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Inflation L’Europe veut réagir face à l’envolée des prix des céréales

L’Union européenne envisage de lever temporairement ses droits de douane sur les importations de céréales pour faire face aux difficultés d’approvisionnement et à la flambée des prix, qui se répercute sur les produits de base comme le pain, les pâtes ou le lait. La commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, « va proposer la suspension (des droits de douane) » pour une année, débutant rétroactivement au 30 juin 2007 et courant jusqu’en juillet 2008, a souligné hier son porte-parole, Michael Mann. Cela permettrait d’importer à moindre prix les céréales étrangères dans l’UE et de répondre ainsi à l’augmentation de la demande. Le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, dont le pays est le principal pays producteur européen de céréales, a cependant accueilli tièdement cette idée, selon une source européenne. « Si on supprime les barrières tarifaires, même pour un temps limité, on aura du mal ensuite à les rétablir », a fait valoir M. Barnier, selon cette source. Si une telle mesure devait être malgré tout adoptée, ne serait-ce que pour un temps limité, elle constituerait une rupture pour l’Union européenne, dont la politique agricole commune consiste depuis des décennies à protéger ses exploitants de la concurrence mondiale au moyen de solides barrières douanières. Des barrières qui sont d’ailleurs au centre du bras de fer que l’Union européenne livre aux États-Unis et aux pays émergents dans le cadre des négociations à l’OMC sur la libéralisation du commerce mondial. Mais le contexte a aujourd’hui changé : la fièvre des prix sur les marchés des matières premières, cantonnée d’abord au secteur de l’énergie et des minerais, s’est récemment propagée aux produits agricoles. Le prix mondial du maïs a bondi de 85 % entre 2005 et 2006. Celui du blé a augmenté de 60 % depuis l’an dernier. Cette tendance se répercute sur les prix de nombreuses denrées alimentaires, comme les pâtes ou le pain, mais aussi les produits laitiers, puisque les céréales sont aussi utilisées pour nourrir le bétail. En cause : des aléas climatiques, mais aussi une demande en forte hausse, alimentée par les pays émergents comme la Chine ou l’Inde où les habitudes alimentaires changent, et par le développement des biocarburants. L’annonce de Mme Fischer Boel a été faite lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture à Bruxelles, au cours de laquelle ces derniers ont aussi décidé de supprimer pendant un an la mise en jachère obligatoire de terres céréalières dans l’UE. « Ce changement vise à répondre à la situation de plus en plus tendue sur le marché des céréales. Il devrait permettre d’augmenter la récolte de céréales de l’année prochaine de 10 millions de tonnes au moins », a souligné la Commission. L’envolée de la demande et des prix oblige l’Union européenne à s’interroger sur les fondements même de sa politique agricole, focalisée jusqu’ici sur la maîtrise des volumes. Les fameux quotas laitiers sont ainsi remis en cause par la Pologne et l’Espagne. Et Madrid a aussi proposé hier de supprimer temporairement les aides aux exportations dont bénéficient les céréaliers européens, et ce pour aider à ce que « la production européenne reste dans l’Union et ne sorte pas à l’extérieur ». La présidence portugaise de l’UE est, elle, allée jusqu’à proposer, avec le soutien de la France, de constituer des réserves céréalières stratégiques pour faire face aux aléas, sur le modèle de ce qui se fait avec les stocks de pétrole.
L’Union européenne envisage de lever temporairement ses droits de douane sur les importations de céréales pour faire face aux difficultés d’approvisionnement et à la flambée des prix, qui se répercute sur les produits de base comme le pain, les pâtes ou le lait.
La commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, « va proposer la suspension (des droits de douane) »...