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Actualités - CHRONOLOGIE

L’annulation de l’entretien à NY entre Kouchner et Moallem du fait de la tension au Liban a élargi le fossé entre la France et la Syrie Paris, Rome et Madrid s’inquiètent du sort de la Finul en cas de vide constitutionnel

PARIS, d’Élie MASBOUNGI La tension entre Paris et Damas est encore montée d’un cran à la suite de l’annulation de la rencontre à New York entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, à la demande du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a souligné qu’il avait annulé le rendez-vous parce qu’il avait été « choqué » par l’assassinat du député Antoine Ghanem. Ce rendez-vous manqué a été « expliqué » hier par la porte-parole du Quai d’Orsay, Pascale Andréani, qui a évoqué la tension qui règne au Liban et l’aggravation de la crise dans ce pays à la suite de l’assassinat d’Antoine Ghanem. Force est de relever qu’il y avait déjà de l’électricité dans l’air bien avant l’ouverture des travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies, en marge de laquelle devaient se tenir non seulement la rencontre syro-française mais aussi d’autres réunions en relation avec les tentatives internationales visant à assurer le bon déroulement de l’élection présidentielle libanaise. Parallèlement, la mini-polémique entre Bernard Kouchner et Baabda sur les ingérences extérieures dans les affaires libanaises n’a pas facilité les choses au niveau des rapports entre Paris et Damas. À ce sujet, Mme Andréani a estimé que l’échange de propos acerbes entre le chef de la diplomatie française et les services de Baabda peut être considéré comme terminé suite à une mise au point du ministre lui-même qui ne voulait en aucun cas envenimer les choses. De fait, lors de son point de presse bihebdomadaire, Andréani a tenté de dédramatiser la situation, affirmant qu’à aucun moment la France n’a insinué que les attentats commis au Liban et tout particulièrement le récent assassinat du député Antoine Ghanem étaient ourdis ou même inspirés par des services syriens, mais il suffisait de relire certains passages de la déclaration de Mme Andréani sur les activités du président Sarkozy à New York pour y déceler de « petites phrases » prouvant que l’on n’est pas loin d’une véritable crise diplomatique franco-syrienne en relation avec le manque de coopération du régime syrien en vue d’une normalisation au Liban. Le Conseil de sécurité, peut-on lire dans cette déclaration, a été conduit à se prononcer à trois reprises sur la situation au Liban : la première fois pour saluer les démarches entreprises par le secrétaire général des Nations unies, conformément à la résolution 1757, en vue de la mise en place du tribunal spécial et pour l’encourager à poursuivre sur cette voie ; la deuxième pour condamner avec la plus grande fermeté l’odieux attentat commis contre le député Antoine Ghanem le 19 septembre et les tentatives d’intimidation visant à déstabiliser le Liban, en particulier à l’approche de l’échéance cruciale que constitue l’élection présidentielle ; la troisième, le 28 septembre, avec une déclaration lue par le ministre français des Affaires étrangères en sa qualité de président du Conseil de sécurité, qui appelle à la tenue de l’élection présidentielle dans les délais prévus, selon les normes constitutionnelles et sans interférence étrangère. Interrogée sur le terme « tentatives d’intimidation », qui ne peut qu’évoquer les interventions de Damas dans la bataille de la présidentielle libanaise, la porte-parole du Quai d’Orsay a répondu : « Nous n’accusons personne, mais nous condamnons ces ingérences quelles qu’elles soient »… Par ailleurs, au sujet de la réunion ministérielle franco-italo-espagnole qui a eu lieu lundi soir à Rome avec la participation des ministres des Affaires étrangères de ces trois pays, respectivement MM. Bernard Kouchner, Massimo D’Alema et Miguel Angel Moratinos, Mme Andréani a indiqué qu’il s’agissait de discuter, entre autres sujets, des meilleurs moyens de réaliser le projet d’union méditerranéenne chère au président Nicolas Sarkozy, parallèlement à la situation au Moyen-Orient et la crise libanaise. Au cours de cette réunion, a encore dit la porte-parole, le ministre espagnol a remis sur le tapis son idée de mettre en place un dispositif européen de surveillance et de contrôle de la frontière libano-syrienne, ajoutant que cette idée reste au stade d’hypothèse qui pourrait faire l’objet d’études ultérieures avec comme coordinateur l’ambassadeur Alain Leroy qui vient d’être chargé du suivi du projet d’Union européenne. Autre préoccupation des trois ministres, selon des sources diplomatiques européennes bien informées : ils auraient exprimé leur inquiétude face à la persistance de la crise libanaise et au fait que rien de concret ne permet de prévoir une élection présidentielle dans les normes et que l’on pourrait bien se retrouver, dans quelques semaines, dans une période de non-droit avec un vide constitutionnel et par conséquent un grave danger pour la Finul et en particulier ses contingents français, espagnol et italien qui en forment l’ossature. « On serait très inquiet pour bien moins que cela », a déclaré à L’Orient-Le Jour un diplomate occidental en poste à Paris, qui estime qu’à moins d’un miracle, il ne semble pas que l’on s’oriente vers un consensus sur l’élection présidentielle libanaise, et ce en raison du raidissement des attitudes des divers blocs politiques du pays et des groupes de pression régionaux et internationaux qui se soutiennent. Enfin, priée de dire quelle est la position actuelle de la France par rapport à l’échéance présidentielle libanaise, Mme Andréani s’est contentée de dire que Paris souhaite « l’élection d’un chef d’État qui soit celui de tous les Libanais ».
PARIS, d’Élie MASBOUNGI

La tension entre Paris et Damas est encore montée d’un cran à la suite de l’annulation de la rencontre à New York entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, à la demande du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a souligné qu’il avait annulé le rendez-vous parce qu’il avait été « choqué » par l’assassinat du...