Du massage anticellulite aux implants mammaires... La chirurgie esthétique espagnole veut opérer le monde

Du massage anticellulite aux implants mammaires, le groupe espagnol Corporacion Dermoestetica vante un « service intégral » de médecine esthétique dont il se veut le leader en Europe avec 87 cliniques. Une success story du bistouri, avec quelques zones d’ombre. Les halls d’entrée sont spectaculaires, les salles d’opération immaculées, le personnel souriant. Corporacion Dermoestetica compte 49 cliniques en Espagne, 17 en Italie, 16 en Grande-Bretagne, cinq au Portugal et va ouvrir un premier centre à Mexico en 2008. L’ascension de la petite entreprise fondée en 1979 dans la région de Valence (Est), aujourd’hui cotée à la Bourse de Madrid, semble imparable. «Ce qui nous différencie », c’est « un grand éventail de traitements, de la chirurgie esthétique aux soins contre l’obésité, à l’orthodontie ou à la chirurgie pour la myopie », explique à l’AFP Javier Plana, président adjoint de Corporacion Dermoestetica. En Espagne, grâce au climat, « les gens peuvent aller à la plage la moitié de l’année et se soucient logiquement de leur apparence physique », affirme Javier Plana, soulignant que Corporacion Dermoestetica propose un financement jusqu’à sur cinq ans. Aujourd’hui, les Espagnols sont les Européens les plus demandeurs de chirurgie esthétique et parmi les premiers au monde, derrière le Brésil, le Venezuela ou les États-Unis, selon l’Association espagnole de chirurgie esthétique (Secpre). Quelque 400 000 opérations de chirurgie esthétique ont été réalisées en 2006 en Espagne. Les clients dépensent en moyenne 2 000 euros par intervention, de 600 euros pour une injection de botox à 12 000 euros pour un lifting complet, selon cet organisme. Depuis janvier 2007, la chirurgie esthétique est même prise en compte dans le calcul de l’inflation espagnole. Et la manne de clients est loin d’être épuisée. Car « en cinq ans, la proportion de clients hommes est passée de 10 à 30 % », souligne M. Plana. Chez les femmes, les implants mammaires, les liposuccions et la chirurgie du nez sont les interventions les plus demandées. Les hommes penchent pour l’épilation longue durée du torse et du dos et, de plus en plus, « pour les techniques de rajeunissement, comme le botox ». En 2006, le groupe est passé dans le vert avec un bénéfice net de 0,7 million d’euros après une perte nette de 3,7 millions d’euros en 2005. Son chiffre d’affaires a progressé de 23 % à 132,6 millions d’euros. À long terme, le groupe n’écarte pas de s’implanter dans d’autres pays. « La France est un pays très intéressant, avec un niveau de vie élevé », souligne M. Plana. Mais dans un secteur à l’image parfois controversée, Corporacion Dermoestetica a aussi enregistré quelques couacs. Lorsqu’en juillet 2005 une cinquantaine de mannequins déguisées en infirmières en minijupes avaient posé parmi les « traders » pour l’introduction en Bourse du groupe, les infirmières avaient aussitôt dénoncé « l’utilisation provocatrice et sexiste de leur profession ». L’association de consommateurs Facua avait qualifié la mise en scène « d’atteinte à la dignité des femmes ». Plus récemment, un ex-chirurgien de Corporacion Dermoestetica a porté plainte à Valence, dénonçant l’implantation sur plusieurs clientes de prothèses mammaires de moins bonne qualité que celui qu’elles avaient demandé. Ces accusations ont été « catégoriquement démenties » par la direction, qui parle d’« un acte de vengeance » de son ancien chirurgien. « Toutes nos prothèses » sont « d’une qualité maximum », sinon « elles ne pourraient pas être commercialisées en Espagne », répond l’entreprise. Après enquête, le parquet de Valence (Est) a quand même conclu à l’existence d’un possible délit d’escroquerie et a transmis le dossier à un juge d’instruction qui a engagé des poursuites.