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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - De la guerre de juillet 2006 à celle de Nahr el-Bared, elle couvre tous les fronts chauds en direct sur la LBCI Mona Saliba : profession reporter Carla HENOUD

Sa présence devenue familière, voire amicale, les jours difficiles, et ils sont nombreux, ses propos clairs et précis, sa rigueur, enfin, ont fait d’elle une des journalistes télévisée préférée des Libanais. Elle est entrée de plain-pied dans « l’action » et en direct, lors de la fameuse et non moins funeste « guerre divine ». Une expérience éprouvante mais « passionnante », dit-elle... Lorsqu’elle arrive dans ce café de la ville, même si elle a laissé au vestiaire sa « tenue de travail », troquée contre une robe qui lui va bien, tout le monde la reconnaît, la salue, la remercie pour son travail bien fait et les risques qu’elle prend. Il n’y a pas de doute, Mona Saliba est aimée par tous. « Vous allez mieux ? » lui demande-t-on. Après avoir attrapé une méningite, probablement à Nahr el-Bared, passé cinq jours à l’hôpital et le double à la maison, la journaliste revient sur nos écrans avec un plaisir intact et une grande impatience. Réputée pour son courage et sa neutralité, à la fois crainte pour sa franchise et appréciée pour son professionnalisme, Mona Saliba réunit en elle les qualités d’un vrai journaliste, la féminité et le sourire en plus. « L’intégrité et la précision sont essentiels dans notre métier, souligne-t-elle. Les journalistes libres deviennent de plus en plus rares. » Liberté chérie, et témoignages exclusifs sur le terrain, « là où les choses se passent et au moment même où elles ont lieu », sont les deux mots d’ordre de cette jeune femme qui vit dangereusement et apprécie cette poussée d’adrénaline au cœur de l’action. « Je déteste la manière dont la politique se pratique dans notre pays. C’est un défi de faire son métier dans un milieu peuplé de mensonges. Et un défi différent de travailler en période de guerre, bravant tous les dangers. » La soif du terrain Avec un diplôme de journalisme obtenu à l’Université libanaise et un DESS en information et communication à l’USJ, avec un penchant pour l’image et les mots, le caractère à la fois serein et décidé, Mona Saliba a intégré la chaîne télévisée al-Hayat LBC en 2003, avant de rejoindre l’équipe de la LBCI. « La télévision m’a toujours interpellée. Ce domaine que je considère complet car il réunit le son, l’image, l’information et le texte. » Informer, le plus vite et le plus efficacement, mais aussi mettre en images l’événement. « Je suis avec le cadreur au moment de filmer, puis au montage. » Attentive à chaque bruit et chaque détail, elle tient à ne jamais « tuer l’image et réussir à retranscrire l’ambiance et l’émotion. Je joue avec plaisir le rôle de réalisateur », poursuit-elle. La guerre de juillet l’a surprise dans sa routine professionnelle et a bousculé un confort dont elle ne voulait pas vraiment. Un baptême de feu en somme. Partie au premier jour pour couvrir l’histoire de l’enlèvement des deux soldats israéliens, elle se retrouve au cœur d’une guerre brusquement annoncée. « Je n’avais pas d’habits, je ne connaissais pas la région. La nuit commençait à tomber, mais je ne voulais plus repartir. Outre le défi à relever, j’ai senti que j’avais une responsabilité énorme. » La peur, durant ces trente-trois jours, « pas le temps d’y penser alors », la famille inquiète, « j’ai été très égoïste, je pensais surtout à mon travail », le danger frôlé, « je priais et promettais à Dieu que je ne le répèterais plus ! » faisaient partie de son quotidien. À son retour, épuisée, ses larmes la surprennent. « Fatigue, dépression, bonheur ? Je ne savais plus. On ne revient pas de cette guerre-là intact, précise-t-elle. Professionnellement et personnellement. L’échelle des valeurs n’est plus la même, On devient plus pointilleux dans le travail et l’on observe la vie avec un regard différent. » L’image qu’elle a ramenée avec elle, et à laquelle elle repense avec la même violente tristesse, est celle d’un petit garçon qui enlaçait dans ses bras une marmite contenant des restes de nourriture. « Plus que les cadavres, c’est son regard qui me hante encore. » Nahr el-Bared Puis vint le retour au confort et au réconfort d’une vie « normale ». Les reportages politiques et sociaux ont alors remplacé  le terrain, les attentats se sont, malheureusement, substitués à la guerre. Puis vint la bataille de Nahr el-Bared. « J’y suis allée la deuxième semaine. La configuration sur place était très différente du Sud. Je connaissais très bien le camp, pour y avoir couvert de nombreux reportages, mais il était hermétiquement fermé aux journalistes. Le travail devait se faire de l’extérieur, sans aucun accès aux images, aux événements et aux informations. Je devais, et ce n’était pas du tout évident, obtenir des renseignements vrais, et pouvoir, rapidement, faire une analyse complète, sans exagération, sans omission et sans erreurs. » Mona retrouve des conditions de vie difficiles, nuits presque blanches, douche chez l’habitant, mais surtout la passion d’un métier qui l’a totalement contaminé. « Le plus important est de réussir à travailler objectivement et non émotionnellement. » Après une absence de deux semaines, la jeune reporter a repris sa place sur les écrans de la LBCI. L’attentat de Sin el-Fil l’a remise, très vite, dans le cadre cruel d’une actualité sanglante. Elle était là, comme toujours, et à sa manière, aimable et professionnelle.
Sa présence devenue familière, voire amicale, les jours difficiles, et ils sont nombreux, ses propos clairs et précis, sa rigueur, enfin, ont fait d’elle une des journalistes télévisée préférée des Libanais. Elle est entrée de plain-pied dans « l’action » et en direct, lors de la fameuse et non moins funeste « guerre divine ». Une expérience éprouvante mais...