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Actualités - CHRONOLOGIE

Le futur accord entre Musharraf et Bhutto vise à couper l’herbe sous le pied de l’ex-Premier ministre, estiment les experts Le retour de Nawaz Sharif exacerbe la lutte pour le pouvoir au Pakistan

En annonçant son retour au Pakistan, l’ex-Premier ministre en exil Nawaz Sharif a fait monter les enchères à l’approche des élections, dans une lutte acharnée pour le pouvoir qui l’oppose à sa rivale des années 90 également exilée Benazir Bhutto et au président Pervez Musharraf. M. Sharif, renversé en 1999 puis contraint à l’exil par un coup d’État en douceur du général Musharraf, a déclaré jeudi à Londres qu’il rentrerait au pays le 10 septembre. Son retour a été autorisé le 23 juillet par la Cour suprême, celle-ci ayant jugé illégal un accord en 2000 avec le régime de M. Musharraf, qui lui avait imposé le choix entre l’exil et la prison à vie pour détournements de fonds. Le temps presse pour M. Sharif car ses deux rivaux sont en passe de conclure un accord de partage du pouvoir, M. Musharraf conservant la présidence grâce au soutien de l’influent parti de Mme Bhutto, cette dernière, également sous le coup de poursuites pour corruption, obtenant en échange leur abandon et le poste de Premier ministre. Le conservateur Sharif et la progressiste Bhutto ont dominé la vie politique des années 1990, alternant à la tête de gouvernements éclaboussés par des affaires de corruption. Mais le retour du premier vient maintenant bouleverser les plans de la seconde, tout comme les espoirs de M. Musharraf, déjà très contesté dans la rue, de se maintenir à la présidence de la République islamique du Pakistan, une puissance nucléaire de 160 millions d’âmes. « Saboter le plan de Musharraf et Bhutto est la dernière chance pour Sharif de revenir sur la scène politique, sa stratégie est parfaite, mais, en contrepartie, la crise politique va s’aggraver rapidement », prédit à l’AFP Najam Sethi, éditorialiste politique au quotidien Daily Times. Mais cette crise, qui se traduit par des manifestations anti-Musharraf de plus en plus virulentes, risque aussi d’avoir des répercussions internationales inquiétantes : Washington soutient de manière à peine voilée, voire organise, le futur partage du pouvoir entre Musharraf, son allié-clé dans sa « guerre contre le terrorisme », et Mme Bhutto, qui jouit de la confiance des Américains. Et l’Administration Bush parie sur un tandem Musharraf-Bhutto pour que le Pakistan continue à tenter de faire barrage à la montée de l’islamisme radical en provenance de ses voisins afghan et iranien. M. Sharif, qui avait essayé d’introduire la charia, la loi islamique, au Pakistan, n’avait de cesse, comme Premier ministre, d’essayer d’obtenir des autorités religieuses le titre de « commandeur des croyants ». « Il est toujours perçu comme un sympathisant des fondamentalistes », assure Hasan Askari, ancien doyen de la faculté de sciences politiques de l’université de Lahore. Pour M. Musharraf, la situation se complique : selon Rasool Baksh Raïs, professeur à l’université de Lahore, une partie grandissante de sa formation, la Ligue musulmane du Pakistan (PML), menace de se rebeller s’il accepte certaines conditions posées par Mme Bhutto et qui lui feraient perdre une partie de ses prérogatives au profit du Premier ministre. Les analystes politiques estiment à l’unisson qu’il n’y a pas d’autres moyens pour M. Musharraf de se maintenir au pouvoir que de le partager avec Mme Bhutto, mais cela lui impose, selon eux, de « régler le problème Sharif », au risque d’une action illégale et impopulaire. La présidentielle, qui se déroule au Parlement, est prévue pour septembre ou octobre, les législatives avant la fin de l’année ou début 2008.

En annonçant son retour au Pakistan, l’ex-Premier ministre en exil Nawaz Sharif a fait monter les enchères à l’approche des élections, dans une lutte acharnée pour le pouvoir qui l’oppose à sa rivale des années 90 également exilée Benazir Bhutto et au président Pervez Musharraf.
M. Sharif, renversé en 1999 puis contraint à l’exil par un coup d’État en douceur...