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Les ateliers de moulage de la RMN, conservatoire mondial de sculptures

De la Victoire de Samothrace, visible au Louvre, au Shiva dansant du musée Guimet, les ateliers d’art de la RMN (Réunion des musées nationaux) moulent depuis deux siècles les sculptures du monde entier, au point d’en constituer un minirépertoire. Installés depuis 1997 à la Plaine-Saint-Denis, ces ateliers de reproduction de sculptures pour musées, particuliers ou collectivités, ont ouvert pour la première fois, hier dimanche, au public dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Pendant toute la journée, « mouleurs » chargés des prises d’empreinte des œuvres et de la réalisation des moules, et « patineurs », illusionnistes de la couleur capables de transformer une forme en plâtre en œuvre de bois polychrome, marbre ou terre vernissée, ont présenté leur savoir-faire. Qu’ils aient servi à des reproductions miniatures vendues quelques dizaines d’euros dans les boutiques des musées français ou à des commandes sur mesure pouvant atteindre des centaines de milliers d’euros, tous les moules fabriqués depuis 1794 par les ateliers (anciennement appelés Atelier de moulage du Louvre) sont conservés dans le long bâtiment rouge moderne de Saint-Denis. Les réserves ne seront pas ouvertes aux visites. Chaque année, de nouveaux moulages réalisés sur commande complètent le catalogue riche déjà de 4 000 œuvres sculptées depuis la préhistoire. La balade dans les réserves est une plongée insolite dans l’histoire de la sculpture mondiale. Des copies, des moules de plâtre et de silicone d’œuvres de l’Antiquité égyptienne et romaine, du Moyen Âge français, de l’art océanien, etc. sont alignées sur des milliers de m2. À sa création, l’Atelier de moulage fournissait des copies de chefs-d’œuvre de l’époque antique aux musées français et écoles des Beaux-Arts. Aujourd’hui, sa vocation s’est élargie pour répondre à un souci de sauvegarde du patrimoine. Pour les villes et propriétaires de châteaux, installer une copie, en extérieur notamment, est souvent le meilleur moyen de préserver l’original de l’usure du temps, des dégradations volontaires et des vols. « Visuellement rien n’est changé, et l’œuvre est protégée », « des originaux de pièces moulées avant 1914 n’existent plus aujourd’hui. Ne restent que les moules », témoigne Yann Jurez, chargé de la commercialisation aux ateliers. Ainsi, le bas-relief de la Fontaine des Innocents à Paris, admiré chaque année par des milliers de badauds, est une copie sortie des ateliers. L’original, lui, est conservé au musée du Louvre. Mis à l’abri, comme Le P’tit Quinquin à Lille. Des musées passent aussi commande pour disposer de copies destinées à être palpées par les visiteurs non voyants. Les reproductions sont parfois si fidèles que même professionnels et voleurs s’y font prendre : les copies des Anges de Sodomon, en bois polychromé et doré, ont été dérobées dans leur église près d’Arras. « On a aussi déjà vu des conservateurs ne plus savoir quel était l’original », s’amuse Hélène Santrot, 58 ans dont 20 passés comme « patineur » aux ateliers. Sylvie HUSSON (AFP)
De la Victoire de Samothrace, visible au Louvre, au Shiva dansant du musée Guimet, les ateliers d’art de la RMN (Réunion des musées nationaux) moulent depuis deux siècles les sculptures du monde entier, au point d’en constituer un minirépertoire.
Installés depuis 1997 à la Plaine-Saint-Denis, ces ateliers de reproduction de sculptures pour musées, particuliers ou collectivités, ont...