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Pour garantir la pérennité de la diversité végétale Une « arche de Noé » verte prend forme au beau milieu de l’Arctique

Dans les entrailles d’une montagne du Grand Nord, une « arche de Noé » verte se dessine, censée garantir la pérennité de la diversité végétale mise en péril par le changement climatique, les catastrophes naturelles et la folie humaine. Au bout d’un petit chemin caillouteux du Svalbard, archipel norvégien de l’Arctique où – paradoxalement – l’on ne cultive rien, des ouvriers achèvent une « chambre forte génétique », énorme congélateur de 5 200 m3 qui accueillera des semences des principales cultures vivrières au monde. « C’est une police d’assurance-vie peu coûteuse », assure l’Américain Cary Fowler, directeur du Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures (FFMDC), à l’origine du projet. Encore à l’état d’excavation en forme de trident percée dans le calcaire et le grès, l’entrepôt pourra conserver dans ses trois chambres fortes et froides jusqu’à 4,5 millions d’échantillons de graines recueillies auprès des centaines de banques de gènes existant sur la planète. Une capacité plus que suffisante pour abriter l’ensemble des semences existantes et à venir. Une fois inauguré le 26 février 2008, le tunnel sera un filet de sécurité pour des établissements vulnérables qui, lorsqu’ils disparaissent, emportent avec eux un patrimoine génétique unique. « Nul besoin qu’un astéroïde s’écrase sur Terre (...) pour que la biodiversité soit mise en danger. Des défaillances techniques, une mauvaise gestion, un typhon : tout cela contribué » à cette précarité, souligne M. Fowler. Déjà, une partie de cette diversité « s’est éteinte comme le tyrannosaure », ajoute-t-il, évoquant la destruction de banques génétiques en Irak et en Afghanistan à cause de la guerre et aux Philippines à cause d’un ouragan. Protégée par des murs en béton armé, une porte blindée, un système de détection de présence et... les ours polaires qui vivent sous ces latitudes extrêmes, la « chambre forte du Jugement dernier » – autre surnom de la banque de gènes du Svalbard – est à une altitude suffisamment élevée pour échapper à la montée prévisible des océans. Ses graines de blé, maïs, avoine et autres cultures agricoles seront stockées à la température constante de -18° C. Dans ces conditions optimales, la semence de sorgho, par exemple, peut être conservée plus de 19 000 ans. En cas de défaillance du système de refroidissement, la température du site demeurera inférieure à -3,5° C grâce au permafrost. L’archipel norvégien, politiquement stable et éloigné des zones d’activité sismique, a été retenu pour son emplacement, « loin des catastrophes naturelles, des conflits, des guerres civiles et de toute cette folie qui a cours dans le monde aujourd’hui », résume M. Fowler. Les échantillons, qui resteront la propriété de leur pays d’origine, seront acheminés dans de petits sachets hermétiques imperforables avec l’aide financière de la Fondation Bill Gates et du gouvernement norvégien. Le milliardaire américain et Oslo ont consacré près de 40 millions de dollars au projet du FFMDC, une organisation parrainée par le Programme alimentaire mondial (PAM) et financée par des fonds publics et privés. « Nous essayons de capturer la diversité non pas entre espèces mais au sein des espèces », reprend M. Fowler. « Si l’on n’a pas une diversité génétique suffisante au sein d’une espèce, celle-ci risque de disparaître. » Il existe environ 120 000 types de riz dans le monde, certains pouvant pousser sous 6 mètres d’eau quand d’autres s’épanouissent dans des conditions semi-arides. « Deux variétés peuvent présenter autant de différences que celles existant entre un teckel et un dogue allemand », explique le directeur du FFMDC. Cette diversité génétique, qui facilite le choix de la bonne espèce au bon moment au bon endroit, pourrait ainsi être une des clés pour résoudre les principaux défis de la planète tels que le changement climatique, la raréfaction de l’eau ou les économies d’énergie.
Dans les entrailles d’une montagne du Grand Nord, une « arche de Noé » verte se dessine, censée garantir la pérennité de la diversité végétale mise en péril par le changement climatique, les catastrophes naturelles et la folie humaine.
Au bout d’un petit chemin caillouteux du Svalbard, archipel norvégien de l’Arctique où – paradoxalement – l’on ne cultive rien, des...