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Actualités

Une lettre de Dominique Torrès Dominique TORRÈS

«L’Orient-Le Jour » a reçu de Mme Dominique Torrès une lettre dont nous publions ci-dessous l’intégralité. Son auteure ne fait que répéter ce qui constitue l’essentiel de son article dans « Le Monde » et de son reportage dans le cadre de l’émission de France 2 « Envoyé spécial ». Hélas ! Nous-mêmes, et par deux fois (les 20 et 22 octobre), ainsi que les lecteurs ont relevé les approximations, inexactitudes et autres amalgames qui y sont contenus. « C’est ma conviction et je la partage », semble dire Mme Torrès, animée d’une bonne conscience qui rarement aura été aussi redoutable. Je vous réponds directement à la suite de l’édito du 20 octobre,(« Déformer n’est pas informer », par Maria Chakhtoura, dans L’Orient-Le Jour, NDLR). D’abord car cela fait quinze ans que je découpe des articles de L’Orient-Le Jour relatant le calvaire des domestiques. Un travail professionnel que je salue. Deuxièmement, je sais que vous êtes un certain nombre (ainsi qu’au Daily Star) à être tout à fait conscients du drame qui se joue. Troisièmement, je sais bien qu’il ne vous est pas toujours facile (un doux euphémisme) d’en parler...Enfin, vous n’êtes pas sans ignorer que j’ai fondé en 1994 le Comité contre l’esclavage moderne et que je ne débarque pas à la hussarde sur ce sujet. L’esclavage,où qu’il soit, occupe depuis des années une grande partie de mon temps. Évidemment, j’ai voulu choquer (au sens propre du terme) et je ne le nie nullement. C’est souvent la seule façon de commencer à faire bouger les choses (et cela fait trente ans que cela ne bouge pas avec la manière douce). En 1994, avec mon documentaire Vie d’esclaves en France (52 minutes), j’ai évidemment aussi choqué un pays (le mien) où personne ne pensait que les cas d’esclavage existaient. J’ai pensé qu’il était nécessaire de tirer la sonnette d’alarme, même si les cas étaient effectivement rares. Je n’ai pas filmé les 98 % des employeurs qui se conduisent bien (cela va de soi) et personne n’a songé à me le reprocher. Aujourd’hui, les acteurs sociaux reconnaissent le problème (appeler un chat un chat) et donc font le nécessaire. Au Liban, tout peut s’améliorer, et même très vite, mais faut-il encore accepter de regarder la situation en face, sans fausses excuses (ce n’est pas le moment, il n’y a pas que nous). Le calvaire des domestiques au Liban a été dénoncé souvent. Les évêques du Moyen-Orient en 2001, le BIT, la Commission européenne... Les rapports s’entassent sans effets. Le professeur Juridini de Beyrouth (Université américaine) affirme que trois domestiques sur dix sont en danger. Je suis consciente que ce problème existe dans tout le M-O et je m’en préoccupe. Mes sources sont tout à fait officielles. Ces chiffres sont dans toutes les brochures de Caritas. J’ai pris soin de donner mes sources dans l’article du Monde ainsi que le chiffre des personnes interrogées dans le sondage. Le papier a été relu par des journalistes libanais. Pour la petite histoire, j’ai séjourné 20 jours au Liban en juillet sans aucune aide (j’ai viré un fixeur inopérant), et j’ai réussi à rencontrer des dizaines et des dizaines de victimes. Tout cela pour dire que si ces drames se « ramassent à la pelle », il ne s’agit pas de cas isolés. Loin de là. Le nombre de personnes qui, « en toute bonne foi », m’ont confirmé qu’elles ne laissaient pas leur bonne sortir de la maison seule est terrifiant. La plupart disent craindre que la « bonne » prenne la fuite, « mais je vous assure que celles qui sont heureuses (et heureusement qu’il y en a) ne songent nullement à s’enfuir ». Même si, en France, nous n’avons pas de zone réservée aux bonnes, que la police des frontières ne confisque pas les passeports (en les donnant à l’employeur) et que tout employé peut, à tout moment, claquer la porte et s’en aller, il nous faut rester vigilants, ce que je vous assure et que je tente de faire. J’ai en effet bien balayé devant ma porte avant de critiquer les agissements d’un pays ami. À vous maintenant de jouer. Faites-le avant que ce fléau n’entache sérieusement l’image du Liban. Sincèrement et amicalement, Dominique TORRÈS Article paru le mardi 23 octobre 2007
«L’Orient-Le Jour » a reçu de Mme Dominique Torrès une lettre dont nous publions ci-dessous l’intégralité. Son auteure ne fait que répéter ce qui constitue l’essentiel de son article dans « Le Monde » et de son reportage dans le cadre de l’émission de France 2 « Envoyé spécial ». Hélas ! Nous-mêmes, et par deux fois (les 20 et 22 octobre), ainsi que les...