesser ou tuer les personnes qui s’y trouvent. Contrairement aux législations traditionnelles sur la légitime défense, cette loi n’impose pas à celui qui tire sur un cambrioleur de prouver qu’il était physiquement menacé et qu’il a utilisé la force en dernier recours, après avoir essayé de se mettre à l’abri. En 2005, la Floride a été la première à adopter une loi de ce type, baptisée « Stand Your Ground » (« Ne reculez pas ») ou « Shoot First » (« Tirez d’abord »). Sous l’impulsion de la puissante et ultraconservatrice NRA (National Rifle Association), le lobby des armes aux États-Unis, elles se sont multipliées. Aujourd’hui, 19 des 50 États américains, essentiellement dans le sud et le centre du pays, disposent d’une loi de ce genre et des projets similaires sont déposés dans une dizaine d’autres. « Cette loi apporte du bon sens au principe d’autodéfense. Si quelqu’un entre chez vous par effraction, c’est évident qu’il ne vient pas dîner avec vous. Vous avez le droit de protéger vos biens, votre famille et votre vie », explique Rachel Parsons, une porte-parole du groupe de pression. « Il faut que la loi soit du côté de la victime, pas du côté du criminel qui attaque la victime », ajoute-t-elle. Pour l’Alliance des États de la liberté (Freedom States Alliance – FSA), qui lutte contre la prolifération des armes aux États-Unis, ces lois qui accordent plus de valeur aux biens menacés de vol qu’à la vie du voleur ne vont qu’augmenter le nombre de personnes tuées par balle chaque année dans le pays, estimé déjà à près de 30 000. « Cela participe de notre mentalité de “far-west” (...). Dans n’importe quel autre pays, ces lois semblent de la folie pure. Et pourtant dans ce pays, cela semble justifié, les gens se sont habitués et ils ne voient même pas à quel point c’est scandaleux », explique Sally Slovenski, directrice de la FSA. Selon les statistiques annuelles du FBI (police fédérale), il y a eu 2,18 millions de cambriolages aux États-Unis en 2006, soit une progression de 1,3 % par rapport à l’année précédente, mais toujours nettement en dessous des 3,24 millions enregistrés 20 ans plus tôt.
Il fut un temps où les cambrioleurs américains touchés par les pièges installés par leurs victimes pouvaient porter plainte. Aujourd’hui, un nombre croissant d’États autorisent au contraire les propriétaires à tirer à vue.

La semaine dernière, John Woodson, 46 ans, s’est aventuré de nuit dans le garage de Dennis Baker, un espace ouvert sur la rue près de Dallas...