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Pas de quotas imposés, mais un nombre de jours à respecter L’archipel danois se bat pour une pêche durable

Dans son bateau de 16 mètres ancré au port de Torshavn, capitale des îles Féroé, dans l’Atlantique Nord, Ola Jacobsen, la trentaine d’années, prépare la saison de pêche de l’automne. Immobilisé à quai, il ne dispose pas de quotas, mais d’un nombre de jours de pêche à respecter. Ce système a été introduit en 1996 pour résoudre la grave crise du début des années 90 où les prix du poisson avaient plongé à un niveau tel que l’archipel, qui vit essentiellement de la mer, était au bord de la banqueroute. Ola Jacobsen estime que contrairement au « désastreux » système de quotas, le régime de jours de pêche est « bon » car « il permet de pêcher autant qu’on veut pendant un certain nombre de jours sans être obligé de jeter les petits poissons ou à faible valeur pour maintenir son quota en ne gardant que les espèces les plus chères ». Dans ces îles peuplées de 48 000 habitants, la pêche est, depuis la fin du XIXe siècle, le pilier de l’économie. Quelque 97 % des exportations en volume et 95 % en valeur de ce territoire autonome danois d’outre-mer sont constituées de produits de la pêche, soit 3,5 milliards de couronnes sur 3,7 milliards (496 millions d’euros) en 2006. Alors que dans les autres pays, pêcheurs, biologistes et autorités se disputent la meilleure manière d’exploiter les stocks de poissons, les îles Féroé semblent faire bande à part avec leur régime spécial. Un régime combiné à diverses mesures de sauvegarde de la reproduction des espèces et du corail comme la fermeture provisoire ou permanente de zones à la pêche, notamment aux chalutiers à gros tonnage à l’intérieur des douze miles nautiques autour des îles. M. Jacobsen, le capitaine de Torshavn, est sorti en mer cent jours en 2006 avec ses trois membres d’équipage pour prendre 3,5 tonnes de morue et d’aiglefin. « Avec des recettes de 3 millions de couronnes (402 000 euros), ce n’est pas une année faste, et il y a eu moins de poissons que par le passé », dit-il, estimant que « c’est la loi de la nature et non le résultat de la surpêche ». « Dans un pays dépendant entièrement des richesses de la mer, la durabilité est plus qu’un concept de management moderne. Il est profondément enraciné dans la société », clame le ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, Björn Kalsö. Dans son bureau surplombant le port, Olavur Joekladal, secrétaire de l’Association des armateurs de pêche, plaide pour ce système, « garant d’une pêche durable et responsable, qui fait des îles Féroé un des pays leaders dans le monde ». À la pointe du combat pour une pêche « écologique », les responsables insulaires « développent actuellement un système électronique de traçabilité », qui sera lancé en 2008, dit-il. « Les consommateurs pourront savoir exactement où, quand et dans quelles conditions le poisson dans leur assiette a été pêché et traité », selon M. Joekladal. « Lorsqu’on vend une marchandise, il est extrêmement important de montrer que ce produit a été pris avec les instruments adéquats, dans des conditions de travail et de conditionnement correctes », dit-il. L’industrie de la pêche, les biologistes et les autorités « travaillent main dans la main » dans ce système de jours de pêche qui est « évalué régulièrement ». « Il a été internationalement reconnu et pourrait être l’un des meilleurs systèmes au monde pour réguler la pêche, en mettant un terme au gaspillage », ajoute-t-il. Les prises de poissons en 2006 se sont élevées à 614 000 tonnes. Et la valeur totale des prises a augmenté de 18 % l’année dernière par rapport à 2005, alors que les quantités n’ont augmenté que de 5 %. Ce système ne convainc pas cependant les biologistes qui continuent de parler de la raréfaction du poisson, appelant les politiques à des réductions de jours de pêche. Cela requiert des politiques « des nerfs d’acier, d’avoir le courage de permettre au système de faire ses preuves », selon Jakup Solstein, président de l’Association des armateurs.
Dans son bateau de 16 mètres ancré au port de Torshavn, capitale des îles Féroé, dans l’Atlantique Nord, Ola Jacobsen, la trentaine d’années, prépare la saison de pêche de l’automne. Immobilisé à quai, il ne dispose pas de quotas, mais d’un nombre de jours de pêche à respecter. Ce système a été introduit en 1996 pour résoudre la grave crise du début des années...