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EXPOSITION - À la galerie Aida Cherfan Fine Art et jusqu’à la fin du mois d’octobre « Le rouge est mis » pour défier la grisaille

Le ton est donné. Il sera définitivement rouge jusqu’à la fin du mois d’octobre à la galerie Aida Cherfan Fine Art avec un florilège d’œuvres de différents artistes, affichées sur les cimaises, au centre de cette ville qui s’est longtemps assoupie. Une flamme qui scintille dans la morosité de Beyrouth. Un éclat, couleur, non pas sang, mais passion et vigueur. Le rouge est mis. Ce titre emprunté au film de Gilles Grangier avec Jean Gabin annonce la couleur commune au travail de tous ces artistes (italiens, libanais, français et espagnols) réunis sous la houlette de la galerie Aida Cherfan. Mais il fait également référence à l’acte évoqué par la phrase. Cette action de mettre le rouge fait certes allusion à la théâtralité du verbe avec l’ouverture des rideaux couleur pourpre, mais aussi au côté festif de l’invitation avec nappe de couleur à l’appui. C’est en effet après maintes hésitations dues à la situation du centre-ville que la décision a été prise de réaliser cet accrochage. Une manière de conjurer le sort avec ce rouge, illustrant l’optimisme et l’esprit combatif. Ils sont nombreux les artistes à avoir magnifié le rouge sur toiles ou sur bois. Mais aussi, nombreux à l’avoir teinté, mélangé, broyé, ciselé. En jets, incisions, hachures ou aplats, la couleur éclate et prédomine. Elle est l’ombre et la lumière, le feu sacré d’une toile. C’est d’abord un rouge écarlate pour les Poissons de Manolo Valdès immergés dans un bleu Matisse. Cet artiste qui a commencé sa carrière au sein d’un des groupes les plus importants du pop art espagnol, Equipo Cronica, reprend des images et des formes pictogrammes déjà révélées par d’autres artistes et agence sa propre vitrine. Une démarche esthétique qui, en sortant les grands chefs-d’œuvre de leur contexte, les actualise et les réactive. Un Terra Cotta pour Miguel Rasero qui joue sur les formes cylindriques et les équilibres comme un funambule de la couleur. Ailleurs, un rouge cardinal pour Songe pour un voyage et Labyrinthe, les deux toiles de Norberto Martini où les enfants de chœur volètent dans une atmosphère théâtrale flamboyante, suggérant la joie et l’élévation. Une couleur, plusieurs déclinaisons Tandis que Tommaso Cascella enduit ses abstraits de vermillon en empilant les strates de couleurs dans des espaces géométriques fluides pour être mieux filtrés, épurés. Angelo Palazzini, lui, mêle sa teinte à de l’ocre tout en étalant une chaleur diffuse. Nous allons vivre à la campagne est une œuvre ludique où l’artiste s’est amusé à effectuer un déménagement sur la toile par transport total de la maison par une grue. Visiter les intérieurs silencieux, au rouge éloquent d’Alain Gazier, c’est comme percer le mur du temps. L’artiste français invite le regard dans ces lieux de passage où l’on ne s’arrête jamais. Ce sont toujours des portes entrebaîllées ou des couloirs avec des colonnes. « Par couches superposées et de façon non uniforme comme le stuc vénitien, l’artiste découpe l’espace, dévoilant ainsi une vision fragmentée comme fugitive et dérobée au temps », dit Agnès Boullakia. Un rythme linéaire qu’il est parvenu à créer sur un carrelage à la fois régulier et brouillé par les accidents de matières. Ce rouge bien trempé qui fait tache n’est autre qu’un bout de fauteuil, un morceau de rideau ou encore un coin de tapis. Gazier a planté le décor. L’invité n’a plus qu’à pénétrer son univers. Pour sa part, Hussein Madi offre à voir des natures mortes, comme ce Vase bleu ou un paysage de l’Université américaine au milieu de couleurs franches et vives. Dans une unité de lignes et de couleurs, le peintre libanais a su assujettir ses toiles. Quant à Silwan Ibrahim, c’est dans une ambiance rougeoyante aux teintes dégradées entre carmin et orangé que se balance son univers onirique. C’est entre réel et fictif qu’il a choisi d’illustrer ses Marionnettes planétaires et son Palais mécanique. Si le rouge grenat des Fruits des dieux de Krikor Agopian nimbe la toile d’une lueur sombre à la limité de l’irréel, le Nu de Silviane Pelletier fait rougir plus d’un. Il est éclairé par le choc produit entre un ocre bien lumineux et les pourtours du corps couleur sang. Matteo Massagrande, lui, empourpre sa Dida, un portrait au rouge qui redonne à la teinte tous ses titres de noblesse. Enfin, rien de mieux que la cravate de l’artiste italien Puccio Pucci, travail sur bois traversé de petites incisions rougeâtres pour achever d’habiller cette exposition. Avec élégance. Colette KHALAF
Le ton est donné. Il sera définitivement rouge jusqu’à la fin du mois d’octobre à la galerie Aida Cherfan Fine Art avec un florilège d’œuvres de différents artistes, affichées sur les cimaises, au centre de cette ville qui s’est longtemps assoupie. Une flamme qui scintille dans la morosité de Beyrouth. Un éclat, couleur, non pas sang, mais passion et vigueur.
Le rouge est mis....