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Société - Des enfants du monde entier s’intègrent aisément dans l’archipel danois Les îles Féroé, une communauté multiethnique grâce à l’adoption

Dans les îles Féroé, archipel isolé de l’Atlantique Nord sous tutelle danoise, l’adoption d’enfants du monde entier est largement répandue et leur intégration une réussite. Le regard un peu gêné, Anna Maria, entourée de son frère Ludvik et de petits cousins et camarades, souffle ses quatre bougies en dévorant de ses grands yeux noirs le gâteau d’anniversaire. C’est la fête chez les Poulsen-Ludviksdöttir, un couple de juristes féroïens, dans leur maison à Torshavn, capitale des îles Féroé, archipel de 48 000 âmes. Parents et amis étaient venus avec leurs enfants pour souhaiter joyeux anniversaire à Anna Maria, adoptée à l’âge de 2 ans dans un orphelinat à New Delhi en Inde. Comme son frère Ludvik, de 7 mois son aîné, un garçon aux cheveux noirs né en Bulgarie, Anna Maria fait partie des centaines d’enfants adoptés depuis de nombreuses décennies dans ce territoire danois d’outre-mer. Les îles Féroé sont une exception : elles ont « le plus grand nombre d’enfants adoptés dans le monde, proportionnellement à leurs habitants », relève Mette Garnes, conseillère sociale à Danadopt, un des deux centres d’adoption au Danemark. Avec environ 10 à 15 enfants adoptés par an d’Inde, de Corée du Sud, de Chine, du Vietnam, de Bolivie, d’Éthiopie, d’Afrique du Sud, de Bulgarie, etc., l’archipel des Féroé, malgré son isolation, est devenu un microcosme de société multiethnique. Une dizaine d’adoptions par an, cela peut sembler peu, mais proportionnellement à la population totale, c’est quatre fois plus que la France ou que le Danemark, selon les statistiques officielles de ces deux pays. L’adoption est une longue tradition dans ces îles, où, au siècle dernier, les mères aux familles nombreuses ou ayant perdu leurs maris en mer donnaient un ou plusieurs de leurs enfants à celles qui n’en avaient pas. Avec 2,6 enfants par femme, les Féroé se placent en tête des pays à forte natalité, « car tout le monde veut avoir des enfants », affirme Heöin, le père d’Anna et de Ludvik, 32 ans, président de l’Association d’entraide aux parents candidats à l’adoption. Son objectif est d’« augmenter l’aide des pouvoirs publics, actuellement de 50 000 couronnes par adoption (6 600 euros) ». L’adoption d’un enfant coûte aux parents jusqu’à 150 000 couronnes (20 000 euros). « Mais un enfant n’a pas de prix chez nous, car on ne peut pas concevoir une vie sans enfants », confie Birita Ludviksdöttir, 41 ans, son épouse, « qui a tout fait pour avoir une progéniture, en vain », et qui a « attendu le cœur serré pendant deux ans » une réponse à sa demande d’adoption. « Le jour où nous sommes revenus avec Anna Maria et Ludvik, c’était le plus beau jour de ma vie. Nous avons été reçus à l’aéroport avec drapeaux et fleurs par nos proches et amis, comme si on était des héros », se rappelle-t-elle. « On était enfin une famille, et ici, plus peut-être qu’aucun autre pays, les enfants ont une place prépondérante », assure-t-elle. Les îles Féroé sont « un paradis pour les enfants qui vivent près de la nature, de leurs familles et dans un environnement paisible sans criminalité » renchérit Heöin, qui accompagne chaque matin ses enfants à Barnagaröinum, une crèche en dehors de la ville. « Au début, certains de leurs camarades étaient un peu curieux de voir leur teint bronzé, mais après, ils les ont vite “adoptés” », constate Kristina Soemark, une aide-pédagogue. Un des premiers insulaires à avoir adopté des enfants indiens dans les années 80, Knut Gray, chef-machiniste de 60 ans, se dit « toujours heureux de ce meilleur cadeau qu’(il) ait jamais reçu ». De père anglais et de mère féroïenne, né dans une famille de sept enfants, lui et sa femme Solrun « voulaient avoir absolument des enfants », dit-il, car « la vie aurait été vide sans Guunva », aujourd’hui âgée de 23 ans et mère de trois enfants, et Anna, 21 ans, qui vit toujours à la maison. Ses filles, assure-t-il, n’ont « jamais subi de racisme. Du moins, elles n’en ont jamais parlé ».
Dans les îles Féroé, archipel isolé de l’Atlantique Nord sous tutelle danoise, l’adoption d’enfants du monde entier est largement répandue et leur intégration une réussite.
Le regard un peu gêné, Anna Maria, entourée de son frère Ludvik et de petits cousins et camarades, souffle ses quatre bougies en dévorant de ses grands yeux noirs le gâteau d’anniversaire....