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Actualités - OPINION

La loi est dure, mais c’est la loi

Dura lex, sed lex. Côté casseroles, Estrada en sait quelque chose. L’ancien président philippin vient d’écoper de la perpétuité, pour avoir raflé à peu près 90 millions de dollars en 30 mois de pouvoir. Trois millions par mois, joli salaire. Tel est pris qui croyait prendre en somme (rondelette). Des gros et des petits malins qui se sont fait pincer, il y en a des milliers et des milliers de par le monde. Et plus que jamais : partout, en Asie, en Europe, en Afrique, en Amérique, l’on n’entend plus parler que de cabinets renversés, ou de remaniements ministériels en cascade suite à des scandales financiers. Les épurations, les Mani pulite, modifient parfois, comme en Italie, les rapports de force internes. Mais ne changent finalement rien, ou presque, à la pourriture, cet aliment de base de la politique politicienne, reine des nations. Moteur sous-estimé de l’histoire. Ici même, Carlos Eddé, l’inlassable, l’inattaquable matraqueur des fausses vertus, demande des comptes, rétrospectifs, à celui-là même qui fait de la propreté l’un de ses fonds de commerce. À tort, à raison ? Tout est question d’angle, de point de vue. En tout cas, il serait intéressant de voir comment un président rassembleur, en même temps épris d’hygiène publique, pourrait traiter avec ce corps massif, ce corps entier, ce corps innombrable, unanime qu’est à ses yeux la classe politique vendue. Chehab, l’exemplaire unique, du reste lui-même bien mal entouré, s’y était cassé les dents et avait renoncé. Analogie Mais aujourd’hui cet important dossier de la corruption, en quel État j’erre, est relégué sur l’étagère. Par la force de la crise ambiante. Son seul intérêt actuel est d’ordre pour ainsi dire académique, pédagogique. Dans ce sens que, comme en justice dont ce domaine relève, il y a en politique le pénal et le civil. Dont les effets, pour de mêmes causes, ne se confondent pas toujours. L’actualité vient nous le rappeler à travers le cas d’O.J. Simpson qui vient d’être (ré)arrêté pour vol à main armée. En 1995, cet ancien footballeur-vedette, recyclé en acteur, avait été acquitté, au pénal, du meurtre de sa femme et de l’amant de la dame. Cela tout en se voyant condamné, au civil, à 33,5 millions de dollars de dommages et intérêts. Une contradiction que l’on retrouve chez nous au niveau du système de vie publique. À savoir que la Constitution écrite et les règlements qui en découlent, (équivalant au pénal), édictent que le pouvoir est dévolu au parti, ou à la coalition, qui réunit le plus de voix au Parlement. Alors que le pacte non écrit (le civil) commande, au nom de la coexistence-cohésion nationale, une démocratie du consensus, et non du nombre. Étant bien entendu que le terme de démocratie, gouvernement du peuple par le peuple, ne peut être pris que dans un sens tout à fait approximatif. Choc Ordinairement, les deux préceptes, contradictoires, se diluent dans un troisième, hybride, souvent contestable mais toujours commode : le bazar. On arrange gentiment les choses entre gens de bonne compagnie. On fait taire les cris et les grincements de dents, quand il s’en produit, avec des tranquillisants, des lots de consolation. Bref, on levantine à tout va. Mais en temps de crise, et là on y est en plein, le texte et le tacite, le pénal et le civil, s’entrechoquent brutalement. En servant à tour de rôle, on ne s’en étonnera pas, d’arme d’attaque ou de défense, aux parties en présence. Ainsi, ironique retournement des rôles ou des avantages, on entend ceux qui sont le mieux pourvus démographiquement, qui ont pour eux les multitudes prolifiques, protester contre la tyrannie du nombre ! Tout en exigeant, ils n’en sont pas à une singularité près, les deux tiers. Il faut vite souligner, cependant, que dans un pays composite formé de minorités, le consensus national, le fond, prime vitalement les arrangements techniques, la forme, mis sur papier vélin constitutionnel. La chanson, non le chanteur. Le pacte et non cette traduction incomplète, imparfaite, qu’est la Constitution. Qui offre toutefois l’avantage d’apporter un cadre concret, pour arbitrer, le cas échéant, choix et conflits. C’est là un point tout à fait essentiel. Même si le corsetage local se trouve largement faussé, tronqué, incohérent, au titre d’un ajustement juridique, par rapport aux normes démocratiques retenues ailleurs. En d’autres termes, en cas de désaccord sur la présidentielle, il faudra bien que quelqu’un, quelque part, décide. Pour que le Liban n’aille pas à la dérive, au chaos. En réglant le fond par la forme. Par la loi, qui est là pour ça. Et qui édicte (art 49 C) : Le président de la République est élu au scrutin secret à la majorité des deux tiers des membres composant l’Assemblée nationale. Après le premier tour de scrutin, la majorité absolue suffit. Ce n’est pas autre chose que Terjé Roed-Larsen dit, quand il souligne qu’en définitive il faudra bien un président, même à la majorité de la moitié plus un. Ce n’est pas autre chose, non plus, que pensent la France, le Vatican, l’Europe et les Arabes modérés. Voire l’Iran. Une pression internationale tout à fait énorme. D’où l’on comprend que si fait accompli il devait y avoir, ce qui serait quand même malheureux et dommageable, si le Liban devait se doter d’un président partiellement ou partialement élu par la simple majorité, l’opposition ne pourrait, ne devrait, que s’incliner. C’est ce que laissent entendre, d’ailleurs, de clairs propos tenus par des cadres du Hezbollah, dont Mohammad Raad. Mais alors, le deuxième président, le deuxième gouvernement, le deuxième Parlement ? Du vent d’intimidation, selon un critique littéraire spécialiste des moulins. Et de Don Quichotte le présidentiable. Jean ISSA
Dura lex, sed lex. Côté casseroles, Estrada en sait quelque chose. L’ancien président philippin vient d’écoper de la perpétuité, pour avoir raflé à peu près 90 millions de dollars en 30 mois de pouvoir. Trois millions par mois, joli salaire. Tel est pris qui croyait prendre en somme (rondelette). Des gros et des petits malins qui se sont fait pincer, il y en a des milliers...