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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE Chasse aux islamistes en Bosnie : 500 personnes déchues de leur nationalité

Après 18 mois de chasse aux islamistes, lancée sous la pression de la communauté internationale, la Bosnie a dépossédé quelque 500 personnes de leur nationalité bosniaque obtenue de façon irrégulière pendant et après la guerre intercommunautaire de 1992 à 1995. Parmi ces personnes « entre 70 et 100 anciens combattants islamistes de l’unité el-Moudjahid », qui épaulait l’armée des musulmans de Bosnie pendant le conflit, ont été déchus de leur nationalité, explique Vjekoslav Vukovic, chef d’une commission locale de révision de la nationalité. Depuis sa mise en place, en mars 2006, cette commission a analysé quelque 1 300 dossiers suspects, dont 500 ont au total été jugés comme irréguliers, selon M. Vukovic. Dans ces cas, les autorités avaient octroyé la nationalité sans obtenir des documents officiellement requis ou sur la base de documents falsifiés. M. Vukovic explique que trois hommes ayant fait l’objet de cette mesure figuraient sur une liste du Conseil de sécurité de l’ONU de personnes liées à el-Qaëda, tout en refusant de donner davantage d’indications sur les autres concernés. On sait seulement que sur 1 500 dossiers qui doivent au total être réexaminés, environ la moitié concernent des hommes venus en Bosnie de pays islamiques, africains ou asiatiques, pour combattre ou pour travailler dans des organisations humanitaires islamiques. Quelque 500 d’entre eux étaient membres d’el-Moudjahid, unité forte de quelque 1 700 hommes au total, réputés comme particulièrement sanguinaires en raison de crimes horribles qu’ils ont commis durant le conflit. Aux termes de l’accord de paix de Dayton (États-Unis), qui a mis fin à la guerre, tous auraient dû quitter le pays, mais nombreux y sont restés en obtenant la nationalité bosniaque, soit en raison de mérites militaires, soit en se mariant avec des femmes bosniaques. Mais aujourd’hui, la plupart n’habitent plus en Bosnie, selon un haut responsable du ministère bosniaque de la Justice, Izet Nizam. « Ceux qui sont toujours dans le pays seront expulsés lorsqu’ils auront épuisé toute possibilité juridique dans leur tentative d’obtenir le droit à une résidence temporaire ou d’asile politique », explique M. Vukovic. À ce jour, une quinzaine d’hommes concernés, qui dénoncent la violation de leurs droits, ont saisi la justice, qui doit trancher dans les prochains mois sur leur sort. « Notre problème est purement politique et non pas juridique », dit Amad al-Husin, appelé par ses compagnons Abou Hamza, son nom de guerre. D’origine syrienne, cet homme à la longue barbe portée par les musulmans wahhabites, était venu en ex-Yougoslavie dans les années 80 pour étudier la médecine. « Nous sommes venus en Bosnie au début de la guerre pour aider nos frères (musulmans), rien de plus », dit ce père de six enfants, dont trois d’un premier mariage de son épouse bosniaque, veuve de guerre. « Chaque larme versée par mes enfants devra être compensée », martèle son compagnon Aiman Awad, lui aussi d’origine syrienne, en ajoutant qu’il entendait également saisir la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Les autorités de Bosnie, dont environ 40 % des habitants sont musulmans, espèrent que l’expulsion de ces hommes va notamment faciliter aux Bosniaques la procédure d’obtention de visas pour les pays occidentaux. « Lorsque nous aurons achevé ce processus, la Bosnie ne sera plus l’otage d’un petit groupe de personnes dont la présence entache l’image du pays », note M. Vukovic. Amra HADZIOSMANOVIC (AFP)

Après 18 mois de chasse aux islamistes, lancée sous la pression de la communauté internationale, la Bosnie a dépossédé quelque 500 personnes de leur nationalité bosniaque obtenue de façon irrégulière pendant et après la guerre intercommunautaire de 1992 à 1995. Parmi ces personnes « entre 70 et 100 anciens combattants islamistes de l’unité el-Moudjahid », qui...