Roberto Alagna : « Marius, un personnage qui m’a fait rêver »

Le ténor français Roberto Alagna tient à l’Opéra de Marseille le rôle de Marius dans la création lyrique composée par Vladimir Cosma, « Marius et Fanny », un personnage à la recherche « d’un ailleurs » et qui l’a « fait rêver » dans sa jeunesse. Question : En quoi le projet de création de cet opéra vous a-t-il séduit ? Réponse : « J’en avais entendu parler par mon frère. Il m’a dit : “il y a un Marius qui est en train de se monter, je pense que ce serait bien avec toi”. J’ai appelé Mme Auphan (directrice de l’Opéra de Marseille, NDLR) et lui ai dit que j’étais intéressé par le projet. Ce qui m’intéressait, c’était le personnage car il m’avait fait rêver et qu’il fait partie de notre culture et de notre patrimoine français. Pagnol, ce sont des histoires d’une simplicité confondante mais en même temps touchante car justement, elles peuvent arriver à tout le monde et partout. Ce qui me touche dans le personnage de Marius, c’est qu’il a envie d’un ailleurs, et moi, j’ai eu envie de cela quand j’étais gamin, la preuve, c’est que je suis devenu un artiste. C’était ça mon ailleurs, lui, c’est la mer, le voyage. Moi, mon voyage, c’était l’opéra, la musique, cette fameuse grande musique, aller dans ce monde de rêve et en même temps complètement hostile à ma condition. » Q : Entre monter une création et se préparer pour une œuvre du répertoire, qu’est-ce qui change ? R : « La seule différence, c’est qu’on n’a pas de points de repère. D’habitude, quand on fait un opéra, on peut toujours se plonger dans les enregistrements qui vont déjà donner une clé, la clé de l’énigme que représente chaque opéra. Il faut adapter sa voix, trouver la clé pour pouvoir interpréter et tenir du début à la fin, c’est ça la difficulté. Avec une création, ce qui est intéressant, c’est que le projet naît de vous-même. C’est nous qui allons être la référence, on ouvre la voie et ensuite, chacun adaptera à sa façon. J’aime assez même si, honnêtement, c’est très fatigant, très éprouvant. » Q : Comment appréhendez-vous le fait de chanter pour la première fois à Marseille ? R : « Je suis ravi. Pendant longtemps, on a cru que j’étais de Marseille, je ne sais pas pourquoi, peut-être en raison de mon tempérament. Maintenant, j’y suis. Je me sens bien ici. D’ailleurs, j’ai l’impression que les gens me connaissent depuis longtemps ici alors que je ne suis jamais venu. En plus, faire cette œuvre, ici à Marseille, c’est formidable et assez symbolique. »