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Rappel Made in Lebanon ? Une seule et unique fois. À la moitié plus un !

Berry, le contradicteur contradictoire, place la présidentielle sous le label made in Lebanon. Tout en palabrant intensivement avec Feltman, Cousseran, Émié puis Parant, avec Pedersen, Moussa, Khoja, Chibani l’Iranien et tutti quanti ! Sans parler, soyons pudiques, des délégations dépêchées à Damas. Ou encore des retentissantes visites à Khamenei. Disons, pour être honnête, que l’arrangement général de base renvoie à la formule du tiers de blocage. C’est-à-dire que les Libanais sont autorisés à se choisir un président. Sous réserve de veto de la part de l’un ou l’autre des joueurs-jouteurs étrangers. En fait, jamais l’échéance libanaise n’a été aussi internationalisée. Jamais l’ONU ni même la Ligue ne s’y sont intéressées, par le passé, au point de lui consacrer résolutions et recommandations pressantes. Pour les éditions précédentes, il y avait tout au plus deux ou trois grands électeurs étrangers. Parfois opposés, parfois d’accord. Rapide travelling rétrospectif : en 43, c’était Londres contre Paris. Bis repetita, mais à dose réduite en 52, épilogue du match Bloc national-Destour. En 58, c’était Washington et Nasser. Ce dernier tout seul en 64, via sa florissante ambassade beyrouthine. En 76, les Américains et les Syriens avec la bénédiction des Saoudiens. En 82, le pays était sous invasion israélienne. En 88-89, après un essai syro-américain avorté, Taëf, avec intronisation américano-syro-saoudienne. Enfin, Lahoud, sous tutelle syrienne. Brèche À ce défilé d’intrusions déterminantes, une exception : l’avènement de Frangié en 70. Les Palestiniens, que Hussein de Jordanie finissait de liquider chez lui, n’avaient pas encore voix au chapitre ici. Damas en proie à des luttes de pouvoir, et qui effaçait encore les séquelles de son union avec Nasser, avait d’autres chats à fouetter. Les Libanais, hasard-trêve du calendrier historique, étaient pour une fois laissés à eux-mêmes. Comme Richard Murphy, ô paradoxe des paradoxes, devait les en menacer en 88. Et ils s’en tiraient bien. Le plus démocratiquement du monde même, puisque le candidat du centre, soutenu par le Helf, l’emportait sur Sarkis son rival, représentant du Nahj, par une seule voix de différence. Pour le temps présent, tout à fait dramatique, l’assassinat, utilisé a posteriori avec Béchir Gemayel et René Moawad, s’inscrit a priori comme sinistre électeur. Cependant, le problème du copartage du choix final entre l’intérieur et l’extérieur est si simple qu’il en devient insoluble. Parce que les Libanais, plus exactement les deux camps politiques en présence, ne veulent tout simplement pas être laissés à eux-mêmes ! Les uns, objectivement les premiers fautifs, se réclament du tandem syro-iranien. Les autres s’appuient sur l’ONU, Washington, l’UE et Paris. Décantation Or au-dehors, la lutte des axes se trouve actuellement en phase de flottement. Entre l’arrangement global et la confrontation irréversible. Armée, le cas échéant. Et que nombre de spécialistes pessimistes fixent à l’automne de l’an 2008. En prenant en compte les préparatifs israéliens. Ainsi que les effets de la prochaine conférence sur le conflit arabo-israélien et la présidentielle US. Les optimistes de leur côté soulignent qu’après les engagements lénifiants d’Ahmadinejad à New York, après les précisions rassurantes de Washington comme après les rectifications de tir de Sarkozy, on va plutôt vers un accord. Ils ajoutent que la scène libanaise en est un indice probant. À leur sens, en effet, l’initiative Berry est manifestement le fruit d’un consensus extérieur global, concocté par les Français. Repris et dynamisé par l’Iran. Ce qui explique que Damas laisse faire. Pour le moment. Mais en gardant quand même en main quelques peaux de banane, pour accidenter le processus. À tout moment, dans les deux mois qui courent. Et c’est bien pourquoi Berry pose lui-même des limites, voire des entraves, à sa propre initiative. D’abord en exigeant non seulement le quorum des deux tiers, mais aussi le choix d’un président de compromis, sous-entendu agréé par Damas. Ensuite, pour mieux couper les cheveux en quatre, en déniant tout droit d’élection à la Chambre souveraine. Qu’il n’a d’ailleurs pas hésité, on le sait, à spolier de ses pouvoirs démocratiques, conférés par le peuple souverain, pendant un an et demi ! On objectera que c’est là faire un bien mauvais procès à un homme qui se pose en médiateur-conciliateur et qui se met en quatre pour parer le double danger de vide institutionnel et de partition politique. Oui, il y a beaucoup de vrai là-dedans. Mais, redisons-le, pour le moment et pour le moment seulement. Et sous stricte condition d’une confirmation de l’aval syrien. Astuce Car le piège, comme le diable, est dans les détails. Regardons-y de plus près : Berry s’obstine à soutenir que dans la période fatidique des dix derniers jours, la Chambre n’a pas le droit de se réunir en tant que collège électoral, s’il l’a convoquée à cet effet ! Une bien drôle de contradiction. Un peu semblable à l’attitude de la formation aouniste concernant la partielle du Metn. Abordée sous le prétexte initial, vite oublié, de la faire invalider ! Mais revenons à nos moutons, éventuellement tondus. Côté élection, la Constitution en fait une obligation absolue. Au point d’ordonner à la Chambre (art. 73 C) de se réunir d’office à cette fin, le dixième jour précédant le terme de la magistrature présidentielle. Si elle ne s’est pas encore acquittée de cette mission nationale capitale. Pour cause de non-convocation. Il s’agit donc de pallier une défaillance, voulue ou non, de la présidence de l’Assemblée. Or Berry retourne la Loi contre elle-même. En affirmant que la majorité n’est pas autorisée à élire seule un président, tant que lui-même continue à lancer des convocations que le reste de l’Assemblée (torpilleur damasquiné) laisse sans suite. Parallèlement, cette histoire d’élection à la majorité de la moitié plus un est-elle vraiment anticonstitutionnelle, comme l’opposition le prétend ? Pas du tout : l’article 49 C est on ne peut plus clair. Les deux tiers sont requis pour le premier tour du scrutin. Pour les tours suivants, la majorité absolue, c’est-à-dire simple, suffit. Tout comme elle suffit (art.34 C) pour que la Chambre se réunisse légalement. Au besoin d’office. Ou mieux encore, de plein droit, comme c’est inscrit en toutes lettres à l’article 73. Jean ISSA
Berry, le contradicteur contradictoire, place la présidentielle sous le label made in Lebanon. Tout en palabrant intensivement avec Feltman, Cousseran, Émié puis Parant, avec Pedersen, Moussa, Khoja, Chibani l’Iranien et tutti quanti ! Sans parler, soyons pudiques, des délégations dépêchées à Damas. Ou encore des retentissantes visites à Khamenei. Disons, pour être...