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Actualités - CHRONOLOGIE

Libye - Kadhafi reste une ligne rouge, même pour les plus téméraires Les premiers médias non gouvernementaux s’essayent à la critique

Des médias non gouvernementaux, apparus en Libye cet été pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Mouammar Kadhafi le 1er septembre 1969, s’essayent à la critique, tout en soulignant que le « guide » demeure la ligne rouge à ne pas franchir. Rompant avec la couleur verte qui distingue les journaux officiels, les nouveaux quotidiens Oéa et Cyrene, respectivement les anciens noms grecs des villes de Tripoli et de Benghazi (est de la Libye), adoptent la couleur bleue et une mise en page attrayante pour souligner d’emblée leur différence. Propriété de la société al-Ghad (demain) qui vient de lancer en août la première chaîne de télévision privée – al-Libiya –, les deux quotidiens ont dès leurs premiers numéros critiqué des membres de gouvernement, évoquant des dossiers jusqu’ici tabous. Le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi a été le premier à en faire les frais. Critiqué pour un projet d’aménagement de Tripoli, Oéa lui a reproché d’avoir défiguré la capitale en ordonnant la démolition de bâtiments sans prévoir leur reconstruction. Cyrene est allé plus loin en ouvrant le dossier des opposants libyens exilés à l’étranger. Dans un éditorial, le journal estime que ces Libyens avaient quitté leur pays après avoir eu « un sentiment d’injustice politique ou économique », appelant les autorités à favoriser leur retour. Créée par de jeunes écrivains et de journalistes sous l’impulsion du fils du colonel Kadhafi, Seif al-Islam, al-Ghad veut opérer un « renouveau » dans le paysage médiatique en Libye, dominé depuis près de 40 ans par l’Office général libyen de la presse. Trois quotidiens dépendant de cet organisme public – al-Fajr al-jedid, al-Jamahiriya et ach-Chams – paraissent en Libye. Un quatrième quotidien, al-Zahf al-akdhar est publié par les comités révolutionnaires, colonne dorsale du régime de Kadhafi qui interdit la parution de médias privés. Le Livre vert, condensé de la pensée politique du « guide », stipule que « la presse est un moyen d’expression de la société, et non le moyen d’expression d’une personne physique ou morale (...) ». « Nous comptons donner une nouvelle image de la presse libyenne. Les médias ne doivent pas se contenter de rapporter les informations, mais aider les organismes de l’État à combattre la corruption », souligne le directeur d’al-Ghad, Mohammad Boussifi. M. Boussifi affirme être « prêt à pousser la critique le plus loin possible », mais sans franchir « la ligne rouge du leader » Mouammar Kadhafi, tient-il à préciser. Société d’impression, d’édition et de distribution, al-Ghad a signé également des contrats avec des maisons d’édition internationales pour assurer la distribution de publications étrangères « sans censure », ajoute-t-il, précisant que sa société avait installé 200 kiosques à journaux à Tripoli et à Benghazi pour assurer une meilleure distribution. Béchir Belaou, le directeur de la chaîne a@l-Libiya, promet également que la nouvelle télévision offrira « une grande marge de liberté et de critique ». « La programmation de la chaîne au cours du mois de ramadan sera déterminante pour souligner notre différence par rapport aux canaux officiels », ajoute-t-il. Seif al-Islam avait provoqué un tollé en déclarant en 2006 que les journaux libyens étaient « fades » et que « personne le les lisait », appelant à « libérer les médias de l’emprise de l’État ». Récemment, en donnant les grandes lignes d’un projet de Constitution, il a plaidé pour une « société dotée de médias indépendants pour mettre en exergue la corruption et la fraude ».

Des médias non gouvernementaux, apparus en Libye cet été pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Mouammar Kadhafi le 1er septembre 1969, s’essayent à la critique, tout en soulignant que le « guide » demeure la ligne rouge à ne pas franchir.

Rompant avec la couleur verte qui distingue les journaux officiels, les nouveaux quotidiens Oéa et Cyrene,...