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Actualités - OPINION

Juge et partiale Liliane MASRI

Mme Torrès s’est complu avec délectation à dépeindre le Libanais et la Libanaise comme les parfaits bourreaux du XXIe siècle. Lorsqu’on se targue d’être reporter, on se fait un devoir d’être impartial. De quel droit s’érige-t-elle en juge et, à partir de quelques cas isolés, généralise-t-elle et condamne-t-elle tout un peuple ? Est-ce parce que plus le reportage est scandaleux et hérissé de détails scabreux, plus l’audimat est plus important ? Dans quel but est-elle venue jouer les « fouille-ordures » dans un pays meurtri par la guerre depuis plus de trente ans, esclave lui-même des convoitises des autres ? Nos enfants sont en train de mourir dans les rues, Mme Torrès, exposés tous les jours, et ce sur le chemin de l’école ou de l’université, privés du plus élémentaire droit de l’homme dont vous vous faites le porte-parole offusqué, à savoir « celui de vivre ». Lorsqu’on se veut ce preux chevalier qui accourt à la rescousse des prétendues « esclaves » du Liban, on commence par balayer devant sa porte. Parlez-nous, Mme Torrès, de ces Maliens et de ces Asiatiques, entassés à 15 sous terre, dans les caves françaises ; parlez-nous de ces ateliers de couture où des clandestins exploités jusqu’a la moelle vivent dans des conditions inhumaines au pays de l’égalité et de la fraternité. Vous notez au cours de votre reportage que le salaire d’une employée de maison s’élève au mieux à 200 $, mais vous ne dites pas par ailleurs, volontairement ou non, que le SMIC d’un Libanais qui a à charge toute une famille n’excède pas cette somme. Vous soulevez la question du « tablier » comme s’il s’agissait de « l’étoile de David », et vous vous complaisez à les montrer, exposés en vitrine. Ce tablier n’est pas différent du « bleu de travail » porté dans vos usines. Il n’est pas non plus différent du tablier et de la coiffe en dentelle dont vous affublez vos « soubrettes » qui, elles, logent au sixième étage, dans une chambre insalubre à laquelle elles accèdent par l’escalier de service, l’entrée des maîtres leur étant sans doute interdite. Vous nous accusez de confisquer leur passeport. L’aurions-nous fait si, à peine débarquées, elles ne rêvaient de s’enfuir pour exercer un métier moins laborieux, plus lucratif que vous devinez ? Vous avez voulu, Madame, faire de votre reportage un scoop. Ce n’en était pas un. C’était plutôt une succession d’images chétives, malingres, injurieuses et diffamatoires. À chaque argument, tout Libanais vous en opposera un autre plus vrai, basé sur des réalités que vous avez voulu ignorer. Vous nous avez décrits comme des esclavagistes. Croyez-moi, nous sommes humains, chaleureux, accueillants, et que des Sri Lankaises, Népalaises ou autres nous quittent en pleurant ou renouvellent leur contrat, parfois pour 10 ou 15 ans, ne vous en déplaise. Article paru le mardi 23 octobre 2007
Mme Torrès s’est complu avec délectation à dépeindre le Libanais et la Libanaise comme les parfaits bourreaux du XXIe siècle. Lorsqu’on se targue d’être reporter, on se fait un devoir d’être impartial. De quel droit s’érige-t-elle en juge et, à partir de quelques cas isolés, généralise-t-elle et condamne-t-elle tout un peuple ? Est-ce parce que plus le reportage...