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Actualités - CHRONOLOGIE

Climat Avis de trop beau temps dans l’Arctique

Jadis situé près de l’équateur, l’archipel du Svalbard n’a pas encore renoué avec des températures tropicales mais, comme dans le reste de l’Arctique, le thermomètre y grimpe deux fois plus vite qu’ailleurs sur la planète, une menace considérable pour son écosystème. Funeste record, la banquise n’a jamais été aussi réduite depuis que l’homme la mesure. Cet été, sa superficie est tombée sous les 5 millions de km2. « Et il reste un mois de fonte en septembre », s’alarme Nalan Koç, responsable du programme sur le climat polaire à l’Institut polaire norvégien. Au Svalbard, territoire norvégien grand comme deux fois la Belgique qui abrite la colonie humaine la plus septentrionale au monde, le changement climatique se voit à l’œil nu : depuis deux ans, la glace a complètement déserté les fjords de la côte ouest, même en hiver. Plus moyen pour les habitants de Longyearbyen, le chef-lieu, de se livrer à des courses de motoneiges sur la glace d’« Isfjorden » – « le fjord de glace » en norvégien – qu’il faudra peut-être un jour rebaptiser. Énorme bloc de blancheur se jetant dans l’eau, le glacier Esmark a, lui, fondu de 3,5 km depuis 1966, un recul dont on ignore toutefois s’il est à mettre sur le compte du réchauffement de la planète ou du cycle normal de vie des glaciers. Situé près de l’équateur il y a 250 millions d’années, le Svalbard est aujourd’hui habitable malgré sa position extrêmement septentrionale grâce au Gulf Stream qui lui apporte un bonus d’une dizaine de degrés. Mais le thermomètre risque de s’emballer. Selon les scientifiques, la température augmentera de 3,5 à 6°C d’ici à la fin du siècle dans l’Arctique, « de deux à trois fois plus que pour l’ensemble de la planète », précise à l’AFP Mme Koç. À l’horizon 2050, la banquise pourrait avoir totalement disparu de la région en été. Cette disparition est une aubaine pour les compagnies pétrolières qui voient s’ouvrir de nouveaux espaces. Selon l’US Geological Survey, l’Arctique recèlerait un quart des réserves d’hydrocarbures restant à découvrir. Une aubaine aussi pour le commerce international qui empruntera de nouvelles routes maritimes plus rapides que celles transitant par les passages de Suez et Panama. Mais c’est aussi une catastrophe pour de nombreuses espèces et, au-delà, pour l’équilibre de l’écosystème dans son ensemble. « Les animaux se sont adaptés au changement climatique dans le passé, mais c’est le rythme auquel le climat change et devrait continuer de changer qui est inquiétant », souligne à l’AFP Kit Kovacs, responsable du programme sur la biodiversité à l’Institut polaire norvégien. Pour les espèces habituées à vivre dans des conditions polaires, « il n’y a nulle part plus au Nord où elles peuvent se réfugier », fait-elle valoir. Avec la banquise, c’est l’habitat du phoque annelé qui va disparaître. Une perspective dramatique pour un mammifère qui ne met jamais les palmes sur la terre ferme. Même constat alarmant pour son prédateur, l’ours polaire, dont la vie est étroitement liée à la glace sur laquelle il chasse et se déplace. Au sortir de sa période d’hibernation, lorsque la banquise s’est prématurément retirée, comme c’est de plus en plus souvent le cas, l’ours peut la rejoindre à la nage, une discipline dans laquelle il excelle. Mais l’exercice est plus compliqué pour les oursons fraîchement nés. Résultat : sauf inversion de la courbe climatique, « l’ours polaire est menacé d’extinction d’ici à 2050 », prévient Mme Kovacs.
Jadis situé près de l’équateur, l’archipel du Svalbard n’a pas encore renoué avec des températures tropicales mais, comme dans le reste de l’Arctique, le thermomètre y grimpe deux fois plus vite qu’ailleurs sur la planète, une menace considérable pour son écosystème. Funeste record, la banquise n’a jamais été aussi réduite depuis que l’homme la mesure. Cet...